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De retour dans la rue jeudi pour une douzième journée de manifestations contre la réforme des retraites, les opposants étaient nettement moins nombreux mais toujours déterminés à poursuivre le mouvement à la veille de la décision cruciale du Conseil constitutionnel.
Après quasiment trois mois de conflit social, la mobilisation a donné des signes d'essoufflement.
Selon le ministère de l'Intérieur, 380.000 manifestants ont défilé en France, dont 42.000 à Paris contre 570.000, dont 57.000 dans la capitale, le 6 avril.
C'est la deuxième plus faible mobilisation depuis le début du mouvement après celle du 11 mars (368.000) alors que le plus haut a été atteint le 7 mars avec 1,28 million de manifestants.
La nouvelle secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a de son côté revendiqué "plus d'1,5 million de manifestants", dont 400.000 à Paris, contre deux millions la semaine dernière. "Contrairement à ce qu'espère le gouvernement, le mouvement est loin d'être fini", a-t-elle estimé.
"La contestation de cette réforme est toujours aussi forte", a affirmé Laurent Berger. Pour le patron de la CFDT, "le combat syndical est loin d'être terminé", quel que soit le verdict du Conseil constitutionnel, attendu vendredi en fin de journée.
Objet de toutes les attentions, l'institution logée dans le Palais Royal, au coeur de la capitale, est sous haute surveillance.
Le lieu et ses abords seront interdits à toute manifestation jusqu'à samedi 08H00. Un rassemblement est programmé vendredi en fin d'après-midi sur le parvis de l'Hôtel de Ville, à l'appel de certains syndicats.
D'après une note du renseignement territorial consultée par l'AFP, 131 actions sont attendues vendredi soir en réaction à la décision du Conseil constitutionnel. "Des actions prendront corps en fin de journée, sous la forme de rassemblements, défilés et actions de blocage", selon cette note.
Des heurts et dégradations ont à nouveau émaillé les manifestations à Nantes, Rennes, Quimper ou encore Lyon, où un photographe a été blessé lors d'une charge policière. A Paris, où la police a dispersé les derniers manifestants vers 20H45, la préfecture faisait état de 47 interpellations et de 10 blessés parmi les forces de l'ordre.
A Aurillac, "des effigies du président de la République" ont été jetées dans un feu en fin de manifestation, selon la préfecture du Cantal qui dénonce des "faits inacceptables".
Pour certains opposants, cette douzième marche "est une espèce de baroud d'honneur", résume Martine Girard à Marseille. "Même s'il y a peu d'espoir, on veut montrer qu'on n'est pas dupe", explique cette enseignante de 50 ans, qui reconnaît qu'il y a "beaucoup moins de gens mobilisés parce que financièrement ça devient dur".
De fait, les grévistes étaient peu nombreux, en particulier dans l'éducation, où le ministère en recensait environ 5% parmi les enseignants des zones pas encore en vacances. Des blocages de lycées et d'universités ont eu lieu à Lille, Paris et Strasbourg.
Peu de perturbations également dans les transports, mais la Tour Eiffel a été de nouveau fermée pour la 10ème fois en 12 journées de mobilisation.
Des barrages ont aussi entravé l'accès à des sites industriels emblématiques comme la raffinerie de Feyzin (Rhône), la centrale nucléaire de Gravelines (Nord) et l'incinérateur d'Ivry (Val-de-Marne).
Dans la capitale, où les poubelles n'avaient pas été ramassées pendant trois semaines en mars, une nouvelle grève reconductible des éboueurs a débuté jeudi à l'appel de la CGT.
- "Délai de décence" -
A défaut d'une censure totale de la réforme, les syndicats espèrent que le Conseil constitutionnel en annulera une partie, ce qui renforcerait leurs arguments en faveur d'une suspension ou d'un retrait.
"Le pays doit continuer d'avancer", a dit le président Emmanuel Macron mercredi depuis Amsterdam où il était en visite, proposant aux syndicats un "échange qui permettra d'engager la suite".
"On va d'abord lui laisser les 15 jours de réflexion pour demander une nouvelle délibération ou décider de ne pas appliquer la loi", a réagi le secrétaire général de Force ouvrière, Frédéric Souillot.
Un "délai de décence" également réclamé par Laurent Berger, qui se projette déjà vers de "grandes manifestations populaires le 1er mai".
Les opposants à la réforme misent aussi sur la validation par le Conseil constitutionnel du référendum d'initiative partagée (RIP) lancé par la gauche, qui pourrait donner un nouveau souffle à la contestation.
"Si on n'a pas au moins le RIP, alors la colère sociale va être très forte", a mis en garde le président de la CFTC, Cyril Chabanier.
Les responsables syndicaux devaient se réunir jeudi soir pour préparer leur réaction commune aux différents scénarios, en fonction du verdict des "Sages" vendredi.
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