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De Robert De Niro à Juliette Binoche, en passant par le retour de Wes Anderson et la première réalisation de Scarlett Johansson, le 78e Festival de Cannes promet une édition éclectique et engagée. Entre nouvelles voix et vétérans du 7e art, la compétition s’annonce aussi prestigieuse que politique.
Le ton est donné : cette 78e édition s’ouvrira avec Robert De Niro, invité d'honneur pour recevoir une Palme d’or d'honneur, marquant une reconnaissance supplémentaire pour l’icône du cinéma américain. Le lendemain, Tom Cruise fera son grand retour à Cannes pour présenter le dernier volet de "Mission: Impossible", annoncé comme l’ultime épisode de la saga. Une présence trois ans après son arrivée spectaculaire en hélicoptère pour "Top Gun: Maverick".
Côté jury, c’est Juliette Binoche qui a été choisie pour présider cette édition. Figure du cinéma français et personnalité engagée, notamment dans le mouvement MeToo, l’actrice pourrait faire entendre une parole forte dans un contexte où les questions de violences sexuelles dans le milieu culturel sont plus que jamais au cœur des débats.
Une sélection qui reflète les tensions du monde
La sélection dévoilée jeudi par Iris Knobloch, présidente du Festival, et Thierry Frémaux, délégué général, affiche une volonté claire de refléter les enjeux du monde contemporain à travers les œuvres choisies. "Nous avons dans cette sélection des cinéastes qui prennent leurs responsabilités sur un discours sur le monde", a déclaré Thierry Frémaux.
Ainsi, l’ukrainien Sergei Loznitsa proposera un film sur les purges staliniennes, le russe en exil Kirill Serebrennikov adaptera La disparition de Josef Mengele, et Jafar Panahi, toujours en délicate posture dans son pays, fera également son retour en sélection officielle.
Une compétition entre légendes et révélations
Parmi les grands noms en lice, Terrence Malick, 81 ans, pourrait présenter une œuvre inspirée des récits bibliques. Jim Jarmusch, avec un film porté par Cate Blanchett et Adam Driver, ainsi que Wes Anderson, de retour avec un casting impressionnant (Tom Hanks, Riz Ahmed, Scarlett Johansson, Guillermo del Toro), sont également pressentis.
Du côté des révélations, Ari Aster, nouvelle figure de l’horreur américaine, arrive avec un film autour d’élections municipales, interprété par Joaquin Phoenix. La compétition comptera aussi sur Kelly Reichardt, le Brésilien Kleber Mendonça Filho, l’Italien Mario Martone, et une première apparition de Hafsia Herzi, actrice-réalisatrice française. Le duo belge Jean-Pierre et Luc Dardenne, déjà doublement palmés, est également en lice pour une troisième Palme d’or historique.
Les réalisatrices montent en puissance
Cette édition fait la part belle aux femmes cinéastes, avec six réalisatrices retenues en compétition, un chiffre proche du record établi en 2023. Parmi elles, Julia Ducournau, Palme d’or en 2021 pour Titane, revient avec un film porté par Tahar Rahim et Golshifteh Farahani. Rebecca Zlotowski présente un drame avec Jodie Foster, et Alice Winocour signe un film sur la Fashion Week parisienne avec Angelina Jolie.
Dans les autres sections, Scarlett Johansson dévoile à 40 ans son premier long-métrage comme réalisatrice, "Eleanor The Great". Elle n'est pas la seule actrice à tenter le passage à la réalisation: Kristen Stewart, 34 ans, vient également de tourner son premier long-métrage. Ce passage derrière la caméra s’inscrit dans une dynamique de changement portée par le festival : "Les femmes sont finalement entendues. Elles ne demandent plus leur place", a déclaré Iris Knobloch, réagissant au rapport de la commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le milieu du cinéma.
Une ouverture sous le signe de la musique et de la jeunesse
Le festival s’ouvrira avec "Partir un jour", premier long-métrage d’Amélie Bonnin, avec Juliette Armanet à l’écran. Un clin d’œil à la nouvelle génération et à une ouverture pop et audacieuse. Autres figures attendues sur la Croisette : Bono, pour un film musical autour des chansons de U2, et Harris Dickinson, acteur de Sans Filtre, qui passe lui aussi derrière la caméra.
Entre luttes sociales, questionnements géopolitiques et changements structurels au sein de l’industrie, cette 78e édition ne cherche pas à plaire à tout prix, mais à s’ancrer dans son époque. La députée écologiste Sandrine Rousseau, qui a remis récemment un rapport sur les violences sexuelles dans le milieu du cinéma, a appelé Cannes à devenir "le lieu de renversement des mentalités".



















