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En une année, Philippe Boxho a vendu plus d’un million d’exemplaires de ses trois romans, traduits dans plusieurs langues. Pourtant, ce médecin légiste liégeois refuse de se considérer comme un écrivain. Retiré pour écrire son quatrième et dernier livre, il a accepté de nous recevoir.
Philippe Boxho n’en revient toujours pas. Médecin légiste depuis 34 ans, il a vu son quotidien basculer en une année grâce au succès fulgurant de ses romans.
"Du jour au lendemain, on dirait qu’on a allumé un interrupteur et pouf, c’est parti comme une traînée de poudre", raconte-t-il. Il avoue : "Je n’ai même pas conscience de l’ampleur de la chose parce que je ne viens pas de ce milieu".
Loin des bancs de l’université et des salles d’autopsie, il s’est installé temporairement dans un gîte sur la Côte d’Opale. Un exil nécessaire pour se consacrer pleinement à l’écriture de son quatrième roman.
"Quand je reste à Liège, c'est difficile pour moi de dire non, donc je vais retrouver des amis, faire une conférence... Ici, ce n’est pas possible, donc c’est parfait", confie-t-il.
Un succès inattendu
Depuis trois ans, Philippe Boxho partage ses anecdotes et expériences dans des podcasts, mais ne se considère pas comme un écrivain. "Je raconte juste des histoires", dit-il.
Mais son ton décalé et son humour noir plaisent. Il les transpose dans ses romans, où il traite un sujet universel : la mort. "La manière dont je raconte mes histoires est la même que quand je parle. Et comme je mets beaucoup d’humour dans ce que je fais, ça marche".
Un million d’exemplaires vendus en 2024, c’est du jamais vu
Un style qui séduit bien au-delà de la Belgique. "Un million d’exemplaires vendus en 2024, c’est du jamais vu", s’enthousiasme son éditeur, Dimitri Kennes. Avant d'ajouter: "Ça fait 30 ans que je travaille en édition et je n’ai jamais vu ça". Un succès providentiel pour sa maison d’édition, en difficulté financière avant cette explosion.
Un rayonnement international
Son premier livre est déjà traduit en espagnol, néerlandais et italien, et sera bientôt disponible au Japon et en Corée. "Quand un livre francophone devient mondialement connu, on le traduit généralement en 30 à 40 langues. Pour l’instant, nous avons finalisé des discussions pour une vingtaine", précise l'éditeur.
Au-delà de la littérature, son univers intrigue. Des auteurs de bande dessinée et des scénaristes de plateformes vidéo s’y intéressent. De quoi prolonger le phénomène Boxho ? Lui, en tout cas, affirme que ce quatrième roman sera le dernier.
Un homme face à la mort
Spécialiste des morts suspectes parle de la fin de vie avec une désinvolture qui surprend. "La mort, c’est le dernier acte. Moi, je n’ai plus peur de la mort, mais j’ai peur de la manière de mourir. Je n’ai pas envie de souffrir", confie Philippe Boxho.
Il savoure désormais le succès avec détachement, profitant des plaisirs simples. L’homme, qui côtoie la mort au quotidien, s’autorise à prendre le temps de vivre.


















