Accueil Actu Vos témoignages

Un magasin de Messancy vend des objets nazis, le gérant l’assume complètement : « On est conscients que ça puisse choquer »

Par Adrien Mouchet
Arnaud a découvert des objets nazis en vente dans un dépôt-vente à Messancy. Interpellé, il s’interroge sur la légalité de cette pratique. Le vendeur, lui, assume.

Arnaud nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous après une après-midi de shopping. Il décide ce jour-là de s’arrêter dans un magasin de dépôt-vente à Messancy, en province de Luxembourg.

Alors qu’il se promène dans les rayons, une vitrine l’interpelle. « J’ai vu en vente des objets nazis », affirme-t-il, photo à l’appui. « Des casques, des médailles… et c’est la première fois que je vois un brassard avec une croix gammée bien visible. »

11828605-76bc-f388-a999-2983652a6807-20251025_172118.jpg

Surpris, Arnaud se pose immédiatement une question. « Est-ce bien légal de vendre cela ? », s’interroge-t-il. « Je pensais que c’était interdit depuis des années. »

Est-ce légal ?

Nous avons posé la question de la légalité à Christine-Laura Kouassi, porte-parole du SPF Justice. « La vente d’objets à caractère nazi n’est pas en soi punissable en Belgique », affirme-t-elle.

Deux textes de loi punissent néanmoins certains agissements :

  • l’incitation à la discrimination et à la haine ou à la violence en raison d’un ou plusieurs des critères protégés par la loi antiraciste du 30 juillet 1980 est punissable ;
  • la loi du 23 mars 1995 (dite loi sur le négationnisme) prévoit l’infraction de la négation, la minimisation, la justification ou l’approbation du génocide commis par le régime national-socialiste allemand pendant la Seconde Guerre mondiale.

« La vente d’objets nazis ne peut donc être punissable que si elle a pour objectif spécifique d’inciter à la discrimination ou à la haine, ou d’encourager le négationnisme », complète Christine-Laura Kouassi.

Le gérant assume complètement

Nous avons contacté le magasin en question. Le gérant confirme la vente de ces produits et l’assume. « C’est pour le suivi de l’Histoire », dit Fabrice Back. « On est conscients que ça puisse choquer certaines personnes, mais nous ne faisons évidemment pas ça pour mettre en avant l’idéologie. C’est pour que l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale ne soit jamais oubliée ou déformée, mais aussi pour faire une critique de l’époque. »

Il arrive de temps en temps qu’un client soit choqué par la présence de ces produits dans les vitrines à l’intérieur du magasin. « C’est quand même très rare », dit le gérant. « Dans ce cas-là, j’invite n’importe qui à nous interpeller. Nous serons ravis d’expliquer pourquoi nous les vendons. »

Quel est le profil des acheteurs ?

Il explique le profil des acheteurs. « Ce sont des collectionneurs pour la grande majorité », précise le gérant. « Quand on collectionne des objets de la Seconde Guerre mondiale, il est logique de posséder aussi des objets nazis. À nouveau, c’est par rapport à l’Histoire et rien d’autre. »

Pour étoffer son propos, Fabrice Back revient sur une anecdote survenue il y a de nombreuses années. « Un enfant de 12 ans, passionné par la Seconde Guerre mondiale, voulait acheter un casque nazi », raconte-t-il. « Sa maman était horrifiée par son choix. Elle lui a dit qu’il était exclu qu’elle fasse cet achat. Je suis intervenu pour lui expliquer la démarche. Elle a fini par craquer et le gamin est reparti avec le casque. Aujourd’hui, cet enfant travaille dans un musée de Bastogne et revient encore dans notre magasin. »

Je ne connais pas les intentions de tous les clients
Fabrice Back, Gérant du magasin

Petit bémol néanmoins : il est, selon lui, impossible de connaître la personnalité de tous les acheteurs de ce type de produit. « En 30 ans, il y a peut-être quelqu’un qui a acheté ces objets par idéologie », soupire Fabrice Back. « Je ne connais pas les intentions de tous les clients qui entrent dans mon magasin. Mais il doit s’agir d’une immense minorité. Je suis sûr que 99 % des acheteurs ont de bonnes intentions, historiques. »

Fabrice Back continuera à vendre ces objets nazis, mais avec une limite. « Nous ne publions aucune photo sur internet », dit-il. « Une croix gammée n’a pas à être affichée en ligne. Ces objets sont disponibles en magasin pour les clients qui savent exactement ce qu’ils recherchent. »

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus

La surexposition des enfants aux écrans inquiète : que peuvent faire les parents ? Voici quelques conseils

Le Conseil supérieur de la santé met en garde : dans son dernier rapport, il énumère les risques réels liés à une surexposition, des enfants et des jeunes, aux écrans. Au-delà du constat, le Conseil aborde aussi les solutions. Comment protéger les plus jeunes ? Pour la plupart des experts, il ne faut pas forcément interdire totalement les écrans, mais il est important de bien en limiter l’accès.