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Laura, 22 ans, future institutrice primaire, est devenue vice-championne du monde de cheerleading en catégorie mixte (COED), le 24 avril dernier aux Mondiaux d'Orlando. L'athlète explique son quotidien de sportive et livre son désarroi face au manque de reconnaissance de la discipline. Fanny Dumoulin, bénévole à la fédération belge de cheerleading (BCF) et coach de l'équipe féminine junior, apporte des explications sur les défis auxquels son sport fait face.
Jeudi 24 avril 2025, un jour de consécration pour l'équipe nationale belge mixte de cheerleading. "Nous avons décroché la deuxième place aux championnats du monde ! C'est le fruit d'un travail acharné", explique Laura avec fierté.
La jeune femme pratique ce sport avec passion et engagement, tout en poursuivant des études pour devenir institutrice primaire. "Je suis cheerleadeuse au Cheerleader Antwerpen. Je m’entraîne entre 10 et 12 heures par semaine, parfois plus. Je dois combiner cette pratique avec mes cours pour devenir institutrice primaire", explique-t-elle.
L’exigence du sport de haut niveau pèse sur le quotidien des athlètes. "Pour faire partie de l’équipe nationale, il faut aussi être coach. Le temps qu’on investit dans notre sport est énorme", ajoute la jeune femme.
Et pourtant, malgré cette performance internationale, la reconnaissance n’est toujours pas au rendez-vous."C’est injuste! Nous avons réalisé une performance historique pour le sport belge, mais personne n’en parle…", déplore l'athlète.
Une discipline à part entière
Le cheerleading est reconnu à l’international comme une véritable discipline sportive. "La Fédération internationale de cheerleading, l’ICU, est pleinement reconnue par le Comité olympique international depuis 2020. La Fédération belge de cheerleading (BCF) est également reconnue par le Comité olympique belge", rappelle Fanny Dumoulin, entraîneuse de l'équipe féminine junior.
Mais cette reconnaissance officielle ne se traduit pas encore dans les faits. "Nous voulons que le cheerleading soit reconnu comme une discipline à part entière, distincte de la danse ou de la gymnastique", insiste Fanny. Une précision importante, car beaucoup d’athlètes viennent d’autres disciplines."Une partie de nos cheerleaders sont d’anciens gymnastes ou danseurs, mais le cheerleading a ses propres codes, sa propre rigueur", poursuit la coach.
Peu de soutien financier
Le manque de reconnaissance se reflète aussi dans le soutien financier "inexistant". "Notre sport est peut-être reconnu, mais nous ne recevons aucune aide. On paie tous les frais de notre poche", confie Laura.
La participation au championnat du monde a représenté un véritable investissement personnel."C’est près de 3.000 euros par personne qui ont été déboursés par les athlètes", explique Fanny Dumoulin. Une somme "considérable" pour une équipe qui représente pourtant la Belgique à l’international.
Pour alléger cette pression financière, la fédération belge tente d’obtenir des subsides, en particulier du côté francophone. "Nous espérons décrocher la reconnaissance de l’ADEPS, indispensable pour faire progresser notre sport", explique Fanny. Côté flamand, la situation est déjà un peu plus avancée."Depuis janvier 2025, la fédération flamande est reconnue par Sport Vlaanderen", ajoute-t-elle.
En attendant, un soutien précieux permet à la fédération de tenir:"La Loterie nationale est notre principal sponsor. Elle nous aide à couvrir une partie des frais liés à l’organisation du championnat de Belgique", indique Fanny. Le reste du financement repose sur les recettes issues de la billetterie, lors de la seule compétition organisée dans le pays: les championnats nationaux. "Les places, vendues aux spectateurs pour assister au championnat de Belgique, représentent la seule autre source de revenus pour notre sport", poursuit l'entraîneuse.
La team mixte, une équipe oubliée ?
Malgré une décennie de compétitions internationales, l’équipe mixte belge (COED), reste largement absente des radars médiatiques et institutionnels. "On concourt depuis dix ans, et même après notre médaille, aucune reconnaissance médiatique", s’insurge Laura.
Fanny avance plusieurs explications, pointant des biais encore bien ancrés: "La médiatisation est plus présente du côté flamand. Et l’équipe féminine bénéficie de plus de visibilité, car le public reste souvent enfermé dans le cliché de la pom-pom girl : une jolie fille, simplement là pour encourager une équipe masculine."
Cette perception "réductrice" nuit à la discipline dans son ensemble. "Le cheerleading est un sport très complet, très dynamique. Les gens ne réalisent pas la technique ni la difficulté qu’il exige", insiste la coach de l'équipe junior.
La fédération belge, elle, continue à se battre pour faire évoluer les mentalités et obtenir davantage de soutien. Elle espère que les performances réalisées aux derniers Mondiaux serviront enfin de tremplin. Un pas de plus vers la reconnaissance.


















