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Dans un pamphlet publié en 2020 et intitulé Municipales. Banlieue naufragée, l’écrivain Didier Daeninckx s’en prenait aux relations étranges entre le monde politique et celui des dealers. Dans la périphérie parisienne, une sorte de société parallèle a remplacé les associations, et les activités caritatives, autrefois contrôlées par le parti communiste aujourd’hui moribond. Le célèbre auteur de polar, révélait que pour travailler tranquilles, dans les immeubles HLM, à Aubervilliers, près de Paris, les trafiquants avaient distribué des enveloppes de billets pour payer les loyers. Les exemples sont nombreux, y compris en zones rurales.
Dans le quartier des Escanaux, à Bagnols-sur-Cèze, une petite ville du Gard, les trafiquants ont récemment envoyé une lettre proposant divers services (courses, bricolage, fournitures scolaires…) en contrepartie des désagréments occasionnés par le deal. Dans ce courrier parfaitement rédigé et sans fautes d’orthographe, ils invitaient la population à se signaler : « si vous avez besoin d’aide, quelle qu’elle soit, que ce soit sur le plan financier ou pour toute autre difficulté. Nous espérons que ces actions permettront de créer un climat serein et solidaire. »
Gagner les cœurs dans les quartiers appauvris
À Cavaillon, dans le Vaucluse le 14 juillet pour la fête nationale, les dealers avaient monté dans un quartier défavorisé un château gonflable pour les enfants, une piscine, un jeu de pêche aux canards et un barbecue. Objectif : gagner les cœurs dans ces quartiers appauvris, et désertés progressivement par les services publics.
Ainsi, peu à peu, les habitants qui autrefois se mobilisaient contre les points de deals, deviennent par nécessité des alliés du trafic. Cette stratégie a déjà été utilisée en Amérique du Sud, par Pablo Escobar, le plus célèbre des narcotrafiquants des années 1980. Il était populaire pour avoir construit des écoles, des hôpitaux, des églises… son programme était baptisé « Medellín sans bidonvilles ». Il est même parvenu à se faire élire député au Parlement colombien en 1982. Avant d’être abattu lors d’un assaut de la police en décembre 93.
Jusqu’en Polynésie
En France aussi les forces de l’ordre sont mobilisées contre le tsunami blanc, de l’Atlantique au Pacifique. Le 2 août dernier, lors de la fouille d’un voilier aux îles Marquises, les douanes ont mis la main sur deux tonnes de stupéfiants. Une saisie qui confirme qu’entre le continent américain et l’Australie, la Polynésie française représente un nouvel itinéraire pour la cocaïne, dont la production mondiale a atteint 4000 tonnes en 2024. La tâche est immense et cette offensive de charme à destination des populations défavorisées est une arme redoutable qui, si on n’y prend garde, pourrait transformer nos démocraties en narco-craties.



















