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Le conflit entre Nafissatou Thiam et sa fédération prend un nouveau tournant. De Standaard a eu accès à des courriels internes. Ces échanges, datant du mois d’août, révèlent que Rutger Smith, le coordinateur de l’athlétisme de haut niveau néerlandophone n’était pas le seul à vouloir empêcher Nafi de participer aux Mondiaux. D’autres responsables d’Atletiek Vlaanderen (ligue flamande d’athlétisme) ne souhaitaient pas voir la double championne olympique de l’heptathlon à Tokyo. En cause : son refus de signer un nouveau code de conduite.
La tension monte le 7 août. Helena Van der Plaetsen, manager de l’athlète, informe Jonathan Nsenga (coordinateur du sport de haut niveau à la LBFA, Ligue Belge Francophone d’Athlétisme) que Thiam ne souhaite pas signer ce document, tout en proposant un échange. La réponse du coordinateur flamand Rutger Smith est immédiate et tranchante : « Alors on ne l’inscrit pas. Faisons un exemple maintenant pour que cela ne se reproduise plus. »
« Ne pas signer = ne pas participer »
Smith n’est pas seul à tenir cette ligne dure. Le président d’Atletiek Vlaanderen, Gery Follens, et son directeur général de l’époque, Ludwig Peetroons, soutiennent sa position. « Ne pas signer = ne pas participer », insiste ce dernier, qui évoque de précédents accrochages avec l’entourage de Thiam.
« En 2014, elle avait déjà refusé de signer un code de conduite. En 2018, elle n’a pas voulu porter le maillot avec le logo du sponsor le premier jour de l’heptathlon. Les demandes polies n’ont pas fonctionné. Ce qui a marché, c’est de ne pas discuter. » Pour lui, céder sur ce dossier ouvrirait la porte à d’autres exceptions : « Si nous commençons à négocier, cela ne s’arrêtera pas avec Nafi. »
Même au sein de la Ligue francophone, certains responsables acquiescent. Stéphanie Noël, directrice technique de la LBFA, répond : « Je suis tout à fait d’accord ! », suivie de près par sa présidente, Jessica Mayon : « Moi aussi. » Mais Mayon, soucieuse d’éviter un affrontement total, propose tout de même une rencontre entre l’athlète et Peetroons. Ce dernier s’y oppose catégoriquement.
Un compromis fragile
C’est finalement Jessica Mayon qui obtient la tenue d’une réunion de conciliation, le 13 août à Bruxelles. Le ton y est apaisé. Résultat : Nafissatou Thiam est autorisée à participer aux Championnats du monde… sans avoir signé le code de conduite. Une trêve fragile qui ne met pas fin aux tensions.
Rutger Smith, furieux de ce revirement, annonce qu’il ne se rendra pas à Tokyo si Thiam y participe. De son côté, la championne déplore que son camp de préparation ne soit pas validé et que son kinésithérapeute ne soit pas accrédité. Elle y voit des « mesures de rétorsion » de la part de la fédération.
À Tokyo, rien ne se passe comme espéré pour l’athlète belge. Après cinq épreuves d’un heptathlon pourtant bien entamé, Nafi Thiam jette l’éponge. En larmes, elle abandonne une compétition qu’elle n’a, selon ses proches, jamais abordée dans des conditions sereines.

















