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Trois jours après la rentrée scolaire, une élève de 13 ans a fait une crise pathogène en classe à l’Institut Saint-Joseph du Roeulx. Sa grand-mère estime qu’elle a été exclue de l’établissement en raison de son état de santé, ce que l’école et le SeGEC contestent.
Selon Sylvie (nom d’emprunt), sa petite-fille Olivia, âgée de 13 ans, a été écartée de son école au lendemain d’une crise pathogène. Ces crises ressemblent à des crises épileptiques, mais ne présentent pas d’anomalie électrique cérébrale. La grand-mère s’est indignée via notre bouton orange Alertez-nous : « Mon tort a été de n’avoir pas dit qu’elle faisait des crises. Mais on ne m’a rien demandé. Quand je suis arrivée, on m’a dit que l’école ne pouvait pas la garder et que c’était comme si elle n’avait jamais été inscrite », témoigne-t-elle.
Une scolarité compliquée
Olivia n’a pas obtenu le CEB à la fin de sa sixième primaire. Sa grand-mère l’a inscrite en juillet dernier à l’Institut Saint-Joseph du Roeulx, en première différenciée. Elle venait d’un parcours en enseignement spécialisé à La Louvière.
Selon Sylvie, les crises d’Olivia trouvent leur origine dans une histoire familiale difficile. Mais elle insistait pour que sa petite-fille puisse suivre un enseignement ordinaire, afin de réaliser son projet professionnel : « Elle voulait devenir puéricultrice. Si elle reste dans le spécialisé, ça ne sera pas possible », regrette-t-elle.
Une crise impressionnante en classe
Trois jours après la rentrée, Olivia a fait une crise en plein cours. La directrice de l’établissement, Caroline Charpentier, relate l’incident : « L’élève était couchée par terre, elle criait, se cognait la tête au sol et attrapait les chevilles de mes collègues. » Une ambulance a été appelée et la jeune fille a été hospitalisée. C’est suite à cet incident que l’école a examiné attentivement son dossier.
Une inscription jugée non valide
Selon la direction, plusieurs problèmes se posaient. Tout d’abord, l’inscription avait été signée par la grand-mère, et non par le père, responsable légal. Et le dossier scolaire était incomplet. Caroline Charpentier précise : « Il s’agissait d’une inscription provisoire. Il manquait l’avis du centre PMS (centre psycho-médico-social, Ndlr). Sans cet avis, l’inscription était caduque. »
Ce qui pour l’école relève d’un problème administratif et d’orientation est ressenti par la grand-mère comme une exclusion injuste : « On m’a dit que c’était comme si elle n’avait jamais été là, or j’ai toutes les preuves », conteste Sylvie.
De son côté, Arnaud Michel, directeur de la communication du SeGEC, confirme les explications avancées par l’école : « Il n’y a pas de lien direct entre la crise et son renvoi. L’école a des élèves souffrant d’épilepsie ou d’autres maladies, et cela n’a jamais posé problème. Ici, il s’agissait d’un problème de validité d’inscription et d’orientation ».
Olivia inscrite dans un Institut médico-pédagogique
Finalement, Olivia a rejoint un IMP (enseignement spécialisé). Ce qui inquiète Sylvie pour l’avenir scolaire de sa petite-fille : « Un enseignement général, c’est quand même mieux que la spécialisé », estime-t-elle, précisant qu’Olivia a vécu des expériences traumatisantes dans l’enseignement spécialisé.
« On voit régulièrement des jeunes qui seraient peut-être plus épanouis dans l’enseignement spécialisé, réagit Arnaud Michel. On comprend que les proches n’accueillent pas cette orientation de gaieté de cœur, mais cela peut permettre un meilleur encadrement ».
Les règles officielles
Interrogée, l’administration générale de l’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne commente pas cette situation particulière. Néanmoins, elle rappelle le cadre légal : « Un élève régulièrement inscrit dans une école ne peut en être exclu définitivement que si les faits dont il s’est rendu coupable portent atteinte à l’intégrité physique, psychologique ou morale d’un membre du personnel ou d’un élève, compromettent l’organisation ou la bonne marche de l’école ou lui font subir un préjudice matériel ou moral grave. »
Concernant l’orientation vers le spécialisé, un enfant ayant besoin d’un suivi médical ne doit pas toujours être orienté vers l’enseignement spécialisé : « Il convient, lors de l’inscription de l’enfant dans l’école, d’identifier avec les parents, le CPMS mais aussi avec le médecin qui suit le dossier du jeune, les aménagements raisonnables qui peuvent être mis en place et les soins qui peuvent être apportés par l’école. Les pôles territoriaux sont à la disposition des écoles pour les aider dans la mise en place de ces aménagements. » Enfin, l’administration souligne qu’il ne revient pas à une école ordinaire d’orienter un élève vers une école spécialisée : « Seuls les parents peuvent décider d’inscrire leur enfant dans une école spécialisée sur base d’une attestation d’orientation établie par un CPMS ou un organisme agréé ». Une école ordinaire peut demander un avis aux commissions consultatives de l’enseignement spécialisé sur l’opportunité de transférer l’un de ses élèves dans une école spécialisée. La commission remettra un avis « mais ne pourra pas forcer les parents à inscrire leur enfant dans l’enseignement spécialisé », conclut l’administration.



















