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C’est une bien mauvaise surprise qui attend Céline, 35 ans, lorsqu’elle sort de chez elle, le jeudi 26 juin 2025. « Je venais de rentrer chez moi, je suis descendue et j’ai vu le trou », raconte-t-elle. La chaussée s’est effondrée devant la porte de la Courcelloise, pourtant, elle n’est pas particulièrement surprise : « Ça fait deux jours qu’un voisin me dit qu’il y a un renfoncement », assure Céline.
Résultat, un trou « impressionnant » d’une profondeur d’1m50 environ, devant chez elle. « Je me suis dit qu’il fallait sécuriser, une voiture aurait pu tomber dedans, donc j’ai appelé la police pour fermer la rue », relate Céline, qui redoute le passage d’un camion. « S’il passe maintenant, c’est le reste de la route qui va s’effondrer. »
C’est au quotidien, même la nuit
Pour Céline et plusieurs riverains habitant sur la rue de la Glacerie, la faute incombe au va-et-vient incessant des camions de transport d’un gros dépôt, en contrebas de la rue : « Elle est très étroite et ils roulent à toute vitesse, c’est au quotidien, même la nuit, on ne peut pas dormir la fenêtre ouverte », déplore la responsable administrative.
Une nuisance qui dure depuis de très nombreuses années. Selon Céline, qui a acheté sa maison en 2012, les problèmes existaient déjà au moment de son emménagement, mais ils auraient empiré depuis : « Une école a fermé en bas de la rue, il y a eu une explosion, c’est un ras-le-bol général », lance-t-elle.
Fissures dans les habitations
Si les nuisances sonores sont importantes, tout comme les dégâts occasionnés à la voirie, les habitants de la rue de la Glacerie soulèvent un autre problème important : les fissures dans leurs maisons. « Nos maisons en pâtissent, des fissures apparaissent dans nos murs, on est tous concernés au niveau de la rue », déplore Céline. « Il va y avoir un accident, on ne veut pas qu’il y ait un accident. »

Sur la photo que la Courcelloise nous a transmise, on voit effectivement d’importantes fissures apparaître tout autour de la porte d’entrée de Céline. « Des bouts de cailloux se détachent », rapporte-t-elle. « Avec mon papa, on a mis du ciment chimique en attendant. Quand on voit que la route s’effondre, on ne voit pas d’où ça viendrait d’autre. »
« On se sent tellement impuissant, il y a tellement d’injustice, ça me révolte », lance Céline. « On ne peut se retourner contre personne, c’est à nous de payer », estime-t-elle.
Explications de la commune
Selon Christelle Stassin, directrice technique du pôle aménagement de Courcelles, la problématique ne l’a pas quittée depuis sa prise de fonction en 2018. « Il y a trois sociétés dans le bas de la rue, ils n’ont pas le choix que de remonter par là. On ne peut pas les empêcher de passer, ils sont là depuis longtemps, plus longtemps que de nombreux riverains », avance-t-elle. « Je peux comprendre que les gens en ont marre d’entendre les camions. Ça commence à 2h, 3h du matin. Avec les déformations de la voirie en plus… », reconnaît la responsable des travaux.
Elle estime qu’une centaine de camions passent quotidiennement dans la rue de la Glacerie. « Mais on n’a pas vu énormément de vitesse, ce sont des 30 tonnes », avance Christelle Stassin, qui aurait mis des radars plusieurs fois. Ce que réfute formellement Céline : « On est tous là, on n’a jamais rien vu. Ils tracent », assure la Courcelloise.
Ça va diminuer les nuisances
Une des possibilités évoquées, est de racheter un terrain de la SNCB, en bordure du chemin de fer, qui pourrait permettre aux camions d’emprunter un autre chemin. « Même les propriétaires de la zone industrielle étaient d’accord, mais la SNCB pas », rapporte Christelle Stassin. « Ça a l’air de changer car ils utilisaient le terrain pour stocker du matériel, mais il n’y a plus de gare maintenant. »

Un asphaltage complet de la rue est prévu, afin de réduire les irrégularités, ce qui devrait rendre le passage plus fluide : « On a prévu dans le budget de faire un raclage du sol, pour qu’il y ait moins de déformations, ça va diminuer les nuisances », estime Christelle Stassin. Une « solution » trop faible, pour les riverains qui préféreraient refaire toute la voirie. « Cela coûterait 2 à 3 millions d’euros, ce n’est pas dans les budgets maintenant », rétorque la responsable de la commune. « Ce n’est pas prioritaire par rapport à d’autres projets, on a encore plein de voiries qui ne sont pas équipées au niveau de l’égouttage, donc les choix sont compliqués. »
Quant à une possible déviation, c’est non aussi : « Dévier, c’est reporter la nuisance ailleurs, sur la voirie à côté qui n’est pas mieux équipée », assure la directrice technique.
Faire appel aux assurances
Christelle Stassin estime que ce n’est pas à la commune d’agir quant aux fissures dans les façades et les maisons des riverains : « Il faut qu’ils appellent leur assurance qui va dépêcher un expert pour juger qui est responsable », explique-t-elle, tout en assurant : « Si c’est nous, on va dédommager ». Toutefois, elle ne pense pas que la commune sera tenue pour responsable : « C’est une ancienne voirie, ce sont des anciennes maisons, les assurances ne sont jamais revenues vers nous, donc pour moi, ce n’est pas d’office la commune », pense la directrice technique.
Malgré tout, les inquiétudes de Céline et des autres riverains sont réelles, en particulier lorsqu’un trou apparaît sur la chaussée : « J’ai appelé un ingénieur externe quand ça s’est effondré, il m’a dit par visioconférence qu’il n’y a rien. Les pompiers et la police sont venus aussi, quand c’est vraiment grave les pompiers attendent, là, ils ont juste dit qu’il fallait sécuriser, ils n’ont pas fait sortir les gens ».
« Quand je vois cette rue, il n’y a aucune maison qui va tomber », conclut-elle.



















