Accueil Divertissement Actu People

"Julie Denayer s’est montrée convaincante, mais...": pourquoi Luc Hennart a accepté de participer à "Face au juge"

Ancien président du tribunal de première instance de Bruxelles, Luc Hennart revient sur son choix audacieux de laisser filmer ses audiences et sur sa manière d’aborder chaque jugement, avec l’humain en ligne de mire.

Lorsque Julie Denayer lance "Face au juge" il y a dix ans, le pari est audacieux : filmer la justice belge de l’intérieur, en toute transparence. En Wallonie, contrairement à la Flandre, ce type de tournage n’existait pas encore. Luc Hennart, juge à l’époque, est l’un des premiers à accepter. Et pas n’importe quel juge : il est aussi président du tribunal.

"Julie Denayer s’est montrée particulièrement convaincante", explique-t-il aujourd’hui. "Mais ce qui m’a réellement décidé, c’est que nous venions de mettre en place la procédure accélérée. C’était une façon de montrer que la justice peut fonctionner — et peut bien fonctionner." Cette procédure permet de juger certains faits rapidement, parfois en moins de quinze jours après leur commission. "C’était un fonctionnement qui méritait d’être montré", ajoute-t-il.

Aucune mise en scène

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a jamais eu de scénarisation ou de dialogues répétés. "Il n’y a pas eu de connivence, pas de mise en scène. Julie a planté ses caméras dans ma salle d’audience et elle a filmé ce qu’elle a estimé devoir filmer — ce qu’elle a fort bien fait."

Cette confiance réciproque, entre journaliste et magistrat, a permis à l’émission de trouver un ton juste. Ni voyeuriste, ni édulcorée, elle documente la justice telle qu’elle se pratique, avec ses tensions, ses maladresses, mais aussi une grande part d’humanité.

Juge et justiciable : deux êtres humains face à face

Comment juge-t-on justement ? À cette question, Luc Hennart répond sans détour : "Je prends en compte l’être humain qui est devant moi". Pour lui, le procès est avant tout une rencontre : "La personne qui comparaît et moi-même, nous sommes deux êtres humains. L’erreur a été commise, maintenant il faut trouver comment on en sort — ensemble."

Ce regard, il l’a porté sur des centaines de prévenus, parfois maladroits, souvent vulnérables. Loin de l’image froide qu’on associe parfois aux tribunaux, Luc Hennart assume une approche fondée sur le dialogue, la proportion et la recherche de solutions durables. Une méthode qui semble porter ses fruits : "Dans cette procédure-là, le taux de récidive est de 2 à 3 %. Pour une incarcération, on est plutôt à 50 ou 60 %".

Le succès de "Face au juge" n’a pas seulement changé le regard du public sur la justice. Il a aussi replacé la figure du juge dans le débat citoyen. "Aujourd’hui, les gens m’interpellent dans la rue, m’appellent ‘Monsieur le juge’ ou ‘le juge de RTL’. Mais surtout, ils me posent des questions précises sur mes décisions. Et je leur réponds." Pour lui, cette parole directe est essentielle. Elle fait écho à l’un des objectifs de l’émission : rendre la justice lisible, compréhensible, accessible. 

Aujourd’hui à la retraite, Luc Hennart n’a pas renoncé à ce regard humaniste sur son ancien métier. À travers le livre "Face au juge – Dans les coulisses de la justice belge", paru aux éditions Racine, il prolonge l’aventure, aux côtés de Julie Denayer, avec des portraits de juges et des affaires marquantes.

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus

La surexposition des enfants aux écrans inquiète : que peuvent faire les parents ? Voici quelques conseils

Le Conseil supérieur de la santé met en garde : dans son dernier rapport, il énumère les risques réels liés à une surexposition, des enfants et des jeunes, aux écrans. Au-delà du constat, le Conseil aborde aussi les solutions. Comment protéger les plus jeunes ? Pour la plupart des experts, il ne faut pas forcément interdire totalement les écrans, mais il est important de bien en limiter l’accès.