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Donald Trump a décidé de suspendre l'aide militaire américaine à l'Ukraine. Cette aide est pourtant cruciale, car bien que l'avancée russe ait ralenti, les forces armées russes ont réussi à s'emparer de plusieurs villes depuis le début de l'année, couvrant une superficie totale de 600 km². Quelles conséquences cette mesure va-t-elle avoir sur le terrain ? L'Europe pourrait-elle remplacer les Etats-Unis comme soutien de premier plan ?
Rien ne va plus entre Trump et Zelensky. Le président américain vient de suspendre l'aide militaire américaine, soit 3,8 milliards d'euros de matériel. Son message est clair : "Il devrait être plus reconnaissant parce que notre pays est resté jusqu'ici avec eux".
Pour les deux experts que nous avons interrogés, cette décision est un tournant car les Etats-Unis sont un acteur clé. "Les Américains livrent des armes que ne peuvent pas livrer les Européens. Par exemple, certains missiles guidés, les structures de renseignement, les satellites, mais aussi des composants, les pièces pour les F-16", explique Nicolas Gros-Verheyde, expert des questions de défense et rédacteur en chef du magazine spécialisée B2.
L'Europe face à un défi majeur : compenser le retrait américain en Ukraine
"Ce sera très difficile de remplacer au pied levé l'ensemble de l'appui qui était fourni par les Américains à l'égard de l'Ukraine, en tout cas pas dans le court terme", corrobore Alain de Neve, chercheur à l’institut royal supérieur de défense. "Les Ukrainiens pourraient se retrouver au pied du mur sur le plan opérationnel", estime-t-il.
La plus grande interrogation concerne le système de surveillance et de renseignement américain. Sans lui, l'Ukraine est aveugle, ou presque. Kiev dépend aussi des batteries de missiles d'interception Patriot qui protègent son ciel des Russes. A cela s'ajoutent l'équipement lourd et les munitions.
"Le seul problème, c'est la masse critique. L'Europe ne dispose pas actuellement de la masse critique de matériel qui leur permettrait de remplacer un retrait ou une réduction des forces et du soutien américain", analyse Alain de Neve.
"L'Europe est au pied du mur, elle ne s'est pas préparée. On va dire que ça a un peu été la cigale. Elle a consommé du budget, elle a acheté américain. Elle n'a pas pensé à l'autonomie, à part deux ou trois pays. Donc elle est placée au pied du mur et coincée", tranche Nicolas Gros-Verheyde.
L'Europe doit produire plus vite pour ne pas entamer son propre stock d'armes stratégiques. Depuis trois ans, l'Ukraine tente de devenir plus autonome. Elle produit aujourd'hui 55% de son arsenal et ne dépend plus qu'à 25% des Européens et 20% des Etats-Unis. Restent les munitions et la logistique. Certains experts estiment que sans les Américains, Kiev risque de ne pas tenir plus de six mois face à la Russie.


















