Partager:
À première vue, la ruelle semble calme. Pourtant, à Ciney, en province de Namur, un conflit de voisinage oppose deux femmes depuis plusieurs années. Ambrosia, une habitante au caractère bien trempé qui se revendique sorcière, reproche à sa voisine Emmanuelle la construction d’une terrasse qui viendrait assombrir son jardin.
« Mon jardin, j’y tiens. C’est mon exutoire », affirme Ambrosia, propriétaire de sa maison depuis trente ans. Selon elle, l’installation de cette terrasse empiète non seulement sur la luminosité de son terrain, mais viole également le Code civil. « Ce ne sera plus un endroit agréable. Je sais bien que je suis un personnage qui aime l’obscur, mais quant à m’enterrer comme un vulgaire rat, je ne suis pas d’accord. »
Ambrosia va même plus loin : elle remet en question la légalité du permis de construire accordé à sa voisine. « Je pars du principe que la loi n’autorisait pas ce genre de choses… L’article 3.132 dit bien que c’est interdit de construire des balcons, de terrasses, etc. sauf accord des voisins. Et nous ne l’avons jamais donné. »
Une voisine qui se dit dans son droit
Emmanuelle, de son côté, se défend. Cette enseignante explique avoir voulu aménager une terrasse plus accessible, afin de ne plus devoir descendre trop de marches pour profiter de son jardin. « J’ai décidé de faire une terrasse au départ à ras de la cuisine. Et ça a été accepté par la commune. »
Elle reconnaît avoir modifié son projet initial, notamment en baissant le niveau de la structure, après une première contestation d’Ambrosia. « On a fait des concessions. On a baissé. Je trouve que c’est quand même à un niveau raisonnable. »
Mais rien n’y fait. Pour Ambrosia, chaque centimètre compte. Elle conteste même l’avancée prévue pour une gouttière, qu’elle considère comme une extension non réglementaire. « 30 centimètres, ça peut paraître pas grand-chose, mais c’est 30 en longueur, 30 en hauteur, 30 en largeur. Et en plus de la plaque noire que je dois subir… c’est lourd à vivre. »
Je ne pensais pas que ça allait générer autant de problèmes
Si Ambrosia utilise pendules et intuitions, elle mise surtout sur le droit pour faire valoir ses droits : « J’ai plus confiance en mes prédictions qu’en la justice. Mais j’ai décidé de me battre sur le terrain légal. »
Depuis juillet 2022, les procédures s’enchaînent : juges de paix, géomètres, Conseil d’État. Ambrosia affirme avoir évité un empiètement de terrain et s’improvise juriste pour démonter le permis de construire pierre par pierre. Emmanuelle, elle, se dit dépassée par l’ampleur du conflit. « Je ne pensais pas que ça allait générer autant de problèmes. J’ai eu l’accord de la commune, on a gagné devant le juge de paix, on a gagné au Conseil d’État. Je ne sais pas où ça va s’arrêter. »
La tension ne se limite plus à la terrasse. Les accusations fusent. Emmanuelle dit se sentir harcelée et épiée : « On me filme à mon insu. Elle a publié des photos de mon jardin et de ma maison avec mon adresse. Ma fille est sortie de la maison, elle a fait semblant de cracher dessus. »
Ambrosia, de son côté, se défend de tout harcèlement. Elle évoque des inondations provoquées, selon elle, par un mauvais drainage des eaux de pluie par sa voisine. « Mon terrain était complètement noyé. J’ai publié une vidéo, je ne l’ai jamais retirée. Pour moi, c’était une manière d’alerter. »
Depuis le tournage, Emmanuelle a finalement installé la clôture prévue sur sa terrasse. Désormais, Ambrosia voit depuis son jardin une structure qui, selon elle, l’enferme encore un peu plus. Elle attend toujours une décision judiciaire pour mettre fin à ce conflit.
La guerre des voisins est à retrouver en streaming sur RTL play et chaque mercredi à 19h50 sur RTL tvi.

















