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Didier Reynders soupçonné de blanchiment: la Loterie Nationale monte au créneau et se défend

Une semaine après les révélations sur Didier Reynders, suspecté de blanchiment via des billets de loterie, la Loterie Nationale défend son intégrité. Elle rappelle avoir détecté et signalé un comportement suspect dès 2022 et insiste sur le caractère isolé de l'affaire, tout en réfutant certaines informations relayées par les médias.

La Loterie Nationale monte au créneau, une semaine après l'annonce de l'enquête impliquant Didier Reynders. La presse révélait alors que l'ancien ministre était suspecté de blanchiment d'argent via des billets de loterie. "Certains faits erronés relayés dans les médias ont ainsi porté gravement atteinte à l’image de la Loterie Nationale", répond-elle.

"Une note explicative détaillant les faits et les mesures prises par la Loterie Nationale a été présentée et débattue" lors d'une réunion de son Conseil d'administration de ce mardi 10 décembre.

Les membres soulignent que "la cellule 'forensic' a fonctionné avec efficacité en détectant un comportement de jeu anormal pouvant indiquer un possible blanchiment d'argent". Ils ajoutent également que "la direction a rempli son devoir en signalant ce fait au parquet fédéral dès 2022".

Ce cas reste, d'après le Conseil d'administration, isolé et "ne reflète en rien les pratiques des millions de joueurs de la Loterie Nationale". Les jeux de loterie "présentent un faible risque en matière de blanchiment d'argent", d'autant que des règles strictes sont appliquées.

La Loterie Nationale révèle que ce qui a éveillé les soupçons est "la combinaison répétée (...) sur une longue période" des plafonds stricts fixés sur les dépôts et les participations.

Le cas de Didier Reynders est donc exceptionnel : "Aucun autre joueur n’a jamais cumulé de manière similaire plusieurs plafonds de limites de jeu. Il s’agit de deux comptes joueurs sur un total de 2 millions de comptes ouverts auprès de la Loterie Nationale".

La Loterie Nationale ne pouvait pas prendre de mesures qui pourraient entraver ou rendre impossible une enquête judiciaire

Dans la note explicative présentée au CA et jointe au communiqué, on peut lire que la Loterie a "pleinement coopéré à l'enquête dans les mois qui ont suivi" la déclaration auprès du parquet fédéral en 2022. "Entre-temps, la Loterie Nationale ne pouvait pas prendre de mesures qui pourraient entraver ou rendre impossible une enquête judiciaire, comme bloquer des transactions, mettre fin à la vente des e-tickets via les points de vente ou fermer des comptes joueurs", est-il encore précisé.

On apprend aussi que la Loterie n'était pas soumise à l'obligation de faire un signalement à la Cellule de Traitement des Informations Financières (CTIF) en raison d'une analyse de risque approfondie qui a conclu que les jeux de la Loterie présentent un "faible risque en matière de blanchiment d'argent".

"Un grand nombre de participants jouent pour des mises relativement modestes. Cela rend toute activité avec des intentions moins honorables très intensive en main-d'œuvre et demande un temps et une énergie disproportionnés", détaille la note. "De plus, le paiement aux joueurs est en moyenne de seulement 60% (...) En d'autres termes, pour quelqu'un ayant des intentions de blanchiment d'argent, c'est dans presque toutes les circonstances une opération avec un effort élevé pour un rendement faible", insiste-t-elle.

La Loterie a néanmoins fait une déclaration auprès du parquet fédéral, dans le cas médiatisé la semaine passée.

Dans sa note, le CA s'insurge aussi contre l'affirmation selon laquelle il serait possible de transférer l'argent déposé sur un compte joueur de la Loterie vers un compte bancaire. L'entreprise assure que "non, car le solde total comprend de l'argent 'gagné' et de l'argent 'déposé' sur le compte de jeu. Seul l'argent 'gagné' peut être transféré".

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