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« La commune ne sait rien faire pour nous aider » : Corentin et sa grand-mère handicapée se sentent « délaissés » après l’installation de places de parking devant chez eux

Par Marine Skinkel
À Lodelinsart, Corentin et sa famille dénoncent une décision de la commune qui complique lourdement leur quotidien. La transformation de deux places de parking en stationnement « magenta » rend presque impossible l’accès à leur domicile pour leur grand-mère handicapée. Il nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous.

Corentin habite avec sa grand-mère Maria Gabriella, en situation de handicap, sur la chaussée de Bruxelles à Lodelinsart, juste en face de l’hôpital Marie Curie. Depuis qu’un stationnement dit magenta – limité à 30 minutes – a été installé devant chez eux, il leur est devenu presque impossible de se garer à proximité du domicile. Ces deux places étaient auparavant les seules accessibles devant leur maison.

« Je dois souvent me garer plusieurs centaines de mètres plus loin et pousser ma grand-mère en chaise roulante dans une pente pour rentrer », explique Corentin. Une tâche quotidienne devenue particulièrement difficile, d’autant que sa tante, elle aussi en situation de handicap, vit la même situation.

La famille affirme ne pas avoir été consultée avant l’installation de ces places magenta, décidée il y a environ un an. Selon Corentin, la commune aurait indiqué que cette mesure répondait à la demande d’un commerce. « Le pire, c’est que c’est la seule place magenta de toute la chaussée, et les commerces ne sont même pas à proximité », s’étonne-t-il.

Avant même la construction de l’hôpital, la famille avait participé à des réunions de quartier au cours desquelles le bourgmestre leur aurait promis que les riverains conserveraient un accès suffisant au stationnement. « Aujourd’hui, cette promesse n’a pas été respectée », déplore Corentin.

Maria Gabriella vit dans cette maison depuis plus de 56 ans. Victime d’un AVC il y a cinq ans, elle a été reconnue comme personne à mobilité réduite (PMR) depuis plus d’un an. Elle dépend désormais totalement de sa famille pour ses déplacements.

La commune ne sait rien faire pour nous aider

Sa fille – la tante de Corentin – vit juste à côté et souffre elle aussi de problèmes de santé importants, reconnus officiellement en 2024. Elle est atteinte d’un stade avancé d’arthrose aux genoux, conséquence d’un cancer.

« Ma cousine, mon oncle et moi-même devons nous occuper de notre tante et de notre grand-mère au quotidien, pour leurs courses, leurs rendez-vous médicaux, etc. », ajoute Corentin. Faute de places disponibles, ils sont souvent contraints de se mettre en double file, sur une voirie très fréquentée, pour déposer ou récupérer leurs proches.

Malgré leurs nombreuses difficultés, Corentin et sa famille n’ont pour l’instant pas engagé de démarches administratives précises pour demander la modification des emplacements. Ils affirment avoir contacté la commune, sans succès : « Elle nous a juste dit que c’était une demande d’un commerce, et qu’elle ne savait rien faire pour nous aider. »

Que dit la commune ?

Face aux critiques, la Ville de Charleroi justifie l’installation des places magenta par un besoin de rotation du stationnement dans un quartier très vivant. Alicia Monard, échevine en charge de la Mobilité et de la Sécurité Routière, rappelle que ces emplacements dits express ont été décidés lors de la précédente mandature, en 2023.

Selon elle, la mesure a été validée par l’Observatoire du Stationnement, un organe d’expertise piloté par la Régie Communale Autonome (RCA) et regroupant plusieurs acteurs : la Ville (Mobilité, Voirie, Commerce), la Police administrative, la Police locale (Mobilité et Circulation) ainsi que le Bureau du Commerce.

« Ces places ont été matérialisées il y a plus d’un an pour les raisons suivantes : peu de places disponibles, donc besoin de rotation, demandes des commerces proches et de l’hôpital, ainsi que la proximité de commerces qui nécessitent une rotation, en plus d’un dépose-minute à proximité de l’hôpital », précise-t-elle. Elle assure qu’« aucune doléance n’est parvenue à la RCA » depuis la mise en place de ce dispositif.

Une place PMR possible ? Sous conditions…

Concernant le cas spécifique de Corentin et de sa famille, l’échevine estime que les places à durée limitée peuvent justement répondre à certains besoins : « La place express est justement un bon créneau pour des personnes en situation de handicap : étant donné qu’on ne peut y rester que 30 minutes maximum, ça permet à ces riverain.e.s d’avoir, entre 9h et 17h, systématiquement une place disponible devant chez eux. Dès lors, pour être certain de pouvoir déposer la personne juste devant son domicile, c’est le bon plan », estime-t-elle.

Une affirmation que nuance Corentin, affirmant que ces places sont souvent occupées par des personnes se rendant aux commerces environnants, et non par des riverains.

L’échevine rappelle néanmoins qu’une procédure existe pour faire une demande de place réservée aux personnes à mobilité réduite : « Les personnes détentrices d’une carte PMR peuvent faire la demande à la Ville (Police Administrative) pour obtenir une place PMR proche de leur domicile. La Police mènera une enquête de terrain et si tout est au vert, on pourra la matérialiser », conclut Alicia Monard.

Pour qu’une telle demande aboutisse, certaines conditions doivent être remplies :

  • Le domicile ou lieu de travail ne dispose pas de garage ou de parking privé exploitable ;
  • La personne en situation de handicap utilise le véhicule à titre principal, en tant que conductrice ou passagère régulière d’un habitant du même foyer ;
  • La carte de stationnement pour personnes handicapées est en cours de validité.

Un sentiment d’abandon

Face à ces démarches incertaines, un sentiment d’abandon entoure Corentin et sa famille. « Nous nous sentons délaissés. Nous avons fait confiance au bourgmestre, mais aujourd’hui, on pense que la commune donne plus d’importance aux commerces qu’aux riverains qui vivent ici depuis des décennies. »

La famille espère désormais que la commune supprimera ces emplacements « magenta » pour les remplacer par une ou deux places réservées aux PMR. Une demande simple, mais cruciale, pour améliorer un quotidien devenu trop lourd.

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