Partager:
Vague de faillites en Belgique : comment expliquer ce phénomène inquiétant ?
Casa, Match, S-Match, Cassis et Paprika... les annonces de dépôt de bilan se succèdent. Pourquoi autant de faillites successives ces derniers temps en Belgique ?
Pour Pierre-Alexandre Billiet, économiste et patron de Gondola, les raisons sont essentiellement macroéconomiques. Il en cite trois :
- Le nombre de magasins est "excessivement" élevé : "A peu près 18 magasins par 1000 habitants. En France, ce sont 4 magasins par 1000 habitants".
- La consommation est en berne à cause de notre pouvoir d'achat sous pression : "Nous n'achetons pas plus, contrairement à ce qu'on pourrait croire. Donc, les achats que nous faisions dans des magasins classiques se font ailleurs".
- Les magasins en ligne "essentiellement asiatiques", qui font du dumping commercial : "Ils vendent à des prix cassés des produits sur lesquels les magasins, certainement physiques, ne savent absolument pas suivre".
Alors, que faut-il en conclure ? "Ça veut dire que notre consommation est en train de changer", répond Pierre-Alexandre Billiet. "La grande partie de la croissance de notre distribution en Belgique est liée à une surconsommation. Elle continue à subsister, mais essentiellement en ligne, à travers des marketplaces, comme Shein, Temu et d'autres, qui vendent des produits excessivement bon marché, souvent même avec des dangers pour la santé publique", continue l'économiste.
Cette évolution a lieu alors que les magasins physiques sont "en surnombre aujourd'hui". "On a exagéré dans le nombre de magasins qui ont ouvert ces dernières décennies en Belgique", répète Pierre-Alexandre Billet.
Faut-il voir la fin à venir des enseignes belges, au profit de grandes marques internationales ? "On voit effectivement cette consolidation mondiale qui s'opère maintenant depuis à peu près 15 ans. Les sociétés belges en matière de distribution ont quasi toutes disparu. Il en reste peut-être quelques dizaines. Mais en tout cas, ce centre de décision a bel et bien disparu de la Belgique, presque dans sa totalité", confirme l'économiste.
Rectificatif: une erreur s'est glissée dans la première version de cet article. La société Dreambaby a changé de mains l'année dernière. Elle est passée de Colruyt Group à Supra Bazaar. Mais contrairement à ce qui est dit dans la vidéo, la société n'est pas en faillite.