Accueil Actu Monde France

Charles III devant le Sénat français, une première pour un souverain britannique: "Ensemble, notre potentiel est illimité"

Un roi d'Angleterre au Palais du Luxembourg, entouré des statues de Saint-Louis et de Charlemagne: Charles III a reçu l'ovation du Sénat pour un discours "symbolique" dans un bastion de la République française, devant des parlementaires conquis malgré des réticences et quelques places vides.

Après la galerie des Glaces du Château de Versailles mercredi, le souverain britannique n'a pas été dépaysé dans cette ancienne résidence princière et ses dorures, occupée par Marie de Médicis au XVIIe siècle. 

Dans une effusion rarement observée dans cette chambre des territoires - les services du Sénat ont été submergés de demandes d'accréditation -, les quelque 300 sénateurs et députés rassemblés dans l'hémicycle ont poussé une exclamation à l'arrivée de la Bentley royale dans la cour de la présidence, sous une pluie très "british".

Et l'ovation, à l'entrée et à la sortie du roi, a duré plusieurs minutes, malgré quelques sièges restés vides parmi les 348 que compte la salle. 

Les rires ont également été nombreux, lorsque le président du Sénat Gérard Larcher, hôte de cette matinée, a cité Charles de Gaulle confiant à Winston Churchill: "Plus vous progressez en français, et plus vous comprenez mon anglais." 

Idem quand Charles III a "présenté (ses) excuses" pour avoir interrompu la rentrée parlementaire de l'Assemblée, et la campagne des élections sénatoriales de dimanche.

Tous n'ont pas accueilli cette venue avec la même approbation.

"Le 21 septembre n'est pas un jour pour écouter un roi. Il est celui durant lequel on fête l'anniversaire de la République", a écrit sur X (ex-Twitter) le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, en référence à l'abolition de la monarchie par un décret des députés de la Convention le 21 septembre 1792. Le groupe communiste n'a d'ailleurs envoyé qu'un sénateur à ce discours.

Miel et orchidée 

Egalement froissé, le syndicat CGT des collaborateurs parlementaires a regretté d'avoir été prié de rester confiné dans les bureaux pendant la visite royale, une "infantilisation intolérable" selon eux.

Le protocole, néanmoins, concernait tout le monde: même les parlementaires ont dû s'installer très tôt dans l'hémicycle, puis patienter quelques minutes après le discours de Charles III, le temps que la délégation s'en aille. 

La plupart d'entre eux ont d'ailleurs apprécié ce discours hautement symbolique dans la salle des séances, le premier d'un souverain britannique.

"C'est un moment très important, une visite pleine de symboles. Le fait d'avoir tenu à venir au Sénat n'est pas anodin", assure le sénateur Christian Cambon, président de la commission des Affaires étrangères, qui a vu un souverain "comme on l'imaginait: très chaleureux, avec beaucoup de simplicité, qui vous regarde et vous sourit".

Les plus anciens parlementaires étaient déjà là le 6 avril 2004, lorsque la reine Elizabeth II s'était adressée aux représentants des deux chambres depuis la prestigieuse salle des Conférences qui jouxte l'hémicycle, anciennement nommée salle... du Trône.

A l'époque, la reine s'était vu offrir une orchidée "unique" crée dans les serres du jardin du Luxembourg. Jeudi, Charles est reparti avec un pot de miel récolté dans les ruches installées sur place. Rien ne dit s'il contenait de la gelée royale.

Ensemble, notre potentiel est illimité

Le roi Charles III s'est engagé jeudi à "faire tout ce qui est en (son) pouvoir pour renforcer la relation indispensable entre le Royaume-Uni et la France", lors d'un discours devant les parlementaires français au Sénat, au 2e jour de sa visite d'Etat. "Le Royaume-Uni sera toujours un des alliés les plus proches de la France" et "ensemble, notre potentiel est illimité", a-t-il insisté, s'exprimant en français.

Le souverain, aux convictions environnementales affirmées, a proposé jeudi devant le Sénat français que France et Royaume-Uni s'engagent autour d'une "Entente pour la Durabilité" afin de répondre "plus efficacement" à "l'urgence mondiale en matière de climat et de biodiversisté". S'inspirant de l'Entente cordiale, un texte signé en 1904 par les deux pays pour aplanir leurs très fortes divergences de l'époque, le monarque a justifié cette initiative au nom de "l'exemple du passé" afin de "relever les immenses défis du monde qui nous entoure", dans un discours prononcé à la fois en français et en anglais.

Cette déclaration intervient alors que le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé mercredi le report de plusieurs mesures phare de la politique climatique du Royaume-Uni, une décision réprouvée dans les milieux économiques et jusqu'au sein des conservateurs au pouvoir.

Au deuxième jour de sa visite d'Etat, Le roi Charles III s'est plus largement engagé jeudi devant les parlementaires français à "faire tout ce qui est en (son) pouvoir pour renforcer la relation indispensable entre le Royaume-Uni et la France". 

Le roi Charles III a également assuré jeudi de la "détermination inébranlable" du Royaume-Uni et de la France à voir l'Ukraine "triompher". Le monarque a également souligné le soutien de Paris et Londres à Kiev face à l"agression injustifiée sur notre Continent" de l'Ukraine par la Russie.

 

 


 

À lire aussi

Sélectionné pour vous