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"J’ai entendu ce mot pour la première fois dans une cour de récréation": Philippe Besson évoque son vécu face au harcèlement scolaire

Dans son dernier roman, Philippe Besson explore le drame du harcèlement scolaire et ses conséquences tragiques. Une œuvre profondément intime, puisant dans ses souvenirs et son vécu pour donner vie à un père confronté à l'inacceptable.

Dans "Vous parler de mon fils", Philippe Besson raconte l’histoire d’un adolescent, Hugo, poussé au suicide après avoir subi un harcèlement scolaire insidieux et violent. Pour incarner au mieux le père de cet enfant, le romancier s’est immergé dans la réalité des familles ayant vécu un tel drame. "J’ai beaucoup écouté parce qu'évidemment, aucun parent n'est préparé à la mort de son enfant, encore moins à son suicide, surtout après avoir appris qu'il a été harcelé pendant des semaines et des mois", confie-t-il.

L’auteur a cherché à retranscrire avec justesse cette "sidération" qui suit la perte d’un enfant. "J’ai voulu savoir ce que c’était : cette expérience du deuil, cette folie d’avoir perdu un enfant, cette sidération, ce chagrin, cette colère, cette culpabilité. J’ai beaucoup écouté leurs maladresses, leurs inquiétudes. Parfois, ils avaient du mal à dire les mots. Mais moi, mon travail, c’est de trouver les mots. Alors, j'ai essayé de trouver leur voix", ajoute-t-il.

Une résonance personnelle

Bien que Philippe Besson ne soit pas parent, son écriture touche par sa justesse. Ce réalisme, il le doit à son propre vécu. "Je me suis souvenu de moi, adolescent, harcelé, molesté, injurié, insulté", explique-t-il. "Je me souviens que j’ai entendu le mot 'sale pédé' pour la première fois dans une cour de récréation".

L’écrivain évoque aussi son père, qui, à l’époque, avait été désemparé : "Je me souviens de mon père qui ne voyait pas, qui ne regardait pas, qui ne comprenait pas. Je me souviens de ce que j’ai essayé de lui dire et de ce qu’il n’a pas compris. Quand j’ai fini par laisser passer quelques indices, il a été démuni. Je n'avais jamais vu mon père dans le désarroi. Pour moi, c’était un bloc de certitudes et de virilité. Et tout d’un coup, je l’ai vu se fissurer".

Ce roman est donc aussi un hommage à son propre père : "Je me souviens de ce qu’il a fait à ce moment-là, de ce qu’il a tenté pour essayer de sauver l’enfant que j’étais. Il y est arrivé, d’ailleurs, en m’amenant vers le dialogue, vers la culture, vers les livres. Et c’est en hommage à lui, et à tous ceux que j’ai croisés, que j’ai voulu parler de cet amour-là".

Une œuvre intime et universelle

Avec ce roman, Philippe Besson confirme son statut de "romancier de l’intime". Il raconte non seulement la douleur, mais aussi l’amour, la résilience et le besoin de continuer à vivre pour ceux qui restent. "On tient debout pour les vivants", résume-t-il, en évoquant le rôle du frère cadet, Enzo, dans l’histoire.

Enfin, ce livre donne une voix à ceux qui n’en ont pas. "C’est peut-être cela, le rôle des romanciers : trouver les mots pour ceux qui ne les trouvent pas", conclut l'auteur. 

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