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Pierre s'étonne de la facture de 811€ pour un transport en ambulance de 42 kilomètres: "Ma maman n’avait besoin que de deux points de suture"

Pierre nous a contactés via le bouton orange "Alertez-nous", car il s'étonne du montant de la facture reçue pour le transport de sa maman entre le CHU de Namur (site de Dinant) et la maison de repos de celle-ci à Gedinne. Au total, le service d'ambulance lui réclame 811€. Une somme légale, mais qui soulève plusieurs questions dans le secteur. 

811,67€: c'est le montant total de la facture reçue par Pierre après le transport de sa maman depuis le CHU de Namur (site de Dinant) jusqu'à sa maison de repos à Gedinne. "Elle est tombée sur la tête et elle n’avait besoin que deux points de suture. Il fallait donc trouver un médecin. Ils ont appelé le 1733 et il n’y avait pas de médecin disponible. Donc il a fallu la prendre en ambulance de Gedinne jusque Dinant", nous explique l'alerteur. 

Une fois les soins prodigués, l'hôpital décide alors de laisser partir la maman de Pierre et une ambulance est à nouveau appelée. "On a fait dépêcher une ambulance en pleine nuit (vers 1h du matin, ndlr) et ça nous a coûté 812 euros pour la rapatrier à la maison de retraite", confie-t-il. Un montant jugé "excessif" par notre alerteur: "La mutuelle rembourse une petite partie, d’une centaine d’euros mais pas plus... Quelle honte un prix pareil pour faire 42 kilomètres". 

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Pour mieux comprendre le montant de cette facture (voir ci-dessus), il est bon de prendre connaissance de plusieurs points importants: 

  • Si le premier trajet (de la maison de repos vers l'hôpital) était considéré comme urgent et donc soumis à un tarif forfaitaire (autour de 70€ à charge du patient, quelle que soit la longueur du déplacement), ce n'est pas le cas du second. Il s'agit alors d'un transport non-urgent, dont les prix maximum sont fixés par l'AVIQ, l'Agence pour une Vie de Qualité. 
  • Ce trajet ayant eu lieu pendant la nuit, l'AVIQ permet aux services ambulanciers d'augmenter leurs prix de 20%. 
  • Le calcul des kilomètres parcourus par l'ambulance s'effectue de base à base. Dans le cas présent, la base des ambulances est située à Achêne et le trajet total est donc: Achêne - CHU Dinant - Maison de repos - Achêne. Soit, 110 kilomètres, même si la patiente n'a passé "que" 40 kilomètres dans l'ambulance. 

En Wallonie, les prix maximum pour les transports non-urgents sont fixés par l'AVIQ. Comme les montrent les documents ci-dessous, le service d'ambulance a donc facturé le maximum, tout en restant dans le cadre légal. "Dans un souci d'accompagnement, nous avons proposé un échelonnement de paiement sans frais ni intérêts", nous écrit le président du service contacté par nos soins. 

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Un système qui soulève des questions

Si cette situation est donc parfaitement légale, elle soulève tout de même plusieurs problématiques. D'abord, Pierre nous confie que l'hôpital ne l'a jamais contacté pour lui proposer de venir chercher sa maman. "On n'a pas été prévenu. Ils auraient pu la garder une nuit ou j'aurais pu aller la chercher", déplore-t-il. 

"À une heure du matin, ce n'est plus du service non-urgent", pense Kenneth Arkesteyn, président de Belgambu, l’organisation professionnelle belge des services d’ambulances et de transport de patients. "À cette heure-là, il y a très peu d'ambulances disponibles. Si les hôpitaux prennent l’initiative de faire sortir un patient à une heure aussi tardive, il est logique qu’ils contribuent aux coûts associés.. Ils optimisent le fonctionnement d'un hôpital, mais c'est le patient qui paie. On constate que dans certains cas, la sortie du patient est organisée sans coordination sur les modalités de transport, ce qui peut mener à des situations coûteuses pour le patient. Pour eux, c'est un problème logistique: ils savent qu'à une heure du matin, trouver une ambulance, c'est le plus facile. Nous plaidons pour un cadre plus clair et homogène pour tous les services, afin d’assurer transparence et équité pour le patient. L'objectif est qu'il n'y ait plus de concurrence au niveau du prix, mais au niveau de la qualité", ajoute Kenneth Arkesteyn. 

On demande qu'une réflexion soit menée pour réfléchir à un financement solidaire et public

Une autre différence entre le transport urgent et non-urgent est que le premier cité dépend d'une compétence fédérale, tandis que le second relève des régions. "S'il y a un forfait, c'est parce qu'il y a pas mal de subsides. Dans les trois régions, les gouvernements ne paient pas un euro pour le transport non-urgent, tout est à charge des patients. On demande qu'une réflexion soit menée pour réfléchir à un financement solidaire et public pour que ces factures soient abordables pour tout le monde", insiste le président de Belgambu. 

En Wallonie, des discussions se tiennent d'ailleurs entre les acteurs de terrain et le cabinet d'Yves Coppieters, le ministre wallon de la santé. "Il y a deux axes de travail", nous confirme le cabinet du ministre avant de poursuivre. "D'abord, on veut rendre cela plus transparent et lisible. Ensuite, à plus long terme, réformer pour qu'une partie de ces coûts soient pris en charge par les soins de santé". Le transport pourrait alors être intégré à la facture globale ses soins de santé, mais il faudrait alors des accords avec le niveau fédéral, compétent en la matière. 

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