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Pour Jacques-Eric, père de famille de la région de Dampremy, le calvaire a commencé il y a plusieurs mois. Son jardin est devenu un terrain de jeu pour une dizaine de sangliers. « J’ai un jardin complètement retourné, » déplore-t-il. « Ils viennent tout près, ils n’ont même plus peur. » Les dégâts matériels sont importants, mais ce qui l’inquiète le plus, c’est la sécurité de ses enfants. « Mes enfants ne veulent plus y jouer, de peur de tomber sur un sanglier, c’est déjà arrivé. »
Face à cette invasion, Jacques-Eric a contacté plusieurs instances et s’est heurté à une situation kafkaïenne. « On a contacté la ville qui dit que c’est le DNF, qui dit de s’adresser aux chasseurs, » raconte-t-il. La seule solution qu’on lui a donnée est d’investir dans des clôtures renforcées. « Ça coûte, » soupire-t-il.
Le DNF : une compétence limitée
La frustration de Jacques-Eric est palpable, mais la situation est en réalité plus complexe qu’il n’y paraît. Nicolas Yernaux, porte-parole du Département de la Nature et des Forêts (DNF), explique que son service n’est pas le seul responsable. « Sans vouloir renvoyer la patate chaude, le DNF n’est pas propriétaire de tous les sangliers de Wallonie, » précise-t-il. Selon lui, dans les zones résidentielles, la gestion de ces animaux relève de la « sécurité publique » et donc de la compétence du bourgmestre.
En appui de la police
Le DNF agit principalement dans les forêts domaniales et publiques. En zone urbaine, le DNF peut « venir en appui de la police, » notamment pour aider à organiser des chasses et servir de relais avec les chasseurs, mais l’initiative doit venir de la ville. Nicolas Yernaux confirme que le phénomène est croissant, notamment au nord du sillon Sambre et Meuse où les sangliers se déplacent en raison d’une population très dense. Les conditions climatiques douces et l’abondance de nourriture favorisent les portées, qui sont nombreuses.
Charleroi prend la problématique « très au sérieux »
Du côté de la Ville de Charleroi, la problématique est prise très au sérieux, comme le confirme Isabelle Semeraro, secrétaire du Cabinet adjointe d’Eric Goffart, l’échevin en charge de la Nature en ville : « La Ville de Charleroi prend cette problématique très au sérieux et multiplie les initiatives pour y répondre efficacement, » assure-t-elle.
Des actions de cartographie ont été menées pour identifier les zones à risque, et la ville a entrepris le dialogue avec le Conseil cynégétique pour mobiliser des chasseurs. Plusieurs zones potentielles de réservoirs de sangliers ont été identifiées et « des actions de chasse ou de destruction pourraient être menées ».
Cependant, la coordination est difficile. Isabelle Semeraro explique que le morcellement des propriétés et la densité urbaine compliquent l’organisation de battues. « Il faut l’accord de nombreux propriétaires pour organiser des battues, limitant ainsi la portée des actions sur le terrain. » Les chasses organisées, comme sur le terril du Martinet, ont même été entravées, les chasseurs suspectant des « sabotages de la part de certains citoyens avant ces battues. »
Des chasses ont déjà été organisées sur des sites problématiques appartenant à la Ville, notamment le terril du Martinet et le bois de Monceau-sur-Sambre, en collaboration avec le DNF (cantonnement de Nivelles) et la Police de Charleroi. Ces opérations menées fin 2024 ont permis le prélèvement d’une seule femelle adulte. Les chasseurs suspectent des sabotages de la part de certains citoyens avant ces battues.
Conseils
Face à ce casse-tête, la Ville de Charleroi invite les citoyens à adopter des comportements préventifs, comme sécuriser les déchets et les composts, et renforcer leurs clôtures. Si vous êtes confrontés à des sangliers, gardez vos distances, restez calmes et ne les nourrissez pas.
« Les personnes victimes de dégâts doivent contacter leur assureur pour constater les dommages et identifier l’origine, avant d’alerter le propriétaire du terrain concerné afin qu’il prenne les mesures nécessaires. Si aucune action n’est prise, le propriétaire pourrait être mis en demeure par la Ville au regard du danger que cela représente », met en garde la ville de Charleroi.


















