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« Même dans les conflits les plus terribles, certaines règles doivent continuer à s’appliquer » : a rappelé Hadja Lahbib dans son discours consacré à la situation à Gaza devant l’ONU

Par RTL info avec Belga
La commissaire européenne en charge de l’aide humanitaire, Hadja Lahbib a alerté à New York sur la situation critique à Gaza, en Ukraine et au Soudan, lors de l’Assemblée générale de l’ONU. Elle appelle à réinventer le système humanitaire pour répondre aux défis actuels et privilégier la diplomatie.

L’ordre mondial est en crise, avec de multiples conflits, et plus de 300 millions de personnes dans le monde dépendant de l’aide humanitaire. Et c’est à cet instant précis que les États-Unis suspendent leur financement des Nations unies. « Nous sommes à un tournant. Nous devons réinventer le système », a estimé Hadja Lahbib, commissaire européenne en charge de l’aide humanitaire.

Hadja Lahbib enchaîne les réunions cette semaine à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. De l’Ukraine à la bande de Gaza, en passant par le Soudan et Haïti, les besoins humanitaires dans le monde sont énormes. Les regards se tournent vers l’UE, qui finance désormais plus de 40 % de l’aide humanitaire des Nations unies. À elle seule, la Commission européenne représente 17 % de ce financement.

« L’UE n’a pas la prétention de remplacer les États-Unis », a déclaré Mme Lahbib dans un entretien accordé à Belga. L’année dernière, les États-Unis représentaient encore près de 40 % du financement. « Mais nous utilisons notre poids pour défendre nos principes : nous ne voulons pas d’une aide humanitaire qui ne respecte pas les principes fondamentaux de neutralité et d’indépendance. Si nous constatons une militarisation ou une privatisation de l’aide humanitaire dans certaines régions, comme au Moyen-Orient, nous fixons une limite. Nous ne coopérerons jamais à cela. »

De plus en plus, les principes fondamentaux du droit international humanitaire sont remis en question. « Même dans les conflits les plus terribles, même lorsque la diplomatie ne trouve pas d’issue, certaines règles doivent continuer à s’appliquer. Ne pas prendre pour cible les hôpitaux ou les écoles, épargner les civils, protéger les journalistes et les travailleurs humanitaires… Tout cela vole en éclats en Ukraine, au Soudan, dans la bande de Gaza », a déploré la commissaire belge.

Depuis la dernière offensive israélienne à Gaza, la population doit à nouveau fuir vers le sud. « Des hôpitaux qui doivent évacuer des patients, des personnes épuisées et affamées qui ne peuvent pas se déplacer, des travailleurs humanitaires qui ne parviennent plus à suivre les réfugiés… Il s’agit d’un million de personnes qui doivent se déplacer sur un petit bout de terrain, sur 15 % du territoire. C’est tout simplement mission impossible », estime Hadja Lahbib.

Des centaines de camions attendent à la frontière, mais malgré l’accord conclu début juillet entre la Commission et Israël, l’aide humanitaire continue d’être distribuée au compte-gouttes. Fin août, un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) des Nations unies a confirmé l’existence d’une famine dans certaines parties de la bande de Gaza, ce qui a été immédiatement remis en question par le gouvernement israélien. « Nous rejetons l’idée selon laquelle toute personne qui dénonce les violations des droits humains est antisémite. Nous affirmons simplement qu’Israël doit respecter les règles, comme nous le faisons avec d’autres pays et d’autres parties en conflit. »

L’UE est certes le plus grand donateur humanitaire des Palestiniens, mais elle n’a pas accès à la bande de Gaza. « Nous entendons les témoignages d’humanitaires traumatisés par les atrocités dont ils ont été témoins, qui se demandent pourquoi la communauté internationale n’est pas en mesure d’y mettre fin. » Une réunion entre Donald Trump et les pays arabes cette semaine a suscité des réactions positives, mais il reste à voir si un cessez-le-feu est réellement en vue. « Beaucoup se tournent vers nous, car nous disposons de leviers financiers, mais l’aide humanitaire ne peut à elle seule apporter de solution. Une solution diplomatique est nécessaire », a déclaré l’ancienne ministre des Affaires étrangères.

Cette semaine, lors d’une réunion avec les pays arabes et l’Union africaine sur la guerre civile au Soudan, Hadja Lahbib a toutefois constaté que la diplomatie et la concertation internationale pouvaient encore donner des résultats. Ce pays d’Afrique du Nord-Est est en proie à la famine et à des violations massives des droits de l’homme. Les femmes et les enfants en sont les principales victimes. « Nous recevons des témoignages terribles. Les traumatismes auront des répercussions sur des générations entières. Même si le conflit prenait fin demain, il faudrait beaucoup de temps pour guérir les blessures physiques et psychologiques. »

Mais « nous sommes parvenus à un accord sur El Fasher, afin qu’une trêve puisse être conclue, que les camions puissent atteindre la région et que la population locale puisse recevoir de l’aide alimentaire », a expliqué Mme Lahbib. « Une déclaration commune a été mise sur papier. On pourrait dire que ce ne sont que des mots, mais les mots sont plus importants que jamais. Des progrès ont été réalisés. Et le dialogue et la diplomatie ont repris. »

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