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Sur Facebook, des animaux se donnent et se vendent, en toute illégalité. Malgré une réglementation qui interdit la publication d’annonces en dehors de canaux agréés, de nombreux groupes échappent au radar des autorités. Des citoyens comme Célia tirent la sonnette d’alarme, car "le bien-être animal n’est pas respecté". Les associations regrettent le manque de moyens des autorités pour contrôler et sanctionner.
Au niveau du bien-être animal, une faille béante subsiste: les réseaux sociaux. Sur Facebook, se retrouvent "des dons, des ventes et des trafics en tout genre". Des citoyens comme Célia s’en indignent. Et les autorités, elles, annoncent vouloir renforcer les contrôles. "J’ai répertorié pas moins d’une centaine de groupes suggérés par Facebook", raconte Célia, habitante de Bruxelles, qui s’était mise au départ en quête de refuges pour animaux. Ce qu’elle y découvre l'interpelle: "Facebook m’a suggéré plein de groupes d’animaux à donner. Et souvent, on voit des messages de personnes qui disent de faire attention à des profils 'interdits d’animaux', 'attention, celui-là maltraite'. Il y a aussi des gens qui mettent leurs animaux à disposition pour la reproduction."
Le bien-être animal bientôt inscrit dans la Constitution (RTL info 19h) :
Célia a réalisé que cette pratique est répandue et illégale. Depuis 2017, l’Arrêté du Gouvernement wallon interdit formellement la publication d’annonces animales hors canaux réglementés. "Je m’étonne que l'unité du bien-être animal en Wallonie ne prenne pas en charge de gérer ces groupes qu’il faudrait fermer", confie-t-elle. Célia dit avoir contacté les autorités, mais sans obtenir de "réaction concrète". "Que des gens se donnent des animaux comme si c’étaient des objets sur internet, je trouve ça désolant, ça me met en colère. (...) Je trouve que c’est mal géré. On se vante d’avoir le bien-être animal en Belgique, mais ils font les choses à moitié. J’ouvre les yeux et je suis dégoûtée."
Du côté des associations, GAIA rappelle que la publicité pour les animaux est encadrée: seules trois options sont autorisées. "Vous ne pouvez pas par exemple mettre une annonce sur la devanture d’un magasin ou sur votre mur Facebook", explique Sébastien de Jonge, le porte-parole. L’annonce doit impérativement figurer dans un groupe fermé, sur un site agréé (comme chiens-chats.be), ou sur la plateforme d’un professionnel.
"Des milliers d'annonces"
Des règles qui ne sont pas toujours respectées. "Chaque année, on voit fleurir des milliers d’annonces sur les réseaux sociaux qui sont complètement illégales, et pour lesquelles il n’y a aucune suite qui est réservée", déplore GAIA. "Cela ouvre la porte au trafic, car sans contrôle, ni sanction, les voies de publication illégales permettent de faciliter le trafic d’animaux."
Face à cette situation, les moyens humains manquent. En Wallonie, "18 inspecteurs doivent gérer l’ensemble des contrôles sur le terrain", indique Sébastien de Jonge. "Ils n’ont pas le temps d’être sur les réseaux sociaux". Seuls les signalements individuels peuvent déclencher une intervention. "Mais aujourd’hui, quand un utilisateur de Facebook va signaler une annonce comme étant illégale en lien avec des animaux, le signalement va être rejeté alors qu’elle est bien illégale", alerte GAIA. "C’est fou que des groupes comme Meta ne respectent absolument pas la législation et fassent ce qu’ils veulent. De la part des gestionnaires des plateformes, il n’y a rien qui est mis en place. Il faut que ça aille plus loin."
Les "dons" d’animaux déguisent souvent des ventes, constate Sébastien de Jonge. "Ce qu’on voit le plus souvent, ce sont les chatons à donner, les petits animaux de basse-cour, les lapins… Dans certains cas, ce sont des dons, qui se transforment très vite en une vente déguisée". "Vous permettez ainsi à tous ces gens qui ne le font pas de façon professionnelle d’écouler leurs animaux comme des marchandises", ajoute le porte-parole de l’association.
"On plaide pour qu’il y ait une unité spécialisée, qui ne soit dédiée qu’à ça, ne fût-ce que temporairement pour envoyer un signal", conclut GAIA.
> Voici les règles relatives à la vente (et aux dons) d'animaux en ligne
Quels dispositifs ont été mis en place pour faire appliquer les règles encadrant la vente et le don d’animaux sur les réseaux sociaux ? Nous avons posé quelques questions à Nicolas Yernaux, le porte-parole du SPW (Service public de Wallonie).
Des contrôles sont-ils effectués sur les réseaux sociaux ?
"Des contrôles ponctuels sont réalisés sur base de plaintes. De nombreuses infractions peuvent être trouvées sur les réseaux sociaux."
Quelles sont les sanctions en cas de non-respect des règles ?
"La publication d’une annonce en contravention avec ces règles est considérée comme une infraction de 3e catégorie, laquelle est passible, dans le cadre d’une procédure judiciaire, d’un emprisonnement de huit jours à six mois et d’une amende d'au moins 100 euros et au maximum 100.000 euros ou d'une de ces peines seulement et, dans la cadre d’une procédure administrative, d’une amende administrative de 50 euros à 15.000 euros pour une infraction de troisième catégorie.
"En cas de récidive ou si l’infraction est commise par un professionnel, l’infraction est requalifiée comme une infraction de 2e catégorie punie, dans le cadre d’une procédure judiciaire, d'un emprisonnement de huit jours à trois ans et d'une amende d'au moins 100 euros et au maximum de 1.000.000 euros ou d'une de ces peines seulement et, dans le cadre d’une procédure administrative, de 150 euros à 200.000 euros pour une infraction de deuxième catégorie."
Y a-t-il actuellement un important trafic d’animaux en ligne ?
"On peut présupposer qu’il existe un trafic en ligne, mais nous ne disposons pas de plaintes à ce sujet, et il serait nécessaire d’augmenter les moyens humains et matériel de l’administration pour pouvoir dire que la situation est totalement sous contrôle."
De nouvelles mesures vont-elles être prises ?
"La Déclaration de politique régionale précise que les contrôles seront renforcés. L’administration wallonne collabore avec les services de police ayant un pouvoir d’enquête ainsi qu’avec les services fédéraux qui peuvent être impliqués dans des trafics d’animaux (CITES, AFSCA)."


















