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Durant près de sept semaines, l’accusation a fait défiler 34 témoins. Mais ce sont les récits de deux anciennes compagnes du rappeur et d’une ex-assistante qui ont le plus marqué les esprits. Casandra Ventura, connue sous le nom de scène Cassie, et une autre femme restée anonyme, appelée « Jane », ont décrit avec précision des scènes de « freak offs », des orgies sexuelles orchestrées par Diddy avec des hommes prostitués, pendant lesquelles le producteur observait ou filmait.
« J’étais accablée », a déclaré Cassie, ajoutant avoir subi des violences physiques, dont une agression brutale dans un hôtel de Los Angeles en 2016, filmée par une caméra de surveillance. Ce témoignage, appuyé par une vidéo visionnée à plusieurs reprises par les jurés, est au cœur de l’accusation de trafic sexuel.
Une entreprise criminelle au cœur du procès
L’accusation la plus lourde : avoir dirigé une organisation criminelle à des fins d’exploitation sexuelle. Selon les procureurs, l’empire bâti autour du label Bad Boy Entertainment aurait permis à Diddy de mettre en place un réseau structuré, mêlant drogues, intimidation et coercition.
Des employés ont témoigné avoir régulièrement fourni préservatifs, lubrifiants et substances pour ces soirées. L’un d’eux affirme même avoir été payé 100.000 dollars pour remettre une vidéo compromettante à Diddy. Une assistante a raconté comment il l’aurait suspendue au balcon d’un 17e étage, et une autre affirme qu’il l’aurait embarquée de force, armé, pour « aller tuer » le rappeur Kid Cudi, après avoir appris sa relation avec Cassie. Peu après, la voiture de ce dernier a pris feu.
Une défense offensive
La stratégie des avocats de Diddy a été de discréditer chaque témoin. Cassie, notamment, a été confrontée à ses propres messages dans lesquels elle exprimait son consentement apparent aux « freak offs ». « Je suis toujours prête », avait-elle écrit en 2009. L’accusée a reconnu ses propos, tout en affirmant qu’elle était sous l’influence psychologique du producteur.
La défense insiste sur le caractère adulte et volontaire des plaignantes, estimant qu’elles étaient « capables et fortes ». L’un des enjeux majeurs pour les jurés sera de déterminer la frontière entre consentement et contrainte.
Des preuves numériques au cœur du dossier
L’accusation s’appuie aussi sur un vaste ensemble de preuves numériques : des milliers de messages privés, échanges téléphoniques et vidéos. Les jurés ont eu accès à certaines vidéos à huis clos, montrant des scènes que les procureurs qualifient de criminelles. Ces documents visent à démontrer la préméditation et la mécanique d’exploitation mise en place.
Un procès ultra-médiatisé
Depuis le début du procès, le 12 mai, les jurés sont strictement tenus à l’écart des informations extérieures, malgré l’énorme couverture médiatique et l’agitation sur les réseaux sociaux. TikTok, YouTube et Instagram regorgent de récits détaillés venus d’influenceurs présents au tribunal.
En détention provisoire, P. Diddy ne se montre pas, mais certains témoins célèbres, comme Kid Cudi ou Kanye West, ont été vus. En revanche, le procès n’a pas donné lieu à des révélations sur d’autres personnalités impliquées. Le faste des « white parties » du producteur, qui rassemblaient autrefois tout le gratin du show-biz, reste en arrière-plan.
Le jury va désormais se retirer pour délibérer. Le verdict s’annonce comme un moment décisif pour la carrière et l’image de l’un des plus puissants producteurs de l’industrie musicale américaine.



















