Partager:
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’apprête à retourner à la Maison Blanche, à l’invitation de Donald Trump. Une visite cruciale, prévue lundi, dans un climat très différent de celui observé lors de leur précédent échange tendu, il y a quelques mois à peine. Cette fois, Zelensky sait à quoi s’en tenir.
Après une longue conversation téléphonique avec Trump ce samedi matin, il a constaté un changement notable de ton : le président américain ne parle plus d’un simple cessez-le-feu, mais d’un accord de paix global. Une position qui rejoint désormais très clairement celle du Kremlin, Moscou réclamant un règlement complet du conflit. Cette évolution inquiète Kiev.
Autre changement important : des dirigeants européens auraient également été conviés à assister à cette réunion. Contrairement à février dernier, Zelensky ne sera donc pas seul face à Trump dans le Bureau ovale.
Une rencontre à haut risque pour l’Ukraine
Cette nouvelle rencontre s’annonce périlleuse pour le président ukrainien. Raoul Delcorde, professeur de relations internationales à l’UCLouvain et ancien diplomate, souligne : « Il faut du courage à Zelensky, même s’il sera accompagné des dirigeants européens. Il doit éviter la séance d’humiliation qu’il a connue il y a six mois. Il doit éviter de s’emporter. »
Le professeur rappelle également la dépendance actuelle de l’Ukraine vis-à-vis du soutien américain : « Sans les États-Unis, sur le plan logistique et militaire, ce sera très compliqué. » Or, les conditions posées par Vladimir Poutine restent inacceptables aux yeux de Kiev : annexion des quatre régions ukrainiennes revendiquées par la Russie, neutralisation du pays, voire départ de Zelensky, que Moscou considère comme illégitime.
Les Européens de retour dans le jeu
Interrogé sur la place de l’Europe dans les négociations, Raoul Delcorde nuance : « Je ne dirais pas qu’ils ont été exclus, mais qu’ils n’ont pas été inclus. » Selon lui, les Européens ont su, en amont du sommet, faire valoir leurs lignes rouges. Et face à l’hypothèse d’un « nouveau Yalta » entre Trump et Poutine, le président américain aurait finalement retenu ses positions les plus extrêmes, probablement sous l’effet des conseils venus d’Europe.
« Pour la reconstruction de l’Ukraine, il y aura nécessairement un rôle à jouer pour les Européens », conclut Delcorde. Une manière pour l’Union européenne de réaffirmer son influence, dans un dossier où son implication sera indispensable à long terme.
Lundi, la rencontre pourrait donc se jouer sur un fil, entre ouverture diplomatique et manœuvres politiques. Avec un Donald Trump imprévisible, un président ukrainien fragilisé, et une Europe en soutien, les enjeux sont considérables.


















