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Le pari audacieux de François Ozon : le réalisateur s’attaque à un monument de la littérature française, 80 ans après sa parution

Par RTL info
Plus de 80 ans après sa publication, L’Étranger d’Albert Camus renaît au cinéma sous la caméra de François Ozon, avec Benjamin Voisin et Rebecca Marder dans les rôles principaux. Une adaptation forte et sensible, qui fait résonner le mystère de Meursault avec les questions de notre époque.

Adapter L’Étranger d’Albert Camus, l’un des romans les plus lus et étudiés de la littérature française, est un pari audacieux. François Ozon, habitué à explorer les complexités humaines, a décidé de se confronter à cette œuvre mythique, publiée en 1942 et rarement portée à l’écran depuis l’adaptation de Visconti en 1967.

«Je voulais faire le portrait d’un jeune homme d’aujourd’hui. En relisant L’Étranger, je me suis dit : c’est cette histoire-là qu’il faut raconter», explique le réalisateur, qui dit avoir redécouvert la puissance du texte avec maturité et distance. Il en résulte un film en noir et blanc, à la fois fidèle à l’esprit de Camus et résolument ancré dans une lecture contemporaine.

Une œuvre toujours aussi actuelle

À travers le personnage de Meursault, campé par Benjamin Voisin, le film met en lumière une vérité dérangeante : celle d’un homme qui refuse de mentir, de jouer le jeu social, et qui, par sa sincérité brute, provoque le malaise. «Quand quelqu’un dit toujours la vérité, cela dérange profondément», souligne François Ozon.

Ce refus de se conformer, cette étrangeté face au monde, continuent de résonner avec force en 2025. Pour le cinéaste, L’Étranger raconte autant une histoire personnelle qu’un pan de l’histoire collective française, notamment dans son rapport complexe à l’Algérie : «C’est une œuvre qui fait partie de notre inconscient collectif», affirme-t-il.

Le choix du noir et blanc répond d’ailleurs à cette volonté de contextualisation : «Toute notre mémoire de cette époque coloniale est en noir et blanc. Il me semblait plus réaliste de filmer ainsi, tout en épurant l’image pour aller à l’essentiel.» Un parti pris esthétique fort, qui confère au film une sensualité brute et une intemporalité assumée.

L’approbation précieuse de Catherine Camus

Adapter un tel chef-d’œuvre implique aussi de composer avec une attente forte, tant du public que de ceux qui veillent sur l’héritage de Camus. Catherine Camus, la fille de l’écrivain, a vu le film. «Elle a beaucoup aimé», confie François Ozon, non sans soulagement. «Elle veille avec beaucoup d’attention à ce qui est fait autour de l’œuvre de son père. Je lui ai expliqué ma démarche : il fallait forcément trahir certaines choses, adapter le récit pour qu’il fasse sens aujourd’hui.»

Son approbation était d’autant plus importante que le film ne suit pas le roman à la lettre. François Ozon a pris quelques libertés, notamment pour développer certains personnages comme Marie Cardona, jouée par Rebecca Marder. L’idée était d’apporter plus de nuances et de sensibilité à l’histoire.

Avec L’Étranger, François Ozon ne cherche pas à imposer une vision du roman, mais à en prolonger le mystère. «Tout le monde a une idée de à quoi doit ressembler Meursault», souligne-t-il. Ce flou autour du personnage, cette énigme jamais vraiment résolue, expliquent pourquoi l’histoire continue de parler autant aujourd’hui. Un film à découvrir au cinéma dès ce mercredi 29 octobre.

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