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Au moins 200.000 personnes dans les rues de Varsovie: des manifestations organisées à une semaine des élections polonaises

Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé ce dimanche à Varsovie dans deux rassemblements concurrents, incarnant la polarisation du pays entre pro-européens et nationalistes. Les deux camps affichent leurs forces avant un second tour extrêmement serré. 

À une semaine du second tour de la présidentielle polonaise, la tension monte dans les rues comme dans les sondages. Ce dimanche, Varsovie a été le théâtre de deux manifestations massives, reflétant la fracture politique qui traverse le pays. D’un côté, les soutiens de Rafal Trzaskowski, maire de la capitale et candidat pro-européen soutenu par le gouvernement centriste de Donald Tusk ; de l’autre, ceux de Karol Nawrocki, historien nationaliste qui incarne une ligne conservatrice assumée. 

Deux marches, deux visions de la Pologne 

Rafal Trzaskowski, 53 ans, arrivé en tête du premier tour avec 31 % des voix, a rassemblé ses partisans lors d'une "grande marche des patriotes" sur la place de la Constitution. Il y a lancé un message d’unité et d’espoir : "Ces élections sont l'occasion de construire, de créer et non de détruire".

De l’autre côté de la ville, la "marche pour la Pologne" menée par Karol Nawrocki, 42 ans, s’est terminée sur la place du Château. Ses partisans, arborant drapeaux polonais et pancartes anti-immigration, ont entonné des chants patriotiques et religieux. "Le changement arrive. Nous allons gagner !", a-t-il affirmé à la foule. 

Guerre des chiffres

Chacun des camps a revendiqué une mobilisation massive. Les organisateurs de la marche nationaliste annoncent 200 000 participants, tandis que le Premier ministre Donald Tusk a évoqué 500 000 manifestants pour le rassemblement pro-Trzaskowski. Des estimations revues à la baisse par le site d'information Onet, qui parle de 70 000 personnes pour Nawrocki contre 160 000 pour Trzaskowski. 

Le second tour s’annonce extrêmement serré : les deux candidats sont donnés à égalité parfaite dans les derniers sondages, avec 46,3 % d’intentions de vote chacun. Le résultat pourrait avoir un impact déterminant sur l’avenir politique du pays et son positionnement sur la scène internationale. 

En cas de victoire de Trzaskowski, la cohabitation difficile entre le président sortant Andrzej Duda et le gouvernement de Donald Tusk prendrait fin, renforçant l’ancrage pro-européen de la Pologne. Une victoire de Nawrocki, en revanche, pourrait raviver les tensions avec l’exécutif et remettre en cause plusieurs orientations stratégiques actuelles. 

Immigration, Ukraine, Europe : les lignes de fracture 

Karol Nawrocki, soutien affiché de l’ancien président américain Donald Trump, s’oppose à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et critique les mesures accordées aux réfugiés ukrainiens, très nombreux en Pologne. Il défend une vision souverainiste et conservatrice, en rupture avec les ambitions européennes du gouvernement. 

Nous avons un gouvernement cosmopolite

"Je suis Polonais et donc je vote pour un candidat qui garantira notre avenir et agira comme un contrepoids au gouvernement actuel", explique Piotr Slaby, employé du secteur financier venu de Przemysl. Même discours chez Piotr Nowak, technicien de 41 ans à Varsovie : "Nous avons un gouvernement cosmopolite. Il veut introduire l’euro et nous allons perdre notre souveraineté" .

Des valeurs opposées 

À l’opposé, les partisans de Trzaskowski mettent en avant les droits humains, les valeurs européennes et les libertés individuelles. Des drapeaux de l’UE et LGBTQ flottaient dans les rues de Varsovie. "Je soutiens Trzaskowski parce qu’il veut protéger les personnes LGBTQ et les droits des femmes sur l’avortement", confie Olivia, étudiante de 20 ans. Pour Kurnik Irek, homme d’affaires de 52 ans, "un vote pour Trzaskowski est le seul moyen d’aller vers l’Europe plutôt que vers la Russie".

Dans un climat tendu, la Pologne s’apprête à trancher entre deux visions du pays. Verdict dans une semaine. 

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