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Lucia nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. Son père de 81 ans a fait plusieurs séjours à l'hôpital en début d'année. A-t-il été, à chaque fois, libéré beaucoup trop tôt ? L'hôpital a répondu à nos questions.
Lucia a passé des fêtes de fin d’année pour le moins angoissantes. Son papa, âgé de 81 ans, a fait "4 arrêts cardiaques" le 30 décembre et a été hospitalisé à l'hôpital de la Citadelle, à Liège, avant de sortir le 2 janvier, d'après Lucia, "sans chercher plus loin".
La situation est d'autant plus préoccupante pour cette famille que quelques jours plus tard, le 13 janvier, la situation se détériore encore : "On l'a de nouveau pris en ambulance parce qu'il ne se sentait pas bien. On a vu qu'il avait un souci au niveau du taux d'hémoglobine".
Sa fille raconte, via le bouton orange Alertez-nous, qu'il n'était qu'à 7.9 g/dL dans le sang, alors que la norme est située entre 13 et 18 pour un homme. D'après Lucia, "on lui avait dit qu'on ne le laisserait pas sortir de la clinique tant qu'il n'était pas arrivé à 10, parce que c'était dangereux". Mais 8 jours plus tard, le patient est finalement autorisé à sortir, "avec un taux d'hémoglobine de 8.6 g/dL", assure-t-elle, en colère.
Une semaine plus tard, une analyse sanguine révèle un taux de 6.1. "C'est extrêmement grave. C'est une urgence grave et sévère", réagit Lucia. Son papa est donc transporté, à nouveau, en urgence à l'hôpital. "Il a eu deux transfusions sanguines aux urgences. Ensuite, 48 heures après, il a encore de deux poches", raconte-t-elle. Le patient restera à l'hôpital 11 jours avant de sortir, stabilisé.
Des sorties d'hôpital trop rapides ?
Lucia estime que son père a été renvoyé trop tôt et craint que cela ne soit une pratique courante à la Citadelle. La Liégeoise en est certaine : cette présumée politique est liée au manque de personnel à l'hôpital de la Citadelle.
Le témoignage de Lucia illustre une question plus large : les sorties d'hôpital, sont-elles parfois trop rapides, au détriment de la santé des patients ?
Contacté, l'hôpital dément chercher à faire sortir les patients le plus vite possible. "Ce n’est pas les personnes qui ont des risques qu'on va faire sortir plus tôt", réagit le porte-parole Antoine Gruselin.
Il est vrai qu'en début d'année, le personnel médical a fait face à une épidémie de grippe, qui a saturé les urgences. Cette situation a poussé la Citadelle à "reporter des opérations non-urgentes", pour libérer des places pour des patients ayant besoin d'être soignés en urgence.
"En aucun cas on a dit aux médecins de mettre des patients dehors", assure le porte-parole.
La conscience professionnelle des soignants reste bien présente
Du côté de l'Association belge des praticiens de l'art infirmier (ACN), on nous répond également que de telles pratiques n'ont pas été observées : "La conscience professionnelle des soignants reste bien présente", nous répond-on.
Depuis longtemps, le financement hospitalier prévoit un système où la durée de séjour influence une partie des fonds alloués. Des durées standards sont fixées par pathologie, en tenant compte des comorbidités, et leur dépassement entraîne des pénalités financières. "C’est le système de financement des structures hospitalières qui en est la cause, pas un hôpital en particulier. Et c’est seulement une partie du financement hospitalier qui dépend de ce système", précise encore l'association.
Comment expliquer que le père de Lucia ait été relâché alors qu'il n'était, visiblement, pas rétabli ? Nous n'aurons pas la réponse, l'hôpital ne voulant pas commenter de cas particuliers. Le porte-parole admet toutefois que "chaque personne peut réagir aux traitements différemment. Les réadmissions, c’est assez banal".
Des témoignages inquiétants
Malgré le démenti de l'hôpital, la Ligue des usagers des services de santé (LUSS) nous assure que de nombreux témoignages de patients vont en ce sens. "Mesurer l’ampleur, c’est compliqué, mais la tendance, c’est d’aller vers une sortie de plus en plus rapide", affirme Thierry Monin, chargé de projet au sein de l'association.
"Il y a une volonté politique de valoriser l'hospitalisation à domicile. Il y a une pression sur les hôpitaux pour accélérer la sortie", nous dit-il encore.
La LUSS déplore la dégradation de la qualité des soins : "C'est une réelle inquiétude. Il y a une série de facteurs qui l'expliquent, mais à la fin, c'est le patient qui paie", regrette Thierry Monin.
Une solution : la médiation hospitalière
Quoi qu'il en soit, l'hôpital de la Citadelle et la LUSS s'accordent pour dire que dans ce type de situation, la solution est la médiation hospitalière. Celle-ci permet d'examiner, gratuitement et objectivement, la plainte déposée. "Le médiateur est là pour écouter et interroger les médecins. Parfois, il est même possible de faire un échange à trois. Ce travail est très positif, dans 80% des cas, le problème se règle", explique le porte-parole de l'hôpital.