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« Un profond sentiment d’injustice » : Joachim achève une formation d’infirmier breveté… qui sera bientôt supprimée

Par RTL info avec Pierre Fagniez
La fin de la formation d’infirmier breveté suscite des inquiétudes, notamment chez Joachim, proche d’obtenir son diplôme. Le cabinet Glatigny défend la mesure, également soutenue par la Fédération nationale des infirmiers de Belgique.

Joachim s’inquiète de la disparition programmée du diplôme d’infirmier breveté. « Notre diplôme risque de ne plus avoir la même valeur que celui d’infirmier A1 dans notre propre pays », nous écrit-il via le bouton orange Alertez-Nous. Pour rappel, le gouvernement a officiellement annoncé que plus aucune inscription ne serait possible en première année de brevet dès août 2026.

Cette formation, née dans les années 1960 pour répondre à la pénurie de soignants, devait à l’origine être transitoire. Elle sera remplacée par deux parcours distincts : le bachelier en soins infirmiers d’un côté et, de l’autre, la nouvelle fonction d’Assistant en soins infirmiers (ASI).

Inquiétudes dans la profession

Avant d’entamer sa formation d’infirmier breveté, Joachim a travaillé près de 15 ans comme aide-soignant. Il achève aujourd’hui sa formation. « Je suis fier d’avoir franchi ce cap, qui représente un véritable investissement personnel et familial », confie-t-il.

Mais cette nouvelle étape dans sa vie professionnelle n’a pas tout à fait la saveur espérée… Joachim redoute qu’avec la fin annoncée de la formation d’infirmiers A2, son diplôme perde de sa valeur au moment même où il s’apprête à l’obtenir : « Il y a beaucoup d’incompréhension et un profond sentiment d’injustice, confie-t-il. Les collègues se sentent déconsidérés, comme si toutes ces années d’expérience ou d’études n’avaient plus la même valeur. Pour beaucoup, c’est vécu comme une forme de mépris pour la réalité du terrain ».

L’infirmier craint également une fuite des professionnels vers les pays voisins, qui pourrait aggraver la pénurie de personnel soignant en Belgique.

Le cabinet Glatigny rassure

Pour Florent Blieck, attaché de presse de la ministre de l’éducation Valérie Glatigny, ces craintes ne sont pas fondées : « La réforme ne dévalorise en rien les actuels infirmiers brevetés. Tous les étudiants engagés dans la formation actuelle pourront la terminer, avec la garantie d’obtenir un diplôme reconnu au niveau européen, y compris en cas de redoublement, et de pouvoir faire une passerelle, s’ils souhaitent, vers le bachelier. »

Cette simplification clarifie le système et tire tout le monde vers le haut.

Dan Lecocq, président de la Fédération Nationale des Infirmières de Belgique, partage cette analyse : « Il faut tordre le cou à ce canard. Il n’est nullement question de remettre en cause les droits acquis. Les actuels diplômés conserveront leur statut et seront assimilés à des infirmiers responsables de soins généraux. Les étudiants actuellement inscrits obtiendront pleinement leur brevet. »

Pour lui, cette réforme ne compromet pas non plus l’attractivité du métier, bien au contraire : « C’est faux de dire que cela va accroître la pénurie. Dans les pays qui n’ont qu’une seule filière de formation, on ne constate pas plus de manque qu’ailleurs. Cette simplification clarifie le système et tire tout le monde vers le haut. »

Pourquoi supprimer la format d’infirmier breveté ?

Selon Florent Blieck, trois raisons principales ont mené à la réforme. D’abord une obligation européenne : sans modification, le brevet n’aurait plus été reconnu automatiquement dans l’Union européenne. Ensuite, l’instauration en 2023 par le niveau fédéral d’une distinction claire entre l’infirmier bachelier et une fonction de soutien intermédiaire. Enfin, un objectif de clarification des parcours dans un contexte de baisse des inscriptions aux études d’infirmier.

L’apparition de l’Assistant en soins infirmiers

Cette réforme s’accompagne de la création d’une nouvelle fonction : l’Assistant en soins infirmiers (ASI). Florent Blieck précise : « Le nouveau profil d’ASI n’est en aucun cas un infirmier au rabais. Il dispose d’une autonomie adaptée sur des situations moins complexes et vient en soutien des équipes, tout en étant encadré par l’infirmier responsable des soins généraux. »

Dan Lecocq confirme que ce rôle est capital pour renforcer les équipes : « On peut lui confier une série d’actes aujourd’hui dévolus aux infirmiers, ce qui soulagera les services tout en valorisant la profession. »

Une transition progressive

La réforme ne sera pas appliquée du jour au lendemain, précise le cabinet Glatigny.

  • Année académique 2025-2026 : dernière rentrée autorisée en première année de brevet.
  • Année 2026-2027 : lancement officiel de la nouvelle formation d’ASI en enseignement pour adultes, avec passerelles vers le bachelier en soins infirmiers.

Cette évolution est pleinement soutenue par la Fédération nationale des infirmiers de Belgique. Pour Dan Lecocq, cette réforme corrige une erreur du passé : « On a inventé cette filière-là (brevet A2, NDLR) pour lutter contre la pénurie d’infirmières., déjà à cette époque… On a un petit peu loupé comme on peut le voir ! Il ne faut plus continuer à appliquer une recette qui ne fonctionne pas, il faut changer de recette ».

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