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Une école de Charleroi interdit "les rastas et les tresses": Yvans, un ancien élève, dénonce une discrimination

Certains règlements d'ordre intérieur sont jugés trop strictes. Dans ce cas-ci, Yvans, un ancien élève de l'Institut Notre Dame à Charleroi, dénonce le règlement de son ancien école qu'il juge discriminant. Récemment, les coiffures "rastas et les tresses" y ont été interdites. Pour lui, cette phrase vise clairement les coupes afro. Comment sont rédigés les règlement d'ordre intérieur? Explications. 

Yvans, un ancien élève de l'Institut Notre Dame à Charleroi, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous car il estime que le règlement d'ordre interiéur de l'établissement est discriminant, surtout envers les coupes afro. "La direction oblige les élèves noirs à couper leurs cheveux, pourtant les élèves belges d'origine quant à eux sont autorisés à garder leurs cheveux comme ils sont", écrit-il. 

Le règlement d'ordre intérieur de cette école a été modifié cette année, notamment pour la coiffure des garçons. Un passage notamment interpelle Yvans: "Interdiction d'avoir des tresses ou des rastas" (voir photo ci-dessous).

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Selon lui, il y a clairement discrimination: "Les seules personnes qui ont ce type de cheveux-là, c'est les personnes noires, elles ont pas les cheveux bleus ou orange, c'est pas quelque chose qui tape à l'oeil, c'est plutôt discret. Je ne vois aucun autre moyen de justifier ça que par une discrimination en fait", explique Yvans. "Pourquoi obliger les élèves noirs à modifier la texture de leurs cheveux naturels? Les cheveux crépus dérangent? Ont-ils un effet sur les notes des élèves ?", s'interroge-t-il.

Le directeur reconnaît que son règlement peut être perçu comme strict, mais il le justifie: "On veut que tout le monde soit plus ou moins dans la même forme de coiffure et d'habillement. Si on impose un code vestimentaire, on veut aussi que le reste soit dans la même lignée. Et je rappelle que personne n'est obligé d'accepter ce règlement. On peut aller ailleurs si le règlement d'ordre intérieur ne convient pas", explique Willy Kersdag. 

De nombreux points discriminants ou flous dans les règlements intérieurs des écoles

Ce règlement a fait l'objet d'un suivi auprès du Comité des élèves francophones. Ce point sur les coiffures interroge: "Le fait que certaines coupes très précises soient mentionnées dans le règlement d'intérieur, ça peut vraiment être discriminant pour certains élèves", explique Eden Glejser, juriste au Comité des élèves francophones. 

Cette instance reçoit des dizaines de plaintes d'élèves. Les règlements d'ordre intérieur sont généralement imprécis: "On parle beaucoup de tenues correctes, pas vulgaires, ou alors des termes beaucoup trop flous. Il y a plusieurs normes qui ne sont pas correctes, notamment au niveau des tenues vestimentaires, et ça mériterait vraiment d'être revu dans beaucoup d'écoles", estime Eden Glejser. 

Le projet pédagogique exerce forcément une influence sur les règlements. Mais dans tous les cas, il est conseillé d'inclure les élèves dans l'élaboration. "C'est plus facile de la part des adultes de dire 'On sait, et on va faire comme nous on a l'habitude de faire parce qu'on a toujours fait comme ça'. Sauf que les élèves n'étaient pas là à l'époque, et donc justement, pour moi, il faut qu'on puisse s'adapter aux élèves du monde d'aujourd'hui. Et de pouvoir justement actualiser les choses par rapport à la jeunesse actuelle", estime Daphné Renders, chargée de mission à la FAPEO (Fédération des Parents et des Associations de Parents). 

Un guide a été établi par la Fédération Wallonie-Bruxelles: il rappelle les principes de proportionnalité et de non-discrimination. Ce guide donne des pistes aux écoles qui restent malgré tout souveraines dans l'élaboration de leurs règlements. 

 

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