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L'Iran a affirmé dimanche à l'ONU n'avoir "pas eu d'autre choix que d'exercer son droit à l'autodéfense" en lançant des centaines de drones et de missiles vers Israël, qui a pour sa part réclamé "toutes les sanctions possibles" contre Téhéran.
Cette attaque sans précédent, baptisée "Promesse honnête", a été déclenchée dans la nuit de samedi à dimanche, en riposte à une frappe imputée à Israël contre le consulat d'Iran à Damas le 1er avril. Elle fait craindre un embrasement régional, en pleine guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
Israël a affirmé avoir "déjoué" cette opération nocturne en abattant, avec l'aide des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France et d'autres pays, 99% des plus de 350 projectiles --drones, missiles balistiques et missiles de croisière -- qui se dirigeaient vers son territoire.
"Une défense sans précédent"
"L'attaque sans précédent de l'Iran a été contrée par une défense sans précédent", s'est félicité le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari.
L'Iran a pour sa part dit avoir "atteint tous ses objectifs".
Seuls quelques missiles balistiques "sont entrés et ont touché légèrement" une base militaire, qui reste en activité, a affirmé l'amiral Hagari, faisant état de plusieurs blessés légers ainsi qu'une fillette de 7 ans placée en soins intensifs.
L'agence iranienne Irna a signalé de "sérieux dégâts dans la plus importante base aérienne du Néguev", dans le sud d'Israël.
L'ONU "a failli à son devoir de maintenir la paix et la sécurité internationales" en ne condamnant pas la frappe du 1er avril contre le consulat iranien à Damas, a déclaré l'ambassadeur d'Iran aux Nations Unies Amir Saeid Iravani lors d'un Conseil de sécurité convoqué en urgence dimanche soir.
"Dans ces conditions, la République islamique d'Iran n'a pas eu d'autre choix que d'exercer son droit à l'autodéfense", a-t-il déclaré.
Il a assuré que Téhéran ne voulait pas d'escalade, mais répondrait à "toute menace ou agression".
"Au bord du précipice"
L'ambassadeur israélien, Gilad Erdan, a pour sa part appelé le Conseil de sécurité à "imposer toutes les sanctions possibles contre l'Iran avant qu'il ne soit trop tard".
S'exprimant lors du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a averti que "le Moyen-Orient est au bord du précipice". Il a condamné à la fois l'attaque iranienne et la frappe contre le consulat iranien à Damas, soulignant le "principe d'inviolabilité" des établissements diplomatiques.
Cette frappe avait coûté la vie à sept membres des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de l'Iran. Téhéran a accusé Israël, qui n'a ni confirmé ni démenti.
L'Iran a lancé cette attaque plus de six mois après le début de l'offensive menée par Israël dans la bande de Gaza contre le Hamas palestinien, allié de la République islamique, qui a encore accru les tensions entre les deux pays ennemis.
Ils se sont aussi engagés à fournir "plus d'aide humanitaire" aux Palestiniens de Gaza tout en "continuant à travailler en vue d'un cessez-le-feu immédiat et durable et de la libération des otages par le Hamas", à l'heure où les deux camps continuent à afficher des exigences contradictoires.
Parallèlement à cette attaque, des alliés de Téhéran, le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis, ont tiré des roquettes et des drones en direction du territoire israélien.
Israël est depuis la révolution iranienne de 1979 l'ennemi juré de l'Iran, qui appelle à sa destruction. Mais jusqu'à présent, Téhéran s'était gardé d'attaquer frontalement Israël, et les deux pays avaient l'habitude de s'affronter par tiers interposés, comme le Hezbollah.
Plusieurs analystes jugent quasi inévitable une riposte d'Israël. Toutefois avant de riposter, "il ne s'agit pas seulement de consulter, mais d'obtenir l'approbation de Washington", a assuré Tamir Hayman, ancien chef du renseignement militaire israélien.
L'Iran de son côté semble avoir voulu éviter une escalade, a souligné Nick Heras, analyste du groupe de recherche américain New Lines Institute for Strategy and Policy. Cette attaque "était destinée à être vue dans le monde entier, mais pas à faire dégénérer la situation en une guerre régionale totale", a-t-il déclaré à l'AFP.
Des otages à Rafah
La guerre se poursuit pendant ce temps dans la bande de Gaza, où le ministère de la Santé du Hamas a recensé dimanche 43 morts en 24 heures, portant à 33.729 le nombre de tués, en majorité des civils, dans les opérations militaires israéliennes.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée le 7 octobre dans le sud d'Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent retenues à Gaza dont 34 sont mortes, d'après des responsables israéliens.
Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, est classé groupe terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Dimanche, le Mossad, le service de renseignement israélien, a affirmé que le Hamas avait "rejeté les grandes lignes" du plan négocié en vue d'une trêve par le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis.
Le Hamas réclame notamment un cessez-le-feu définitif tandis qu'Israël maintient son projet d'offensive terrestre contre la ville de Rafah, refuge pour un million et demi de Palestiniens dans le sud de la bande de Gaza.
L'armée a affirmé dimanche que des otages enlevés le 7 octobre se trouvaient à Rafah, à l'extrême sud du territoire palestinien. "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les ramener chez eux", a déclaré l'amiral Hagari.