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Sonia, 42 ans, est atteinte de myopathie. En chaise roulante, elle rêve depuis toujours d’une maison en bois, confortable et adaptée à ses besoins. Elle pense avoir trouvé le bon professionnel : Thierry, 53 ans, se présente comme un expert des maisons en ossature bois, diplômé, sûr de lui, et rassurant. « Quand je l’ai rencontré, je voyais quelqu’un qui connaissait le sujet. Une mise en confiance totale. Il m’a dit : ‘Je suis là pour vous, je vais vous chouchouter’ », se souvient Sonia.
Séduite par le projet sur mesure et le prix raisonnable (127.000 €), elle verse rapidement un acompte de 100.000 €. Mais le chantier s’arrête aussi vite qu’il a commencé. L’entrepreneur devient injoignable, puis disparaît complètement. Sonia est ruinée. « Il n’y a pas un moment qui m’a mis la puce à l’oreille. Rien ne montrait son côté obscur », confie la jeune femme.
Conseil n°1 : Ne jamais verser un gros acompte sans garanties
« En Belgique, c’est précisément pour éviter ça qu’existe la loi Breyne », explique Benjamin Maréchal. Cette loi impose que les paiements soient étalés en fonction de l’avancement des travaux, et sur base d’un certificat de l’architecte. Elle interdit de verser un montant disproportionné dès le départ. « On ne verse pas 100.000 € en un coup. C’est comme ça qu’elle s’est fait piéger », ajoute Benjamin Maréchal.
En France, où Sonia a signé, ces règles ne sont pas aussi strictes : en dessous de 150 m², un architecte n’est pas obligatoire, ce qui laisse la porte ouverte à davantage d’abus.
Conseil n°2 : Vérifiez toujours les antécédents de l’entrepreneur
L’homme qui a arnaqué Sonia n’en est pas à son coup d’essai. Il aurait escroqué au moins une vingtaine de familles selon l’enquête. Une fois l’argent empoché, il abandonne les chantiers, liquide sa société, et organise son insolvabilité. « C’est le coup classique. Mais organiser son insolvabilité est une infraction pénale », rappelle Benjamin Maréchal.
Pour éviter de tomber sur un escroc :
- Consultez la liste JustBan du ministère de la Justice : elle recense les entrepreneurs interdits de gestion
- Passez par Embuild, la plateforme officielle qui regroupe plus de 16.000 artisans et entrepreneurs vérifiés en Belgique.
« S’il est référencé là, vous êtes déjà sûrs qu’il n’a pas de dettes sociales ou fiscales », conseille Benjamin Maréchal.
Conseil n°3 : En Belgique, un architecte est obligatoire
En Belgique, pour tout chantier, un architecte est imposé par la loi. Il joue un rôle de référent, vérifie les malfaçons, établit des rapports réguliers et sert de garde-fou. « Il y a deux étapes clés : la réception provisoire et la réception définitive, séparées par un an. Ce délai permet de repérer les malfaçons et d’intervenir », explique Benjamin Maréchal.
Conseil n°4 : Attention aux travaux bénévoles… mal encadrés
Parmi les autres victimes, Katia et Ludovic, un couple modeste, est lui aussi tombé dans le piège. Convaincus par un projet de maison rapide et bon marché, ils versent plus de 150.000 €. Résultat : chantier abandonné, malfaçons, et des dettes. « Dans un monde idéal, on pourrait suspendre le crédit, mais en réalité, le contrat bancaire continue, même si l’entrepreneur disparaît », précise Benjamin Maréchal.
Décidés à finir leur chantier seuls, Katia et Ludovic ont lancé un appel à l’aide. Des bénévoles viennent chaque week-end. Mais là encore, prudence. « À votre place, je ne le ferais pas. Les autorités pourraient considérer ça comme un chantier au noir », avertit Benjamin Maréchal. La loi autorise l’aide de membres de la famille jusqu’au 2e degré, mais pas d’amis ou de bénévoles inconnus. Le risque est réel.
Une condamnation, mais pas de réparation
Thierry, l’escroc présumé, a été jugé et a écopé de huit mois de prison avec sursis. Sonia était présente au procès. Mais selon nos informations, il continuerait à exercer aujourd’hui… dans le sud de la France, avec un nouveau concept : des maisons en conteneurs maritimes.
Sonia, en situation de handicap, aurait pu espérer une reconnaissance de sa vulnérabilité dans les poursuites. Mais en Belgique, ce n’est pas le cas. « Le fait d’être handicapé n’impacte pas le préjudice. C’est l’architecte qui est juridiquement responsable du bon déroulement du chantier », conclut Benjamin Maréchal.
Les conseils de Benjamin Maréchal sont à découvrir en streaming sur RTL play et ce mercredi 24 septembre à 20h25 sur RTL tvi.


















