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Ils seraient 200 dans notre pays et contrôleraient 5 communes bruxelloises. La Belgique serait même le carrefour européen des Frères Musulmans et, selon un rapport français, ils auraient déployé chez nous des associations, comme Femyso, le Forum des organisations européennes de jeunesse musulmane, cité à plusieurs reprises dans le document. Pour en savoir plus, RTL info a mené l’enquête.
Le siège de Femyso se trouve bien à Bruxelles. Le nom de sa présidente est cité dans le rapport. Elle a accepté de nous répondre..
Femyso dit protéger les droits de la jeunesse et lutter contre l’islamophobie. L’association milite aussi pour la liberté de porter le voile, mais sa présidente est claire : «Femyso n’est pas associé, ni structurellement, ni de façon idéologique à une quelconque association. Le nœud du problème est néanmoins là : lorsque la suspicion est jetée, il y aura toujours des questionnements. Ce sont simplement des jeunes qui s’engagent pour une Europe, et qui se trouvent être musulmans, point », note Hania Chalal.
C’est ce que le rapport sous-entend : il y aurait un double discours. Les Frères Musulmans chercheraient à s’infiltrer dans notre société pour imposer des idées radicales. Brigitte Maréchal les connaît bien, elle étudie la mouvance depuis 25 ans. «Je ne pense pas que ce soit le cas. On a affaire simplement à une minorité active de musulmans. Leur travail est intra-communautaire pour donner des balises théologiques pour comprendre l’Islam, pour maintenir un référentiel à la norme musulmane», explique cette sociologue.
Un danger de repli communautaire ?
Comme Femyso, 4 autres associations bruxelloises sont citées dans le rapport. Elles sont surveillées de près par la sureté de l’Etat, qui évoque une menace à long terme. « Des groupes tentent de faire pression pour que l’Islam occupe une place plus importante dans la société. Ils espèrent s’implanter au sein des institutions belge», explique-t-elle.
Ces organisations sont-elles pour autant dangereuses ? «S’il y a un certain nombre d’organisations de structures qui sont présentes en Belgique, et notamment à Bruxelles, c’est parce qu’elles évoluent aussi sous la forme d’un lobby», décrit Corinne Torrekens, professeur de sciences politiques à l’ULB. «En sciences politiques, le terme lobby n’est pas un gros mot. Cela veut dire essayer d’influencer l’opinion publique dans ce sens là et ça existe, mais si on pense à des questions autour d’agendas cachés, là je pense qu’on est véritablement dans l’ordre de la théorie du complot».
Mais jusqu’où va cette influence ? Selon le rapport, des élus politiques auraient des liens avec ces associations et donc avec les Frères musulmans. « C’est vrai, il y a des personnes qui ont des sensibilités avec les Frères qui sont en politique », affirme Brigitte Maréchal, sociologue, qui évite cependant de donner des noms.
C’est depuis la chasse aux sorcières au sein de la classe politique. Plusieurs élus d’ailleurs, sont aujourd’hui ciblés, parfois sans réelle preuve. Un d’eux a accepté de nous répondre, il s’appelle Hajib El Hajjaji et c’est un Vervietois accusé par la N-VA et le MR de faire partie de la mouvance.
« Je n’ai aucun lien avec les Frères musulmans. Mes engagements sont dans un parti transparent et progressiste », affirme-t-il. Il dénonce une suspicion généralisée envers toute une communauté. « Ce rapport a une fonction de nourrir des suspicions. Dans les communautés musulmanes, cela va créer des formes de repli ».
C’est un risque pointé par les experts, qui dénoncent l’instrumentalisation politique du rapport. « La sortie du rapport a été une sorte de non-événement qui a créé l’événement qui, en fait, permet à tout un chacun, de dire n’importe quoi là-dessus et d’instrumentaliser la question en donnant l’impression à la société qu’on va résoudre des problèmes de vivre ensemble », précise Brigitte Maréchal.
« Ça peut nourrir un discours radical au sein des jeunes musulmans qui sont sensibles à ce discours de l’action politique en disant ‘Vous avez vu, quand on a essayé de s’organiser, quand on essaye de faire des choses, le gouvernement passe derrière et dissout nos structures et notre association’. Là, oui, effectivement, je vois qu’il y a un danger », estime Corinne Torrekens, professeur de sciences polltiques.
Suspicions, doubles discours, mais finalement très peu de preuves. Il est difficile de trouver de la clarté… dans un contexte toujours plus tendu.
Retrouvez notre enquête ce dimanche soir dans le RTL info 19h.



















