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Dans le labyrinthe des couloirs du Palais de Justice de Bruxelles, Bruno Van Boucq cherche la chambre 5F, une fois sur place, notre caméra n’est pas la bienvenue auprès des avocats de Google. « Pour eux, ce qui se passe, c’est catastrophique pour leur image. Donc ils n’ont pas spécialement envie que ça se sache tout ça. C’est un combat David contre Goliath mais puissance 10. Donc ils montrent leur force. Ça a déjà commencé ce matin à l’introduction de la séance. Tout de suite, ils ont demandé que les images ne soient pas tournées » détaille le patron de Proxistore.
Il faut remonter au mois de février pour assister aux débuts de l’affaire, le géant du web se voit imposer par la justice belge une astreinte de 76 millions d’euros pour avoir bloqué sans raison les campagnes publicitaires de la start-up wallonne. Quelques semaines plus tard, une de nos équipes a rencontré Bruno Van Boucq.
Google tente des contre-attaques
L’entreprise américaine et ses avocats s’interrogent sur l’existence d’une personne extérieure à Proxistore, et qui financerait les actions en justice dans le but de nuire à Google. Des arguments que réfutent la défense. Proxistore poursuit ses propres intérêts et pas les intérêts de quelques tiers que ce soit. Il n’y a personne qui finance ces procédures malheureusement. C’est Proxistore sur ses propres deniers. Ça a certainement retardé le traitement de l’affaire de minimum 3 mois.
Pour Bruno Van Boucq, tout cela est fait pour décrédibiliser son dossier. «Ils ont repris des propos alors que ce n’était pas des pièces ajoutées au dossier. Ils ont utilisé mes propos devant les juges. Donc oui, on se sent épiés, mais ça n’est pas grave. Pour moi, c’est important de faire savoir ce combat disproportionné entre une entreprise valorisée, je le rappelle, plus de 3000 milliards d’euros contre une entreprise locale» explique Bruno.
Une inspiration qui lui vient de son grand-oncle
Des lettres ont été envoyées au siège social de Proxistore, et certaines sont intimidantes. «Sans la main levée, les dommages n’en seront que plus conséquents» peut-on lire sur l’une d’entre elles. Pour Bruno, ce sont des menaces. «Je ne sais pas comment ça s’appelle, si ce n’est une menace ou des intimidations. On subit cette information, bien sûr. Ça crée des stimuli, ça crée du stress, bien sûr. Qu’est-ce qu’on va faire ? Comment interpréter ?» évoque-t-il.
Tous les matins, en descendant les escaliers de sa maison, le patron de la start-up wallonne voit le portrait de son grand oncle, Arthur, un résistant qui a été fusillé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce qui motive Bruno. «Ce n’est pas si évident que ça de combattre un monstre comme Google. Donc oui, c’est inspirant. Il s’est fait fusiller à l’âge de 18 ans, j’ai beaucoup d’émotions à le dire. C’est un héros dans la famille, je ne fais pas grand-chose à côté de lui, mais c’est sûr que c’est inspirant».
Des conséquences personnelles
«Si j’avais su que ce combat allait prendre autant de temps et m’épuiser autant, je ne l’aurais peut-être pas fait. J’invite les jeunes entrepreneurs qui rencontrent des difficultés face à des GAFA de se défendre, mais néanmoins, je dois être honnête, ça m’a coûté beaucoup en fait. Ça m’a coûté des amitiés, ça m’a coûté une belle relation amoureuse, ça m’a coûté parfois des difficultés avec mes propres enfants, ça a inquiété mes parents. Donc oui, on réfléchit à deux fois, mais aujourd’hui je suis trop loin pour faire demi-tour» analyse Bruno Van Boucq.
Il espère une victoire définitive sur Google d’ici février 2026.


















