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Quelques heures avant de perpétrer une attaque meurtrière à la Nouvelle-Orléans, Shamsud-Din Jabbar, un ancien soldat de l’armée américaine, a publié des vidéos exposant des plans inquiétants.
Dans la nuit précédant l’attaque, Shamsud-Din Jabbar, 42 ans, a posté cinq vidéos sur Facebook, entre 1h29 et 3h02 du matin. Il y détaillait son intention initiale de rassembler sa famille pour une prétendue "célébration", dans le but de les tuer. Toutefois, Jabbar a changé ses plans, expliquant vouloir que l’attention médiatique se concentre sur ce qu’il décrivait comme la "guerre entre croyants et mécréants", selon Christopher Raia, haut responsable du FBI.
Dans ces vidéos, Jabbar a affirmé avoir rejoint l’État islamique (EI) quelques mois auparavant et évoqué des rêves qui l’auraient inspiré. Il a également préparé deux engins explosifs avant de lancer son attaque vers 3h15 du matin, en fonçant avec un camion dans une foule de fêtards sur Bourbon Street. L’attaque a fait 14 morts et des dizaines de blessés. Jabbar a été tué par la police après un échange de tirs, son camion arborant un drapeau de l’EI.
Un parcours de vie marqué par des fractures
Né au Texas, Jabbar était un citoyen américain ayant servi dans l’armée pendant plus d’une décennie, notamment en Afghanistan de 2009 à 2010. Après avoir quitté l’armée active en 2015, il a travaillé dans des entreprises prestigieuses comme Deloitte et Accenture et obtenu des diplômes en informatique. Toutefois, sa vie personnelle était troublée : deux divorces, des problèmes financiers récurrents et plusieurs démêlés avec la justice, dont une condamnation pour conduite en état d’ivresse en 2015.
Sa première femme avait obtenu une ordonnance pour le versement de pensions alimentaires croissantes au fil des ans. Sa seconde épouse a déposé une ordonnance de restriction en 2020, évoquant des conflits insupportables. Jabbar avait également des dettes importantes, incluant des arriérés hypothécaires et des pertes financières dans ses entreprises.
Une radicalisation difficile à comprendre
Pour ses proches, ce passage à l’acte est incompréhensible. Son frère, Abdur Jabbar, décrit un homme "doux, réfléchi, et peu enclin à la colère". "Il n’a jamais parlé d’ISIS ou montré des signes de radicalisation," a-t-il déclaré. Leur père, Rahim Jabbar, partage cette perplexité : "Il n’y avait rien qui laissait penser qu’il traversait une crise."
Jabbar n’avait, selon ses proches, jamais exprimé d’idéologies extrémistes. Un voisin de Houston, où Jabbar vivait avant l’attaque, a affirmé qu’il semblait calme et normal lorsqu’il chargeait des objets légers dans le camion loué deux jours avant le drame. Jabbar avait indiqué déménager à la Nouvelle-Orléans pour un nouveau travail.
Un mystère à élucider
Les autorités analysent actuellement les vidéos, ainsi que les téléphones et ordinateurs liés à Jabbar, pour comprendre comment cet homme, décrit comme discipliné et ambitieux dans son passé militaire et professionnel, a pu se radicaliser et planifier un acte aussi tragique.
Parallèlement, le loueur du camion, via la plateforme Turo, collabore avec les enquêteurs. Jabbar avait loué un Ford F-150 Lightning électrique et parcouru plusieurs centaines de kilomètres pour atteindre La Nouvelle-Orléans. Malgré ces indices, beaucoup de zones d’ombre subsistent autour des motivations de l’assaillant.