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Pourquoi l'extrême droite ne progresse pas en Wallonie, alors que c'est le cas tout autour de nous, à l'étranger mais aussi au nord du pays ? Plusieurs éléments de réponse sont possibles, comme le fameux cordon sanitaire.
Sur le parking d'un grand magasin, un responsable du parti d'extrême droite Chez Nous. Il est en quête de signatures pour permettre à sa formation d'être présente sur les listes électorales avec un discours sans équivoque. Mais son interlocutrice lui répond : "Déjà, les étrangers, dehors, ça je n'aime pas trop. Voilà, vous avez ma réponse".
Se présenter à un scrutin, pour ce parti, c'est une première. Il veut décrocher un siège de député à la Chambre et s'affiche, par exemple, aux abords d'une école. "Moi, je me dis qu'il en faut pour tous les goûts et pour tout type de population. Maintenant, devant une école,... C'est aussi la liberté d'expression pour chacun", estime une passante. "Ils ont le droit, sinon il faudrait changer la législation, mais évidemment, c'est quelque chose qui ne me plaît pas. Leurs idées sont tout à fait à renier", trouve une autre.
L'extrême-droite en progression autour de nous, en Flandre, en France, aux Pays-Bas, mais pas en Wallonie.... Pour comprendre cette absence singulière, un premier élément : le cordon sanitaire. Le cordon politique, d'abord, un accord entre partis pour exclure toute alliance avec l'extrême-droite.
La pratique existe aussi en Flandre, mais côté francophone, nous explique ce politologue, s'ajoute un cordon médiatique : "C'est-à-dire que les journalistes se mettent d'accord pour ne pas tendre le micro en direct à une personnalité, à un mouvement ou à un parti politique classé ou qualifié d'extrême-droite", clarifie François Debras, de l'ULiège.
Les personnes rencontrées devant les affiches électorales du parti d'extrême droite ne sont, toutefois, pas toutes d'accord avec cette pratique : "Je pense que ce n'est pas une bonne chose. Ils ont le droit de s'exprimer tout comme les autres. Même si tout le monde n'est pas d'accord, ils ont le droit de s'exprimer, mais c'est vrai qu'on ne les voit pas beaucoup". "Dans un sens, j'ai envie de dire que c'est une bonne chose, mais je ne sais pas si c'est le cordon sanitaire qui pourra arrêter ceux qui ont envie de s'exprimer"
Le parti Chez Nous investit dans la communication sur les réseaux sociaux. Il y met en avant des soutiens reçus d'autres formations à l'étranger. "Je vous souhaite beaucoup de succès", dit le dirigeant d'extrême droite néerlandais Geert Wilders dans une vidéo publiée sur la page Facebook du parti.
Un autre facteur permet d'expliquer que l'extrême-droite peine à percer au sud du pays : l'absence de sentiments identitaires suffisamment forts. "Là où il peut y avoir un sentiment identitaire très fort comme en Flandre, en France par exemple, en Belgique, en Wallonie, l'identité wallonne se définit plutôt par opposition à l'identité flamande ou par réaction à un mouvement de volonté de plus d'indépendance, de reconnaissance du nord du pays".
La Wallonie, terre infertile pour la droite radicale, en raison aussi d'un réseau associatif et syndical plus actif qu'ailleurs et qui peut limiter l'émergence d'idées extrémistes.
Autre élément d'explication, l'extrême-droite ne dispose pas en Wallonie de personnalités fortes qui s'imposent.