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« Ce n’est plus vivable » : Donatello, 25 ans, est psychotique et voudrait se faire aider… mais impossible de trouver une place en hôpital psychiatrique

Par Donatella Ruolo
Donatello nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. En détresse, ce jeune souffrant d’un trouble mental cherche « désespérément » une place en hôpital psychiatrique, en vain. Une situation loin d’être isolée.

« À chaque fois c’est la même chose, on me dit qu’il n’y a pas de place et je suis mis sur liste d’attente », explique Donatello navré. Le jeune homme de 25 ans raconte avoir été diagnostiqué psychotique il y a maintenant plus d’un an et demi. Depuis, il cherche à se faire aider tant bien que mal mais peine à trouver une place dans un établissement psychiatrique.

Il témoigne : « Je cherche désespérément. J’ai des épisodes de crise qui durent parfois 4 à 5 jours. Ce n’est plus vivable. » Lors de sa dernière crise, notre interlocuteur s’est rendu aux urgences et a été hospitalisé 24 heures.

Il ne s’en sort pas seul et voudrait trouver un endroit qui l’accueille plus longuement, un avis partagé par son médecin selon ses dires. « J’ai perdu tout ce que j’avais réussi à construire à cause de ma situation. Une fille, un logement, un travail… j’ai tout perdu », dit-il.

« On croule sous les demandes »

Quand nous avons exposé le cas de Donatello au psychiatre Samuël Leistedt, il n’a pas été étonné. Il constate d’ailleurs une augmentation de la demande dans son cabinet et celui de ses confrères : « On croule sous les demandes et la réalité de terrain c’est qu’il est difficile de faire hospitaliser un patient parce qu’il y a un manque de place. »

Il y a 20 hôpitaux psychiatriques en Wallonie

Le spécialiste estime que c’est un problème « dommageable » d’autant que l’hospitalisation n’est, en général, pas proposée d’emblée. Elle serait même une solution de dernier recours. « Quand on demande l’hospitalisation, c’est qu’il y a un risque quelconque, quelque chose qu’on ne sait pas gérer en ambulatoire », dit-il. Samuël Leistedt ajoute que c’est un souci « récurrent » : « Il s’accentue, mais on est confronté à ce manque de place depuis des années. »

Les professionnels de la santé se heurtent également aux listes d’attente dont parle Donatello et essayent « de se démener ».

4.085 lits

Selon les chiffres de l’Aviq, il y a 19 services psychiatriques dans les hôpitaux généraux et 20 hôpitaux psychiatriques en Wallonie. Dans ces 20 hôpitaux, il y a en tout 4.085 lits disponibles. Une offre trop faible face à la demande donc mais ce n’est pas la seule explication, explique Lara Kotlar, porte-parole de l’Aviq : « Il y a beaucoup de séjours qui sont très longs et donc il y a peu de turnover. » Pour le dire plus vulgairement, les lits occupés le restent un bon moment, ce qui libère peu de place pour de nouveaux arrivants.

Il faut aussi composer avec les indications d’admission. Chaque patient a des besoins spécifiques et ne peut pas être soigné n’importe où : « Il y a des critères d’âge, la pathologie à traiter, les comorbidités ou les problèmes d’assuétudes éventuels, etc. », explicite Lara Kotlar.

Notons tout de même que s’il y a tentative de suicide, on ne peut pas refuser l’internement d’une personne, précise encore notre interlocutrice.

Des alternatives

Il existe en Belgique plusieurs structures spécialisées en santé mentale. Elles permettent pour certaines de désengorger les hôpitaux psychiatriques. Lara Kotlar les détaille.

  • Les hôpitaux généraux qui ont des unités psychiatriques. Ils servent plutôt en cas de crise, pour une prise en charge rapide, pour de l’observation.
  • Les hôpitaux psychiatriques pour une prise en charge plus longue.
  • Les maisons de soins psychiatriques, pour les personnes plus stabilisées qui ont quand même besoin d’un accompagnement continu.
  • Les initiatives d’habitations protégées, pour les personnes plus autonomes.
  • Les habitats collectifs, pour les gens qui n’ont plus besoin de soins mais d’un accompagnement psychosocial.

Il y a aussi des équipes mobiles qui peuvent aider pendant un mois pour trouver la bonne solution. Tant d’alternatives qui, bien que très utiles, ne peuvent pas toujours remplacer une hospitalisation si elle est nécessaire, regrette Samuël Leisted.

Quant à Donatello, l’Aviq lui conseille dans un premier temps de « s’adresser à son médecin traitant », c’est lui qui le connaît le mieux, pour la mise en place d’un suivi plus pérenne. « Et s’il ne va pas bien, qu’il fait une crise, il faut aller aux urgences. »

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