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Sur le terrain, les réactions sont partagées face au plan social qui accompagne la réforme de la Défense. Parmi les mesures prévues, l’une des plus sensibles concerne l’âge de la retraite, qui sera relevé. Une évolution qui suscite le scepticisme de nombreux militaires.
Nous avons rencontré le colonel à la retraite Pascal Parmentier, figure respectée de l’armée belge. S’il reconnaît l’adaptabilité du personnel militaire, il reste prudent quant à la portée réelle de la réforme. Lui-même est à la retraite depuis quatre ans. À 60 ans, avec la réforme, il serait encore en fonction aujourd’hui.
Pour lui, la question de la pénibilité reste centrale. « Le militaire est censé transporter une quantité importante de matériel, et avec les nouvelles technologies, ce matériel est de plus en plus lourd. » Il s’interroge : « Est-ce que je suis prêt à partir à l’étranger plusieurs mois par an encore à 60 ou 65 ans ? »
En février dernier, des militaires avaient déjà manifesté leur opposition. Plusieurs d’entre eux s’étaient confiés anonymement. Certains menaçaient de quitter l’armée si la réforme entrait en vigueur. Une inquiétude qui touche particulièrement les 45-50 ans, expérimentés mais encore loin de la retraite. « Il n’y aura plus d’avantage à rester à la Défense », affirmait l’un d’eux, évoquant les avantages du secteur privé : voitures de société, cartes carburant, primes, véritable treizième mois…
« Des choix qu’on fait à 20 ans ne seront peut-être pas des choix que l’on fera à 30 ou à 40 ans. Une réorientation de carrière n’est pas impossible », souligne Pascal Parmentier. Pour ceux qui resteraient, une solution pourrait être le reclassement, les retirer du terrain. Mais ce processus s’annonce compliqué. « Beaucoup de postes de reclassement sont désormais occupés par des entreprises ou du personnel civil, dont le nombre est en augmentation », précise le colonel Parmentier. « Il faudra donc veiller à ce qu’un nombre suffisant de postes reste accessible à tous les militaires. »
Autre crainte majeure : le recrutement. L’argument de la retraite anticipée, qui jouait en faveur de la Défense, risque de disparaître. Une perte d’attractivité que redoute toute une partie du corps militaire.


















