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Invitée de Capital Santé, présenté par Caroline Fontenoy, la psychiatre Caroline Depuydt déplore d’emblée que la ménopause demeure « assez tabou dans nos sociétés », alors qu’« en gros, la moitié de l’humanité en sera atteinte ». Elle explique que cette étape survient « aux alentours de la cinquantaine », âge auquel les premiers signes du vieillissement apparaissent. « 50 ans chez la femme, c’est un peu la date de péremption, c’est la date où on est invisibilisées », souligne-t-elle. « Une invisibilisation qui s’enracine dans une société « qui n’aime pas le vieillissement ».
Une santé féminine mal étudiée et mal expliquée
Pour la psychiatre, si le tabou persiste, c’est aussi parce que « la plupart des études scientifiques ont été faites par des hommes pour des hommes ». Elle rappelle qu’« il y a encore 40 ans, les femmes n’étaient pas incluses dans les études », ce qui explique un manque criant de connaissances sur des réalités comme « la ménopause, le syndrome prémenstruel ou l’endométriose ».
Ce manque d’information n’est pas sans conséquence : la pré-ménopause peut provoquer des symptômes comparables à « un burn-out », avec fatigue, irritabilité, troubles de concentration ou idées noires. « Quand on n’a pas les outils de compréhension, évidemment on est paumé », insiste-t-elle, plaidant pour une meilleure éducation.
Un bouleversement identitaire autant que hormonal
La ménopause, rappelle Caroline Depuydt, cumule plusieurs deuils : « le deuil de soi en tant que femme », « le deuil de soi en tant que jeune » et les bouleversements hormonaux qui s’imposent. Elle compare ce moment à une épreuve sportive où les performances chutent subitement : « Vous comprenez pas… Vous n’avez plus du tout la même forme ».
À cela s’ajoutent les transformations physiques, souvent mal vécues : kilos inattendus, garde-robe à changer, image de soi à reconstruire. Pour elle, l’enjeu est de ne pas « tomber dans l’abandon », mais de rester en mouvement tout en acceptant que « notre vie change, comme elle a changé quand on était bébé ou ado ». Cette étape peut même devenir « un moment de libération, d’apaisement ».
Redéfinir sa vie, sa sexualité et son rapport à soi
La psychiatre insiste aussi sur la nécessité d’aborder la sexualité sans gêne : « La ménopause s’accompagne d’une sécheresse vaginale et d’une chute du désir », accentuée par la fatigue et la charge mentale. Elle encourage à en parler avec son partenaire, dans un esprit « de bienveillance, d’amour et d’humour ». Cette nouvelle phase peut aussi être l’occasion de « faire renaître le désir », par exemple via le « slow sex ». Malgré les difficultés, elle veut transmettre un message d’espoir : « Si c’est un deuil, c’est aussi une nouvelle étape qui débute ». Une étape à explorer « même avec quelques kilos en trop », conclut-elle.














