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Coups de feu mortels à Anderlecht: un renfort policier "exceptionnel" déployé dans la commune

Après les deux fusillades survenues mercredi à Anderlecht, de nouveaux coups de feu ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi dans le quartier du Peterbos. Une personne a perdu la vie. Une enquête est en cours.

Une nouvelle fusillade a eu lieu à Anderlecht dans le quartier du Peterbos, dans la nuit de jeudi à vendredi vers 4 heures. Une personne est décédée. La police est restée sur place une bonne partie de la matinée. Un périmètre de sécurité a été installé. 

"Il y a une personne décédée, un homme qui doit encore être identifié. Une enquête est en cours pour éclaircir les circonstances. Le juge d'instruction et le laboratoire scientifique se sont rendus sur place", a confirmé la porte-parole de la zone de police Sarah Frederickx.

Les équipes du laboratoire scientifique recherchent le moindre détail qui pourrait permettre d'identifier les auteurs de ces coups de feu.

Le parquet a annoncé, lors d'une conférence de presse cet après-midi, que la victime est un homme âgé d'une cinquantaine d'années. Il n'est "pas connu des services de police autrement que pour des faits de vols".

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Un témoin a filmé les lieux juste après la fusillade et nous a envoyé les images. On peut y voir les policiers, présents en nombre, dans le quartier. 

Plus tard dans la journée, les impacts de balles sont toujours bien visibles sur la porte d'entrée d'un immeuble.

"J'ai été réveillée par le bruit de tirs en rafale, suivi du bruit des roues d'une voiture qui a démarré très rapidement", confie un riverain, de manière anonyme par peur de représailles. "Faut-il qu'on déménage?", lance un autre habitant. "Cela devient de plus en plus grave. On vit dans la jungle."

Une mobilisation exceptionnelle

A l'initiative des autorités de la zone de police Midi, les représentants des 6 zones de police locale et du Directeur Coordinateur de la Police fédérale de Bruxelles se sont réunis pour évaluer la situation des dernières heures. En plus de l'action judiciaire coordonnée exclusivement par le Procureur du Roi, il a été décidé "de concentrer un maximum de moyens policiers visibles dans les secteurs les plus concernés par ces séquences de tir", annonce la commune d'Anderlecht.

Un appui de toutes les zones de police de la Région de Bruxelles-Capitale qui disposent des unités spécialisées en mesure de riposter à l'usage d'armes lourdes est également prévu

Une opération de visibilité coordonnée par le chef de corps de la police Midi débute donc ce vendredi et ce, 24 h sur 24, 7 jours sur 7. "Cette action mobilisera tous les membres du personnel de la zone de police Midi, qui pourront compter sur l'appui de 18 policiers fédéraux, en plus de ceux déployés dans le métro et la gare du Midi, ainsi qu’un appui constant de la Police de Bruxelles-Capitale-Ixelles (PolBru) via au minimum 5 équipes. Un appui de toutes les zones de police de la Région de Bruxelles-Capitale qui disposent des unités spécialisées en mesure de riposter à l'usage d'armes lourdes est également prévu".

Le Bourgmestre d’Anderlecht, Fabrice Cumps, justifie cette mobilisation exceptionnelle : "Pour répondre à une situation de crise à la suite de plusieurs fusillades, il était essentiel de mobiliser largement les effectifs policiers disponibles, à la mesure des enjeux de sécurité dans différents quartiers d’Anderlecht. Cette mobilisation exceptionnelle est rendue possible grâce à l’appui de la Police fédérale et de la Police de Bruxelles-Capitale, ainsi qu’avec la solidarité des 4 autres zones de police de la Région bruxelloise".

C'est pour occuper le terrain et pour montrer aux habitants qu'on ne les abandonne pas

Fabrice Cumps admet toutefois que le problème est bien plus complexe. "Les forces qui sont déployées, c'est pour occuper le terrain et pour montrer aux habitants qu'on ne les abandonne pas et qu'il y a une présence policière. Maintenant, je l'ai toujours dit, ce n'est pas ça qui va être la solution au problème de la guerre des gangs. Il faut pouvoir identifier les réseaux, les mafias qui contrôlent ce trafic et faire en sorte qu'on puisse avoir assez de preuves que pour les condamner", développe le bourgmestre d'Anderlecht.

C'est la quatrième fois en trois nuits que des tirs retentissent en région bruxelloise, la troisième sur le territoire d'Anderlecht. Aucun suspect n'a encore officiellement été interpellé dans le cadre de ces différents incidents. Mais le quartier du Peterbos est connu pour être un "hotspots", c'est-à-dire un lieu où il y a des échanges de drogue, un lieu fréquenté par les réseaux de dealers et, en principe, un lieu tenu à l'œil par les autorités.

 

Unité de commandement

Les zones de police de la capitale sont par ailleurs passées en mode d'unité de commandement pour assurer la sécurité à la suite des coups de feu répétés à Anderlecht et Saint-Josse-Ten-Noode. Cela se traduira, dès vendredi, par la présence de patrouilles de la zone de police de Bruxelles-Capitale-Ixelles à Anderlecht et dans le sud de Bruxelles en solidarité avec les communes de la zone Midi (Anderlecht, Saint-Gilles et Forest), ont indiqué les bourgmestres bruxellois, réunis brièvement Conférence, jeudi en début de soirée.

Les maïeurs s'étaient fixé rendez-vous dans la salle du conseil communal de la Ville de Bruxelles. Initialement, la réunion avait été programmée notamment pour une présentation par le procureur du Roi de Bruxelles du projet d'unité de commandement en matière de police judiciaire dans ce dossier. Celle-ci a été reportée pour une question d'agenda au niveau du parquet.    

Cependant, sans attendre celle-ci, les bourgmestres ont activé en mode quasi automatique le processus d'unité de commandement existant à Bruxelles depuis 2018 pour la sécurisation d'événements par les polices locales dans leur domaine de compétence. Il l'a encore été, comme à l'accoutumée, pour la sécurité sur l'espace public lors du dernier passage à l'An neuf.  

Cette procédure est plus largement activée lors d'événements dépassant le territoire d'une commune, tels que la récente visite du pape. C'est à présent le cas dans le contexte des violences récentes liées au narco trafic. L'unité de commandement est assurée sous la direction du bourgmestre d'Anderlecht, Fabrice Cumps (PS), et du chef de corps de la zone de police de Bruxelles Midi.    

Selon M. Cumps et Close, cette activation rapide démontre, une nouvelle fois, que les zones de police de la capitale n'ont nullement besoin d'une fusion telle que projetée par le nouveau gouvernement fédéral pour se mettre au diapason lorsque cela s'impose.

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