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Près d’un étudiant sur deux (47 %) a renoncé à au moins un soin de santé cette année, ressort-il lundi d’une enquête de Solidaris sur le report de soins pour raisons financières. Ils ont particulièrement sacrifié leur santé mentale
Depuis 2022, l’accessibilité aux soins pour raisons financières se dégrade ainsi très nettement pour les étudiants, qui enregistrent +5 points en un an (47 %) et +21 points en onze ans, s’inquiète la mutualité socialiste. Cela fait trois années de suite qu’ils dépassent leur propre record.
La santé mentale est la spécialité la plus délaissée : 26 % des étudiants renoncent à un soin psychologique ou psychiatrique pour des raisons de coût, un chiffre en hausse de 10 points en un an et 16 points sur dix ans. La progression touche également d’autres disciplines, comme les spécialistes, l’ophtalmologie mais aussi l’achat de médicaments.
Inégalités et précarité : les plus vulnérables sont les plus touchés
Plus globalement, 41 % de la population a renoncé à au moins un soin au cours des 12 derniers mois, contre 32 % en 2015, selon cette enquête menée auprès de plus de 1.200 Belges francophones et dont la marge d’erreur est d’environ 3 %. Malgré une légère amélioration depuis le pic de 2019 (48 %), certains groupes restent particulièrement vulnérables. C’est le cas des familles monoparentales (60 % renoncent à au moins un soin), des groupes sociaux précaires, des personnes au chômage (avec une explosion de 16 points du renoncement en santé mentale pour atteindre 37 %) et des pensionnés (37 %).
Les inégalités de genre sont également marquées puisque près d’une femme sur deux renonce à au moins un soin, contre un homme sur trois.
Pour lutter contre ces constats, Solidaris propose de « garantir un revenu digne pour les personnes en incapacité de travail » en relevant les indemnités minimales à 10 % au-dessus du seuil de pauvreté dès le premier mois d’incapacité et en revoyant le calcul des indemnités pour les travailleurs reprenant un temps partiel afin de protéger les faibles revenus.
La mutualité socialiste préconise aussi de renforcer la protection financière des publics les plus fragiles via, entre autres, la suppression ou le plafonnement des frais supplémentaires, la généralisation du tiers-payant et l’extension automatique du statut BIM (bénéficiaires de l’intervention majorée) aux familles monoparentales. Limiter les coûts en maisons de repos avec des plafonds proportionnels aux revenus est une autre de ses pistes.
L’organisation plaide en outre pour des soins mieux remboursés et plus de sécurité tarifaire pour les patients.
Enfin, pour la santé mentale des étudiants, Solidaris exhorte à augmenter l’offre de soins adaptée aux jeunes et à supprimer la limite de séances remboursées chez les psychologues de première ligne pour les jeunes de 23 ans ou moins.















