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Elle a fait trois bébés toute seule: une femelle de l'espèce des varans malais a donné naissance, sans fécondation, à trois petits, dimanche et lundi au parc zoologique de Padirac (Lot), en raison d'un processus génétique rare.
Shy, une femelle de cette espèce menacée de reptile originaire d'Asie du Sud-Est, n'a croisé la route d'aucun mâle dans le Lot. Et pourtant, les trois oeufs qu'elle a pondus en août ont bien éclos grâce à un phénomène connu des scientifiques, bien que peu fréquent: la parthénogenèse.
L'idée que ces oeufs pouvaient être viables est "partie d'une intuition car ça n'avait pas été recensé officiellement chez le varan malais, mais c'était déjà arrivé chez d'autres reptiles comme le varan de Comodo", explique le gérant du Padiparc, Raphaël Da Fonseca.
Ce processus génétique a aussi été répertorié chez les reptiles et les poissons, mais jamais chez les mammifères.
Lors de la ponte, le 10 août 2021, il s'est empressé de placer les oeufs dans un incubateur pour les protéger. "Elle avait pondu deux fois précédemment, mais les oeufs n’avaient pas le même aspect. Là, ils étaient en bon état, je me suis dit +Pourquoi pas ?+".
Les nouveaux-nés, mesurant une trentaine de centimètres, se portent bien. Ils sont encore reliés à la vitelline, la substance nutritive se trouvant à l'intérieur de leur coquille.
Ils devraient s'alimenter ainsi pendant une quinzaine de jours, avant que les soigneurs du parc zoologique ne leur proposent des insectes, des petits poissons ou des souriceaux, avant de leur fournir une nourriture plus carnée.
"Il est difficile de dire s'il s'agit de mâles ou de femelles pour le moment, mais dans les cas de parthénogenèse chez les varans, dans quasiment 100% des cas ce sont des mâles", précise Raphaël Da Fonseca.
Le gérant du site en appelle désormais à "des chercheurs, des scientifiques" afin de prouver qu'il s'agit bien d'une parthénogenèse, pour attester de la traçabilité ADN entre la mère, âgée de 13 ans, et ses trois progénitures.
L'officialisation d'un tel phénomène constituerait une première mondiale pour une espèce braconnée en Asie du Sud-Est pour sa peau et qui figure sur la liste rouge des espèces menacées établie par l'Union internationale pour la conservation de la nature.
En attendant, ces trois bébés feront figure de stars au sein du parc, qui rouvre le 1er février. "On va aménager leur terrarium pour qu'ils puissent se cacher mais que les visiteurs puissent les observer", se réjouit M. Da Fonseca.
A l'âge adulte, cet animal, qualifié de "très intelligent", peut dépasser les deux mètres de long chez les mâles.