Partager:
« Regardez ce qu’on retrouve et ce sont nos ouvriers communaux qui doivent ramasser. Ce n’est pas leur travail », déplore Nathalie Demanet, bourgmestre d’Havelange, devant un tas de déchets qui jouxtent des bulles à vêtements de l’ASBL Terre. Depuis l’entrée en vigueur, en janvier 2025, de la directive européenne imposant un tri sélectif des textiles, les bulles de collecte débordent dans de nombreuses communes. Il est désormais interdit de jeter ses vêtements avec les déchets ménagers : ils doivent être déposés dans des zones spécifiques. Mais la saturation de ces dispositifs entraîne une multiplication des dépôts sauvages.
À Havelange, la bourgmestre Nathalie Demanet tire la sonnette d’alarme : « On fait appel au bon sens des citoyens, qu’ils soient havelangeois ou de passage. Qu’ils arrêtent de déposer des sacs de vêtements ou des déchets en dehors des containers. Une fois que ces containers sont pleins, c’est comme chez eux, ils ne mettent pas les détritus par terre parce que la poubelle est pleine. On les invite à reprendre leurs sacs et à revenir plus tard lorsque le ramassage est fait. »
Face à ces comportements, la commune envisage des mesures plus strictes. « Il y a un certain nombre de communes qui s’équipent de caméras. On pense peut-être le faire, mais rien n’est encore décidé. Ce n’est pas notre intention au départ. On pense aussi à l’éventualité de faire payer des redevances si le personnel du service technique doit ramasser les poubelles », explique Nathalie Demanet, qui rappelle que « déposer des sacs à côté du container, c’est considéré comme un dépôt clandestin et donc c’est sanctionnable ».
Venez les déposer en magasin
La commune namuroise n’est pas la seule concernée. Par exemple, en province de Liège, Plombières a annoncé des amendes allant jusqu’à 250€ pour les auteurs de ces dépôts, écrivent nos confrères de Sudinfo.
Quelles alternatives ?
Cette directive européenne engendre un afflux inédit de textiles à récolter pour les ASBL en charge de la récupération, comme Oxfam, Terre ou Les Petits Riens. C’est ce qui fait que les bulles débordent, on l’a dit.
Pourtant, des alternatives existent. « L’une des pistes qu’on conseille de privilégier, c’est, lorsque vous avez des magasins (de l’ASBL) à côté de votre domicile et des vêtements de très bonne qualité à donner, plutôt que d’aller les déposer dans des bulles qui pour l’instant débordent souvent, venez les déposer dans un magasin », propose Thierry Smets, directeur général des Petits Riens. « Ils ne seront pas exposés à la pluie, ils seront directement réceptionnés, remis en magasin et vendus très vite dans un circuit court qui est beaucoup plus vertueux. »
La question des textiles fortement usés ou endommagés fait débat. Le ministre de l’Environnement, Yves Coppieters, affirme que les vêtements, s’ils ne sont ni souillés ni mouillés, peuvent tout de même être déposés dans les bulles, même s’ils sont abîmés. Une position que contestent les agents de terrain.
Thierry Smets explique sa position : « Les vêtements déchirés, je conseille de les laisser dans le sac blanc également. Parce que si vous les mettez dans le sac blanc, ils partent à l’incinérateur. Si vous les mettez dans nos guérites, ils vont être collectés, triés et ils partiront quand même à l’incinérateur. »
Pour les ASBL, les subventions actuelles restent trop faibles pour gérer les 34.000 bulles installées.

















