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La mère de Véronique a souhaité faire réparer la montre de son mari - une chronographe suisse - par une bijouterie. Plus de six mois plus tard, elle ne l'a toujours pas en retour. En cause ? La boutique n'aurait toujours pas produit les pièces nécessaires à sa reconstruction. Face à ce délai qui s'allonge de mois en mois, elle souhaite récupérer son bien... mais la bijouterie refuse.
"J’ai le sentiment qu’on s’est joué d’elle", raconte Véronique via le bouton orange Alertez-Nous. Sa mère, Graziella, 80 ans, a déposé en juin dernier un objet de valeur pour une réparation : une montre chronographe suisse, dorée de part et d'autre, ayant appartenu à son mari. "Elle voulait la réparer pour l’offrir à mon frère, pour ses soixante ans", ajoute-t-elle.
Alors que Graziella dépose la précieuse montre en bijouterie, la vendeuse lui affirme qu’"il y en aura pour cinq-cents euros de frais"… Sans pour autant lui donner de devis. La pensionnée n'y prête pas attention et repart confiante.
Été, automne… Les mois passent sans aucune nouvelle de la part de la bijouterie. En septembre, Véronique, tourmentée, interpelle sa mère : "C’est bizarre que tu n’aies pas reçu la montre", lui dit-elle. "Ça commence à m’inquiéter. On a aucune nouvelle, pas de coup de fil". Plus le temps passe, plus l'inquiétude grandit. Face au manque d'explications claires de la part de la boutique, Véronique prend la problématique à bras-le-corps et tente d'entrer en contact avec les vendeurs.
La réponse obtenue, à force de persévérance et de mails, ne répond pas suffisamment à ses craintes : "Voilà ce que la vendeuse m'a répondu : "Nous ne sommes pas des voleurs. Je ne peux rien faire pour vous, la montre est démontée et il faut attendre de la réparer. Quand on a des nouvelles, on vous recontactera".
"Ça me dérange"
"C'est vrai que les pièces (de la montre, ndlr) ne sont plus d’actualité et qu'il faut les fabriquer, mais ce qui ne m’a pas plu, c’est que sur le reçu, il est noté que "si la réparation n’a pas été retirée dans un délai d’un an, celle-ci devient automatiquement la propriété de la bijouterie"", s'alarme Véronique. "Cette phrase m’inquiète, ça me dérange".
En plus d'avoir essuyé un refus après avoir demandé de récupérer sa montre (même non réparée), Véronique a peur de voir le bijou appartenir à la boutique d'ici quelques mois.
De son côté, la bijouterie, située à Aywaille, rassure : cette règle s'applique uniquement quand la réparation est terminée et qu'une date a été apposée. Concernant le délai, la patronne ne voit aucun problème. "Il faut le temps, le temps du devis"… Oui, mais problème : aucun devis ne semble avoir été remis.
"On lui a dit qu’il fallait faire les pièces sur mesure", insiste-t-elle. "On rend un service aux gens et on a que des problèmes", s'agace la patronne. Quant au refus de rendre la montre à sa propriétaire, la bijouterie est catégorique : "La pièce est encore en réparation, il est impossible de la rendre actuellement".
On a le droit d'exiger son bien en retour
Pourtant, "à partir du moment où on a annoncé un prix ou qu'on a un reçu, on a le droit d'exiger son bien en retour", réfute le cabinet d'avocats Alpha Legal. "Si elle a la preuve, le bijoutier peut être mis en demeure". Et si la mise en demeure ne fonctionne pas : "Pas le choix, il faut aller chez le juge de paix ou bien au tribunal de l’entreprise, pour le bijoutier", ajoute le cabinet.
Qu'est-ce qu'une mise en demeure ?
Derrière ce terme se cache un principe simple : une demande écrite à l'égard de la partie adverse. Il s'agit d'un "rappel qui demande à une personne d'exécuter son obligation. Si elle ne le fait pas, on peut commencer à compter les intérêts de retard, et demander des dommages et intérêts", indique Droit Quotidien Legal Info. Il est conseillé de réaliser cette mise en demeure avant d'attaquer en justice la personne qui ne respecte pas l'obligation.
La trace écrite est dans ce cas-ci primordial : "Par écrit, par mail, par recommandé... Toujours avoir une trace écrite, décrire ce qu'il s'est passé ainsi que notre demande. C'est la base de toute chose", recommande Alpha Legal.
Je n'ai pas envie de rentrer dans un conflit
Actuellement, Graziella n'a toujours pas récupéré la montre de son mari. Sa fille, Véronique, a posé un ultimatum à la bijouterie : "J'ai proposé une tentative d'arrangement : d'ici six mois, soit elle est réparée, soit elle est restituée".
Cette dernière croise les doigts pour que le bijou soit enfin prêt pour l'été prochain : "Je n'ai pas envie de rentrer dans un conflit… On verra".