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Le CPAS d'Anderlecht a donné 7.000€ à chacun des deux journalistes infiltrés: "C'est l'anarchie"

Des milliers d’euros octroyés sur base de faux dossiers, clientélisme et abus: une enquête de la VRT met en lumière des pratiques douteuses au sein du CPAS d’Anderlecht. Cette enquête est à retrouver en exclusivité ce vendredi 29 novembre à 19h50 sur RTL tvi & RTL play.

Parmi les révélations les plus marquantes de l'enquête de la VRT, deux journalistes infiltrés ont simulé une demande de revenu d’intégration sociale alors qu'ils n'y ont pas droit. "On prend juste une adresse sur Google Maps et on la met comme leur adresse. Parfait." Les résultats sont alarmants : les contrôles sur les demandes semblent quasi inexistants. Les journalistes ont constaté que très peu de questions leur étaient posées et que les pièces justificatives requises étaient insuffisantes. 

Résultat: le CPAS leur a accordé plus de 7.000 euros chacun, sans même vérifier les informations fournies. L’enquête met également en lumière un commerce illégal d’adresses fictives, permettant à certains individus de rester affiliés au CPAS d’Anderlecht.

Dans cette administration bruxelloise, les travailleurs sociaux dénoncent une charge de travail vertigineuse, avec jusqu’à 200 dossiers traités par assistant social, soit presque le double de la moyenne observée dans d’autres CPAS de la capitale, où une charge de 120 dossiers est déjà la norme.

Le Grand Format RTL info de ce vendredi soir s'intéresse à cette enquête explosive de la VRT, qui braque les projecteurs sur le CPAS d’Anderlecht. Un reportage à retrouver en exclusivité ce vendredi 29 novembre à 19h50 sur RTL tvi et RTL Play.  

"L'anarchie"

Grâce à des témoignages de lanceurs d’alerte, une investigation en immersion et l’analyse d’experts, le reportage met ainsi en lumière les dysfonctionnements qui minent l’institution. "C'est l'anarchie", a confié l'une des personnes interrogées. Que se cache-t-il derrière le chaos au sein de ce centre d’aide sociale?

Il y a vraiment de la souffrance au travail

Le CPAS (Centre Public d’Action Sociale) est souvent le dernier filet de sécurité pour les personnes en difficulté en Belgique. Il offre diverses formes de soutien, allant de l’aide financière (comme le revenu d’intégration sociale) à l’assistance psychosociale, l’hébergement d’urgence, la médiation de dettes et bien d’autres services. Mais à Anderlecht, ce système semble s’effondrer sous la pression.

Les lanceurs d’alerte, en grande majorité des assistants sociaux, décrivent une situation devenue "intenable". Ils dénoncent une charge de travail excessive, un manque de personnel et un contrôle insuffisant des dossiers. L’un d’eux résume la situation : "J’ai fait beaucoup de métiersdans ma vie, mais celui-ci, il y a vraiment de la souffrance au travail. C’est vraiment une souffrance."

Le personnel est débordé par le nombre de dossiers, s’épuise et finit souvent en arrêt maladie ou en burn-out. Ces absences ne sont pas systématiquement remplacées, ce qui alourdit encore plus la charge de travail des employés restants. Résultat: les dossiers s’accumulent, les délais légaux ne sont pas respectés et les bénéficiaires expriment leur mécontentement, parfois avec des insultes ou des menaces.

Karine Lalieux sommée de s'expliquer

Le MR a décidé de s'associer à la demande de la N-VA de mettre sur pied une commission d'enquête parlementaire à la Chambre sur les abus présumés au CPAS d'Anderlecht. Selon les nationalistes, la future majorité Arizona n'y voit pas d'objection. L'auditorat du travail de Bruxelles a ouvert une enquête sur une éventuelle fraude dans l'octroi d'allocations, à la suite du reportage de l'émission Pano de la VRT. La ministre démissionnaire de l'Intégration sociale, Karine Lalieux (PS), a dû s'expliquer devant les députés ces mercredi et jeudi à la Chambre sur différents signaux d'alerte qui ont été ignorés pendant des années, tant au niveau politique qu'administratif.

Au-delà des dysfonctionnements organisationnels, une autre question se pose: celle du rôle de la politique. Une bénéficiaire confie: "Je suis passée par le président du CPAS". "Vous avez voté pour lui ?", lui demande le jouraliste. "Ah oui, très certainement", répond-elle. 

Si certains critiquent une possible ingérence politique, synonyme d’inefficacité ou de favoritisme, d’autres assument pleinement cette approche. Un socialiste proche du CPAS explique avec fierté: "Si on estime que je suis clientéliste, oui, je suis fier d’avoir aidé les gens."

Cependant, ce type de gestion suscite des réactions mitigées, notamment en Flandre, où les contrôles sont généralement plus stricts.

Le professeur Daniel Dumont, spécialiste en droit de la sécurité sociale à l’ULB, rappelle l'autre objectif du CPAS: "Le CPAS, c’est le dernier rempart contre la pauvreté… après quoi, il n’y a plus rien."

Les CPAS bruxellois viennent en aide à des personnes souvent confrontées à des situations complexes : problèmes de santé, sans-abrisme, dépendances, conflits familiaux ou encore difficultés administratives. Ces institutions font face à un double défi : une augmentation du nombre de personnes en détresse d’une part et un manque de moyens humains et financiers pour leur venir en aide d’autre part.

Et maintenant ?

Le chaos au sein du CPAS d’Anderlecht met en lumière des dysfonctionnements plus vastes dans le système d’aide sociale bruxellois. Bien que certaines personnes en difficulté reçoivent un soutien indispensable, ce système semble également vulnérable aux abus et à l’inefficacité.

La question reste ouverte : des contrôles plus stricts, un financement accru et un renforcement des équipes peuvent-ils suffire à redresser la situation ? Les révélations ont immédiatement conduit la commission des Affaires Sociales de la Chambre à lancer des auditions au Parlement fédéral, afin de faire la lumière sur ces dysfonctionnements et envisager des mesures pour restaurer la confiance dans le système.

Un reportage à retrouver en exclusivité ce vendredi 29 novembre à 19h50 sur RTL tvi et RTL Play.  

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