Partager:
En 2006, la Wallonie a abaissé ses droits de navigation à zéro pour favoriser le transport fluvial. Près de 20 ans plus tard, les péniches ne paient toujours rien pour franchir les écluses wallonnes. Une situation que ne comprend pas un collectif de citoyens qui s'inquiètent des répercussions sur la Haute-Meuse du développement du port de Givet. Mais pour le ministre wallon en charge du dossier, pas question de rétablir des droits de navigation.
"Stop à la navigation gratuite sur les voies d'eau wallonnes." C'est par ce slogan que Michel Lapaille a débuté son message, envoyé à notre rédaction via notre bouton orange Alertez-nous.
Michel est frontalier et membre d'un collectif de citoyens belges "qui essaient de défendre l'environnement autour de la pointe de Givet et de sensibiliser aux problèmes que rencontre la Haute-Meuse". À ce titre, une réponse parlementaire concernant l'ambition de développement du port fluvial français de Givet, sur la Meuse à trois kilomètres de la frontière belge, l'a particulièrement interpellé.
Ce sont donc les contribuables wallons qui paient
C'était le 2 avril, en commission au parlement wallon. Le ministre wallon du Territoire, des Infrastructures et de la Mobilité, François Desquennes, expliquait que la Wallonie mène depuis 2006 une politique de gratuité pour le transport fluvial.
Un non-sens pour Michel : "En Wallonie, les péniches naviguent gratuitement contrairement à la Flandre, Bruxelles et la France. Ce sont donc les contribuables wallons qui paient l'entretien des canaux, des berges, des écluses, etc... Un fameux manque à gagner alors que la Wallonie a besoin d'argent. Il faudrait que le ministre Desquesnes remette la redevance de navigation au même montant que la Flandre et Bruxelles."
Pas de projet de rétablir les droits de navigation
Alors que la décision avait été prise il y a déjà 4 législatures par un gouvernement PS - cdH, l'idée de voir l'actuel gouvernement wallon MR - Engagés changer cette politique ne semblait a priori pas impossible. Mais François Desquesnes se veut très clair : "À ce stade, il n’y a pas de projet de rétablir les droits de navigation".
Plus de bateaux = moins de camions
Pour lui, la raison est simple. En 2006, la Wallonie avait choisi d'abaisser les droits de navigation à zéro pour "renforcer l'attractivité du transport fluvial. Chaque tonne transportée par voie d’eau, c’est moins de camions, moins d’accidents, moins de nuisances (bruit, vibrations, pollution), et un impact moindre sur les infrastructures routières déjà fortement sollicitées. Ce choix reposait sur une série de constats solides, tant économiques qu’opérationnels, qui restent largement d’actualité".
Le gain pour les finances publiques était marginal
Et quand Michel parle d'un manque à gagner, le ministre Engagés répond … "Pas vraiment". Quand la décision a été prise, les droits de navigation rapportaient déjà peu : environ 4 millions d’euros brut par an, explique-t-il. Mais "ces recettes étaient contrebalancées par un système de perception vétuste, coûteux et inefficace, générant des coûts administratifs significatifs et des risques liés à la manipulation d’espèces aux écluses. En net, le gain pour les finances publiques était marginal".
"À l’inverse, pour les bateliers, ces droits pouvaient représenter jusqu’à 30% de leurs frais d’exploitation, juste derrière le carburant. Et comme ces droits ne pouvaient être répercutés sur les clients, ils pesaient directement sur les coûts d’un secteur où la rentabilité est faible", ajoute-t-il.
Non, le transport fluvial wallon n'est pas gratuit
Enfin, pour ce qui est de l'entretien des voies d'eau endommagées par le passage des péniches qui serait aux frais des Wallons, François Desquennes rappelle qu'avoir abaissé à zéro les montants payés aux écluses wallonnes n'a pas supprimé les autres formes de taxes qui pèsent sur les bateliers. "Contrairement à une idée reçue, la navigation n’est pas gratuite : les chargeurs paient des droits de ports, les bateliers cotisent à l’ITB pour le traitement des déchets, et l’accès aux infrastructures portuaires reste payant."



















