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Au départ, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) avait annoncé que seuls les patients prenant des statines préventivement seraient concernés par le moindre remboursement des statines. Mais finalement, ce sont tous les patients qui paieront leurs médicaments plus chers, même ceux à risque.
L’augmentation prévue pour le patient est de 3,50€ à 4€ par mois car les médicaments hypocholestérolémiants vont passer de la catégorie B (importants sur le plan thérapeutique) à la catégorie C (destinés au traitement symptomatique).
Le ministre justifie cette décision en disant que les Belges en consomment trop, de ces médicaments hypocholestérolémiants. 88 % des patients à qui on en prescrit n’ont pas d’antécédents de maladie cardiovasculaire. Et comme le remboursement de ces médicaments a coûté près de 250 millions d’euros à l’assurance maladie en 2024, il compte faire descendre cette facture de 29,4 millions en 2026.
Le risque ? Que les plus démunis arrêtent leur traitement
Qui sera concerné ? Il faut savoir qu’environ un quart des adultes de plus de 40 ans prend des statines, soit environ 1,5 million de personnes. Parmi elle, il y a Joël, 57 ans. Suite à un infarctus il y a 5 ans, il prend ces statines médicament en prévention. Pourra-t-il se permettre cette augmentation de prix ? « Moi peut-être, mais il y a d’autres personnes qui vont peut-être négliger leur médication et passer à côté. »
C’est la crainte aussi des médecins, comme Weverly Hazendonck : « Certains patients, suite à la charge financière supplémentaire, décident d’arrêter ce médicament. Et donc, ça risque en définitive d’augmenter les problèmes cardiovasculaires sur le long terme. »
Pas une économie à long terme
Pour elle, la décision est aberrante… et coûtera plus cher à la sécurité sociale sur le long terme : « Ce sont des médicaments qui sont indispensables dans la prévention et ce n’est pas au patient à payer plus de sa poche pour quelque chose qui le protège et qui, du coup, induit des effets bénéfiques au niveau de la sécurité sociale, parce que via ces médicaments, il y a moins de risques d’infarctus, d’AVC, etc., qui sont un coût supplémentaire pour la société lorsque le patient est hospitalisé et a besoin de médicaments supplémentaires ou de soins médicaux beaucoup plus importants. »
En effet, la prise de statines en prévention primaire réduit le risque d’AVC de 29 % et le risque d’infarctus du myocarde de 36 %. Comment ? « Elles vont venir modifier le métabolisme du cholestérol en tant que tel pour qu’il y ait moins d’agglomérations au niveau des vaisseaux vasculaires et notamment au niveau des artères », détaille le Dr. Hazendonck.
Au moins, le médicament est toujours disponible…
Chez Laurent Statquet, pharmacien, ce sont « plus ou moins 800 patients » qui sont concernés. Il délivre 3 400 boîtes par an. Lui tente de relativiser. Son objectif premier, « c‘est de rassurer les patients, de leur dire que les molécules ne sont pas en rupture de stock. » S’il admet que cette augmentation « pourrait poser problème pour certaines personnes, on parle d’une hausse relativement limitée », estime-t-il tout de même.
Pour compenser l’arrivée d’un médicament… 43 fois plus cher ?
En octobre, le PTB dénonçait déjà l’intention d’augmentation du prix de ces statines. Selon une étude que le PTB a menée sur les dépenses de l’INAMI (Institut national d’assurance maladie-invalidité) en médicaments hypolipémiants, ce ne sont pas les statines qui feraient grimper les coûts pour l’État, mais plutôt « les nouveaux médicaments hypolipémiants, très coûteux ». « Et c’est le ministre Vandenbroucke lui-même qui autorise ces prix élevés par le biais d’accords secrets », dénonçait Natalie Eggermont, médecin et députée PTB. L’étude indique qu’une année de statines coûte à l’État 104 € par patient en remboursements. Le nouveau médicament hypolipémiant Leqvio, quant à lui, coûterait à l’assurance maladie jusqu’à 4 471 € par patient et par an, soit 43 fois plus. « Alors que la véritable cause des dépassements budgétaires réside dans les prix exorbitants des nouveaux médicaments obtenus grâce à des contrats secrets, la ministre Vandenbroucke rejette la faute sur les patients », déplorait la députée.
En réponse, le ministre Vandenbroucke a déclaré que cette augmentation pour les patients se voulait « un signal pour se concentrer sur des facteurs autres que la simple prise de médicaments. De cette façon, nous pouvons investir notre argent dans de nouveaux médicaments qui peuvent aider efficacement les malades, mais qui sont souvent très coûteux. Nous choisissons donc de dépenser l’argent de la sécurité sociale pour ceux qui en ont le plus besoin ». Il ajoute que l’accès aux médicaments hypolipémiants onéreux, tels que le Leqvio, devrait rester réservé aux personnes présentant des problèmes spécifiques et plus graves et des contrôles stricts exercés par les mutualités devraient permettre une action ciblée.

















