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Un test de néerlandais bientôt obligatoire pour les taxis à l'aéroport de Bruxelles: "Je vais perdre mon travail"

Depuis 27 ans, Alain est chauffeur de taxi à l'aéroport de Bruxelles. Mais aujourd'hui, son métier est en danger: la Flandre veut imposer un test exigeant de néerlandais, de niveau B1, à tous les chauffeurs de taxi qui travaillent pour la Région et aux abords de l'aéroport. Un test qui impliquerait aussi une rédaction écrite.

Alain nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer cette situation. "Je vais perdre mon travail pour la langue", déplore-t-il. Tout comme "la moitié des chauffeurs de l'aéroport", selon lui. 

On ne va quand même pas écrire une lettre aux clients

Il doit bien l'avouer, ce Bruxellois ne parle pas bien le néerlandais. Mais il se débrouille tout de même lorsqu'il doit s'adresser à des clients flamands. Il nous fait même une petite démonstration. "Ça passe automatiquement, je dirais que les gens sont contents parce que j'ai fait l'effort de dire ça en néerlandais", nous dit-il.

300 chauffeurs risquent de perdre leur travail 

Mais il est loin de maîtriser parfaitement la langue. À cause de cette lacune, et de la nouvelle loi qui passera bientôt en Flandre, son métier est en danger. Une incompréhension pour Alain: "Je baragouine un petit peu, donc je peux me débrouiller avec les quelques mots rudimentaires en néerlandais. En fin de compte, on n'est pas des représentants de commerce, le client, ce qu'il veut, c'est qu'on le conduise au bon endroit et voilà", explique-t-il. 

On risque d'avoir une pénurie de chauffeurs

Près de 300 chauffeurs se sentent menacés, parce que le test demandé est difficile, même pour Roger, chauffeur néerlandophone: "Très dur, il faut vraiment étudier pour le réussir. Jamais je ne saurais faire un B1. J'ai des collègues qui n'ont même pas réussi le test. Il faut savoir faire une conversation avec les clients, mais on ne va quand même pas leur écrire une lettre donc c'est beaucoup trop dur. C'est ridicule", dénonce-t-il à notre micro. 

Chauffeur de taxi, un métier en pénurie: une mesure qui inquiète également les entreprises 

Le métier est en pénurie. Cette mesure inquiète les entreprises, car se passer de non-néerlandophones rendra la situation presque impossible: "On risque d'avoir une pénurie de chauffeurs, et c'est un problème crucial pour nous qui sommes près des frontières linguistiques. Le métier de chauffeur est un métier qui permet de mettre les gens au travail, et il faut bien comprendre que ces gens n'ont pas toujours tout de suite la connaissance", explique le patron d'Autolux, une société de taxis basée à Molenbeek. 

"Pouvoir commander un taxi en flamand, c'est important": l'explication de l'administration flamande 

La question est sensible parce qu'elle est politique et communautaire. La ministre flamande de la Mobilité Lydia Peeters n'a pas voulu répondre. Elle nous a renvoyé vers son administration pour justifier la décision: "Cela fait partie d'un large plan pour rendre les taxis plus attractifs pour le marché. Pouvoir commander un taxi en flamand, et avoir un contact avec un chauffeur qui s'exprime bien, c'est important. Atteindre un bon niveau de néerlandais est utile pour se mettre d'accord sur le prix, le trajet ou encore la destination". 

Concrètement, avec cette nouvelle règlementation, les chauffeurs qui dépendent d'une société bruxelloise ne pourront plus rester devant l'aéroport pour attendre des clients, comme c'était le cas avant. Pour Autolux basé à Molenbeek, cela impliquerait: 

  • Les clients peuvent être conduits à l'aéeroport de Bruxelles ;
  • Impossible de garer les taxis devant l'aéroport et attendre les clients comme avant ;
  • Les taxis pourront venir récupérer des personnes à l'aéroport seulement si un rendez-vous a préalablement été pris.  

Pour les permis délivrés avant le 1er janvier 2020, il existe une disposition transitoire, précise l'adiministration de la ministre flamande. Ces permis peuvent expirer comme prévu à leur date d'échéance selon les anciennes règles. Par contre, pour les nouveaux permis, les nouvelles règles seront immédiatement d'application. 

Une action en justice pour tenter de bloquer cette nouvelle loi

Les chauffeurs ont jusqu'au 30 juin 2024 pour passer ce test. Mais pour tenter de bloquer la mesure, sept chauffeurs ont fait appel à un avocat pour introduire une action en justice. Ils estiment que la nouvelle règle est démesurée. 

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  • Ils sont en Région Flamande et donc, il doivent connaître le néerlandais... Normal !

    J B
     Répondre
  • D'habitude les exigence linguistique des flamands sont exagérées, mais dans le cas d'un travail en contact direct avec le client c'est normal de parler au moins les 2 langues nationales! La Belgique est bilingue donc les belges doivent l'être, même une petite connaissance de l'allemand serait bienvenue, et bien sur une connaissance de la langue universelle, l'anglais, serait normale pour des taximen surtout habitués de l'aéroport.

    dan mned
     Répondre
  • Le vrai scandal c’est le manque de connaissances linguistiques dans un pays multilingue et la qualité de l’enseignement du néerlandais.

    Boris Baron
     Répondre
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