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Tour de France: Alaphilippe, sans regrets, tombe du podium

Val-Thorens a fait office de long chemin de croix pour Julian Alaphilippe: le Français, au lendemain de la perte de son maillot jaune, y a craqué tôt, laissant échapper sans frustration ni regrets sa place sur le podium du Tour de France à la veille de l'arrivée à Paris.

En haut de la station de ski savoyarde, dans le froid et la grisaille, le coureur de l'équipe Deceuninck a dû s'asseoir sur le bitume, exténué, épuisé par trois semaines d'une course folle dont il aura été le plus grand animateur. Cernes sous les yeux, souffle coupé, incapable de se désaltérer ni de se relever pendant quelques minutes, le Français avait compris depuis longtemps.

Vingt-quatre heures après avoir perdu le maillot jaune, et vingt-quatre heures avant l'arrivée finale sur les Champs-Elysées, il vient de laisser filer sa place sur le podium du Tour, arrivant sur la ligne plus de trois minutes après le vainqueur du jour Vincenzo Nibali, et surtout plus de deux minutes derrière Geraint Thomas, Steven Kruijswijk et Emanuel Buchmann.

Un écart implacable: les trois cadors le font reculer du deuxième rang à une frustrante cinquième place au général. "Alaph'" ne montera pas sur le podium à Paris, quand bien même il aura été l'homme le plus en vue de ce Tour de France.

Frustrés, seuls ses plus grands fans, aux espoirs infinis, le seront peut-être. "Pourquoi je devrais être frustré ? Je suis juste exténué, content, fier de ce que j'ai fait", a-t-il réagi, sourire vite retrouvé. "Dans ma carrière, cela aura changé beaucoup de choses. Ce n'est que du sport, des moments de vie dont il faut profiter".

- "Merci Julian" -

A moins de 14 kilomètres du sommet de cette interminable montée longue de 33 kilomètres, la messe était dite, ou presque. Sous l'impulsion de l'équipe Jumbo, celle de Steven Kruijswijk, 4e au matin, les jambes d'Alaphilippe n'ont pas répondu. Les innombrables panneaux "Merci Julian" disposés sur le bord de la route n'y ont rien fait: la fameuse "énergie supplémentaire du maillot jaune", qui n'a cessé de l'étonner pendant près de trois semaines, l'avait bel et bien quitté.

Au fur et à mesure que la grimace s'élargissait sur le visage du Montluçonnais, l'écart grandissait sur ses rivaux. Quarante-cinq secondes à neuf kilomètres du but: le podium s'envolait déjà. Plus d'une minute de retard un kilomètre plus loin: l'Allemand Buchmann repassait aussi provisoirement devant.

Aidé par Enric Mas, son coéquipier espagnol sans qui il "aurait perdu un petit quart d'heure", il a lutté jusqu'aux 2365 mètres de la station alpine, où des milliers de spectateurs l'ont aidé à pousser jusqu'à la ligne.

Son entourage s'était pris à croire à une attaque du Français dans cette montée, qui, même si elle était très longue, avait été rendue un peu moins inabordable par le raccourcissement de l'étape annoncé vendredi soir et la suppression des premiers cols de la journée. "Connaissant Julian, il peut essayer, peut-être même qu'il va essayer, il ne lâchera rien quitte à exploser sur la fin", avait avancé son cousin et entraîneur devant la presse vendredi soir.

Il n'en a pas eu la force, ni l'opportunité. "J'ai tout donné, c'était difficile de faire mieux. Je m'attendais à exploser", a-t-il réagi, avec le sourire, comme la veille, lorsque, immobilisé à Val d'Isère par les routes bloquées, il avait communié avec le public, maillot jaune encore sur le dos bien que celui-ci ne lui appartenait plus. "Si je faisais deuxième, ou cinquantième, c'était la même chose pour moi mais je me suis battu car je ne voulais pas avoir de regrets". Quatorze jours en jaune suffisent pour n'en avoir aucun.

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