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80 mètres sous terre, production d’uranium enrichi, 10.000 machines : que sait-on des trois sites nucléaires touchés par des frappes américaines en Iran ?

Par RTL info avec AFP
Trois sites nucléaires iraniens ont été visés par des frappes américaines la nuit dernière. Il s’agit de sites stratégiques dont certains ont des spécificités qui ne permettent pas à Israël de les atteindre. Voici ce que l’on en sait.

Après des jours de flou autour d’une possible intervention, les États-Unis ont attaqué dimanche trois sites nucléaires de l’Iran, Donald Trump affirmant que les capacités d’enrichissement du pays étaient désormais « complètement détruites ».

Mais l’autorité de sécurité nucléaire iranienne a dit n’avoir détecté « aucun signe de contamination » sur les trois sites frappés, écartant tout « danger » pour la population.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a indiqué « qu’aucune hausse des niveaux de radiation » n’avait été signalée. Son chef, Rafael Grossi, a annoncé une « réunion urgente » lundi du Conseil des gouverneurs.

Que sait-on des sites frappés ?

Des avions américains ont frappé trois des principaux sites nucléaires iraniens : Ispahan, Natanz et Fordo, sur lequel a été larguée une « charge complète de bombes ».

En surface, on ne voit pas grand-chose. Et pour cause : l’usine de Fordo (centre) est enfouie à 80 mètres sous terre dans les montagnes. Construite en violation des résolutions de l’ONU, l’installation souterraine a été présentée par Téhéran comme une usine d’enrichissement d’uranium à taux élevé pouvant accueillir quelque 3.000 centrifugeuses.

L’Iran n’a révélé son existence à l’Agence internationale de l’énergie atomique qu’en 2009. C’est là qu’avaient été détectées début 2023 des particules d’uranium enrichies à 83,7 %. L’Iran avait invoqué des « fluctuations involontaires » au cours du processus d’enrichissement.

Infographie RTL info.
Infographie RTL info. - RTL info

Il faut savoir que les pays disposant de l’arme nucléaire utilisent habituellement de l’uranium enrichi à environ 90 %.

Israël n’est pas en mesure de frapper à une telle profondeur : seuls des avions américains sont capables de transporter des munitions assez pénétrantes pour le faire.

Autre site stratégique touché : l’usine de Natanz (centre), elle, est sans doute le plus connu des sites nucléaires iraniens. Son existence a été révélée en 2002. C’est le principal complexe d’enrichissement d’uranium du pays.

Le site nucléaire de Natanz
Le site nucléaire de Natanz - Google Earth

Elle compte deux bâtiments, l’un souterrain, l’autre en surface, pour un total de près de 70 cascades de centrifugeuses – soit plus de 10.000 de ces machines utilisées pour enrichir l’uranium. Selon un rapport de l’AIEA, l’Iran enrichi là de l’uranium à 60 %.

Le troisième site touché par les États-Unis est l’installation d’Ispahan (centre). Elle est pour sa part une usine de conversion. Elle permet de produire des gaz nécessaires à l’enrichissement d’uranium.

Les armes

Donald Trump n’a pas donné de détails sur les armes utilisées pour frapper le programme iranien. Mais compte tenu de la configuration souterraine de Fordo, des bombes anti-bunker de type GBU-57 ont probablement été larguées. Ces ogives de 13 tonnes peuvent s’enfoncer jusqu’à 60 mètres de profondeur avant d’exploser, d’après l’armée américaine.

Elles se distinguent en cela de la plupart des missiles ou autres bombes, qui détonent à l’impact. Le test de ces armes a débuté en 2004 et Boeing a remporté en 2009 un contrat pour les monter sur des avions.

Les avions

Les seuls appareils en mesure de transporter des GBU-57 (deux par avion) sont les bombardiers américains furtifs B-2 Spirit.

Avant l’attaque de dimanche, des sites de suivi de vols et le New York Times avaient rapporté que plusieurs de ces aéronefs étaient partis des États-Unis, vers l’ouest.

Les B-2 Spirit peuvent voler sur 9.600 kilomètres sans ravitaillement et sont faits pour « pénétrer les défenses de l’ennemi les plus sophistiquées et menacer ses cibles les plus importantes et les plus solidement défendues », d’après l’armée américaine.

Le modèle B-2 a été montré au public pour la première fois en 1988, avant de voler l’année suivante et d’être livré à l’armée en 1993.

Il a été déployé contre les forces serbes dans les années 1990, faisant l’aller-retour entre le Missouri et le Kosovo sans s’arrêter. Puis lors des guerres d’Afghanistan et d’Irak dans les années 2000.

Et ensuite ?

L’Iran doit « maintenant accepter de mettre fin à cette guerre », a estimé Donald Trump, lançant : « L’HEURE DE LA PAIX A SONNÉ ».

Il a ensuite affirmé, lors d’un discours à la nation, que toutes les installations d’enrichissement nucléaire de l’Iran étaient « complètement détruites ».

« Rappelez-vous qu’il reste de nombreuses cibles, celle de ce soir était de loin la plus difficile de toutes (…). Mais si la paix ne vient pas rapidement, nous viserons ces autres cibles avec précision, rapidité et compétence », a-t-il averti.

Les attaques américaines « n’arrêteront pas » les activités nucléaires de Téhéran, a réagi l’agence atomique iranienne, qui les a qualifiées d’» acte barbare ».

Israël a de son côté remercié le président américain d’aider à « la paix par la force », son Premier ministre Benjamin Netanyahu voyant le Moyen-Orient à un « tournant historique ».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est inquiété d’une « dangereuse escalade » représentant une « menace directe à la paix et à la sécurité dans le monde ».

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