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À Ciply et Hyon, près de Mons, des projets immobiliers inquiètent les habitants qui se mobilisent. Ils craignent la construction d'une centaine de logements et l'impact sur leurs villages. À Hyon, l'abattage récent de végétation par le promoteur crée la polémique, après un avis défavorable de la Ville.
De nombreux habitants de Ciply et d’Hyon, deux villages en périphérie de Mons, craignent de voir s’installer près de chez eux une centaine de logements, dont des immeubles de plusieurs étages. Les riverains se mobilisent donc contre ces projets. A Hyon, le récent abattage de la végétation de la parcelle fait débat. Pour les habitants et la commune, la société immobilière n’en avait pas le droit. L’entreprise leur répond.
Stéphanie, habitante de Ciply, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous afin de faire entendre la voix des villageois en périphérie de Mons. Elle raconte : “Les villages montois sont pris d’assaut par les promoteurs immobiliers”. Dans le village de Ciply, la situation est récente : un permis d’urbanisme a été déposé il y a quelques semaines seulement, pour la construction de 19 logements. Les riverains d’Hyon, quant à eux, sont mobilisés contre un projet immobilier qui concerne 113 logements, depuis maintenant presque deux ans.
"Cela fait déjà cinq ans que Ciply est en travaux"
Il y a environ deux semaines, Stéphanie, habitante du petit village de Ciply - qui compte environ 700 habitants - et d’autres riverains ont découvert l’existence d’un nouveau panneau sur le terrain d’un champ du village. Lorsqu’ils décident de creuser, ils découvrent qu’une demande de permis d’urbanisme a été déposée dans le but de faire construire pas moins de 19 logements sur la parcelle concernée.
Cette découverte déclenche le mécontentement des riverains. Stéphanie explique : “Cela fait déjà cinq ans que Ciply est en travaux pour des infrastructures diverses, donc à un moment donné, il est normal que les villageois en aient marre des travaux supplémentaires”. Ce que craignent les habitants comme Stéphanie, ce sont notamment les nuisances que pourrait engendrer un tel projet : “Notre village n’est pas adapté, nos rues et notre pont ne supporteront pas le poids des camions. En plus, le passage de ceux-ci engendre des vibrations dans nos maisons. Et c’est sans parler du fait que l’augmentation du nombre d’habitants avec 19 logements va faire augmenter la circulation. Je veux que nos enfants puissent jouer dans la rue”, déplore-t-elle.
Construire est dans l’ère du temps
Selon l’habitante, les riverains ne dénoncent pas le fait de construire en tant que tel. Elle explique : “Construire est dans l’ère du temps, donc nous ne sommes pas contre de manière catégorique. Quand on sait que la ville de Mons a pour objectif d’atteindre les 100 000 habitants, on sait que ça va nécessiter la construction de logements, et donc de bétonner”. Le problème réside plutôt dans l’ampleur du projet de construction. Dans le permis d’urbanisme, il est fait mention d’immeubles à plusieurs étages. Or, pour Stéphanie, Ciply est un petit village rural qui risque de perdre son charme et son identité. “Bétonner un si petit village en si peu de temps n’est pas raisonnable. On peut le faire, mais dans de justes proportions en respectant la thématique du village”, ajoute cette dernière.
A Hyon, une "mise à blanc" du terrain a mis le feu aux poudres
Hyon, le village voisin de Ciply, connait le même problème depuis déjà deux ans. En effet, dans ce village d’environ 4000 habitants, les riverains se battent également contre un projet de construction de 113 logements depuis 2023. L’histoire commence de la même manière : les villageois découvrent l’existence d’une demande de permis d’urbanisme. Ils décident alors de se mobiliser, d’abord de manière informelle avec un collectif. Puis, ils constituent une asbl pour promouvoir leur lutte.
Début 2025, le conflit prend une autre tournure quand la ville de Mons décide d’organiser une réunion d’information avec les riverains. Celle-ci débouche sur une enquête publique, ayant pour objectif de récolter l’avis et les inquiétudes des riverains d'Hyon. Le 13 février, après le délai légal de 30 jours, l’enquête est clôturée et le Collège communal Montois se prononce après avoir reçu quelques 200 réclamations. Il rend alors un avis défavorable dans lequel il conclut que le projet en tant que tel est finalement déraisonnable pour une série de raisons. Il invite donc la société de construction immobilière à revoir sa copie si elle souhaite poursuivre.
Aujourd’hui, plus d’un mois après cet avis, où en est-on ? L’affaire connait un nouveau rebondissement. Il y a environ trois semaines, l’entreprise de construction décide de mettre à nu le terrain laissé à l’abandon par son précédent propriétaire. Cet acte provoque une nouvelle vague de contestation parmi les riverains. Selon Maxime Pourtois, Echevin de l’Urbanisme à la ville de Mons, “réaliser un entretien de sa parcelle ne nécessite aucun permis, la société était donc en droit de ‘débroussailler sommairement’. En revanche, il n’était absolument pas convenu que la société procède à une mise à blanc totale du terrain, en coupant tous les arbres.”
Maxime Pourtois souligne : “La Ville de Mons ne cautionne en aucun cas cet acte.” Dès lors, face à cette situation, celle-ci explique avoir fait appel au Département de la Nature et des Forêts (DNF) de la Région Wallonne, sorte de police en la matière, pour que l’infraction soit constatée, puis communiquée à l’entreprise. “Nous leur avons signifié la venue de la DNF et notre intention d’obtenir un permis de régularisation, dans le cadre duquel ils devront replanter tous les arbres, comme forme de réparation”, ajoute l’échevin montois. La société quant à elle, se défend en expliquant qu’il s’agissait de végétation invasive et qu’il ne s’agit dès lors pas d’une infraction. De plus, elle n’aurait reçu à l’heure actuelle aucun communiqué de la part de la DNF.
Communication difficile entre les parties
Le nœud du conflit semble résider dans la communication entre les différents acteurs. Les riverains, comme Stéphanie, estiment ne pas être suffisamment entendus et rassurés. De son côté, la Ville de Mons souligne l’importance cruciale du dialogue dans ce type de dossier. “L’objectif à ce stade est d’éviter de rompre le dialogue. C’est la raison pour laquelle, dans notre avis défavorable, nous imposons au constructeur de continuer et renforcer ses efforts en matière de concertation avec les habitants”, précise Maxime Courtois.
De son côté, la société de construction explique : “Les projets d’urbanisme qui déplaisent, c’est quelque chose de fréquent de nos jours. Nous avions été informés que dans cette localité-là, il était difficile de faire du développement urbanistique, que les riverains avaient tendance à refuser certains projets”. Depuis 2023, l’entreprise dit être rentrée en contact avec certains groupes de riverains à plusieurs reprises, mais que le climat de méfiance a progressivement pris le pas sur le dialogue. Elle précise également que le nettoyage complet du terrain - considéré comme une infraction par la Ville - devait en réalité lui permettre de procéder à différentes évaluations réclamées dans l’avis du Collège communal. L’entreprise déplore elle aussi le manque de communication, malgré les tentatives qu’elle aurait mis en place pour y remédier.
Aujourd"hui, la Ville de Mons et les habitants d’Hyon sont dans l’attente d’une réaction officielle de la société de construction. Cette dernière souligne : “Nous comptons répondre à cet avis de manière favorable afin que toutes les parties au dossier soient satisfaites”. À noter qu'il n’existe aucune obligation légale de répondre à l’avis dans un certain délai. En attendant, la demande de permis d’urbanisme est suspendue. Lorsque la société immobilière reviendra avec une nouvelle proposition, la procédure reprendra son cours par une nouvelle enquête publique auprès des riverains. Le Collège communal sera ensuite amené à rendre un nouvel avis, favorable ou défavorable - et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous les feux soient verts pour délivrer le permis d’urbanisme.



















